Le Liban accueille près de 500 000 Palestiniens cantonnés à des ghettos appelés camps de réfugiés. Non seulement ces Palaestiniens sont exclus des droits fondamentaux accordés aux citoyens libanais et aux autres étrangers, mais ils ne bénéficient pas non plus des droits que les conventions internationales accordent aux réfugiés. Photo : le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared à Tripoli, au Liban. (Photo de Salah Malkawi / Getty Images) |
Les ministres arabes et musulmans des Affaires étrangères réunis au Caire dans le courant du mois de septembre ont exprimé leur inquiétude sur le devenir de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Les ministres « ont estimé crucial que l'UNRWA continue à jouer un rôle pivot dans l'aide humanitaire » aux « réfugiés » palestiniens. « Nuire » à l'UNRWA ne peut qu'aggraver la crise au Moyen-Orient ont-ils conclu.
Si le sort de l'UNRWA et des réfugiés palestiniens inquiète tant ces pays arabes et musulmans, pourquoi ces mêmes Etats ne compensent-ils pas les subventions américaines manquantes ? Qu'est-ce qui les retient de sortir leur chéquier pour résoudre cette « crise des réfugiés »?
Sans doute, les Arabes et les musulmans ne sont pas aussi naïfs que les Européens qui subventionnent à coups de millions de dollars l'UNRWA et les Palestiniens. Les dirigeants de l'Union européenne et les gouvernements européens prennent leurs citoyens pour des imbéciles en refusant de reconnaître que même les Arabes et les musulmans ne gaspillent pas leur argent dans une agence des Nations Unies qui a créé de toutes pièces de nouvelles générations de faux réfugiés en accordant ce statut de « réfugié » aux enfants et petits-enfants.
Les contribuables européens et occidentaux ignorent manifestement que l'argent qu'ils consacrent à ces millions de ces « réfugiés », aboutit à maintenir ces personnes dans une situation de dépendance, les encourage à ne pas prendre leur vie en main et à ne pas chercher à améliorer leurs conditions de vie. Il est temps que les Européens s'alignent sur les pays arabes et musulmans et cessent de financer une agence des Nations Unies aussi corrompue et incompétente que l'UNRWA.
L'inquiétude exprimée par les dirigeants arabes et musulmans sur le financement de l'UNRWA suinte l'hypocrisie. Qu'ont fait ces mêmes pays arabes et musulmans depuis 70 ans pour alléger les « souffrances » de ces Palestiniens et les aider à aller de l'avant ? Littéralement rien.
Au contraire, le Liban, la Jordanie et la Syrie en particulier, ont maintenu leurs réfugiés Palestiniens dans des camps effroyables, leur refusant les droits fondamentaux qu'ils accordent à d'autres étrangers en matière d'éducation, d'emploi et de santé.
Pire encore, les dirigeants arabes et musulmans ont menti aux Palestiniens. Ils leur ont fait croire qu'ils pourraient bénéficier un jour du « droit au retour » et qu'ils pourraient retrouver la maison où vivaient leurs parents, leurs grands-parents et leurs arrière-grands-parents alors que tous ces villages ont cessé d'exister en Israël.
Pour ce qui est de la solidarité avec les Palestiniens, les Arabes et musulmans sont les rois de la parole qui ne coute rien. Comme je tenterais de le démontrer, c'est à peu près le seul service qu'ils aient jamais rendu aux Palestiniens.
Mais avant d'expliquer pourquoi les Arabes et les musulmans ne veulent pas aider les Palestiniens, il n'est pas inutile de s'interroger sur la contribution financière des pays arabes et islamiques à l'UNRWA. Les statistiques de l'UNRWA montrent qu'elle est faible.
Sur la seule année 2017, les États-Unis apparaissent comme le premier contributeur de l'UNRWA, avec 364 millions de dollars. L'UE est n°2 avec 142 millions de dollars ; l'Allemagne vient en troisième position suivie par le Royaume-Uni et la Suède.
L'Arabie saoudite (6ème donateur) est le seul pays arabe du peloton de tête des donateurs de l'UNRWA, avec une modeste contribution de seulement 53,2 millions de dollars en 2017. Les Emirats Arabes Unis (EAU), pourtant riches en pétrole ne donnent que 12,8 millions de dollars et se classent en 15ème position (derrière le Danemark, l'Italie et la Norvège).
L'Algérie et la Tunisie, dont les ministres des Affaires étrangères se disent préoccupés par la suspension de l'aide américaine, n'ont rien donné à l'UNWRA en 2017.
Point important : La République islamique d'Iran, dont les dirigeants ne manquent jamais une occasion de condamner les États-Unis et de manifester leur entière solidarité avec les Palestiniens, n'a contribué à l'UNRWA qu'à hauteur de 20 000 dollars entre 2008 et 2017. Soit une moyenne de 2 000 dollars par mois.
Il n'est pas inutile de préciser que l'Iran distribue chaque année plusieurs milliards de dollars en armes et en argent à des groupes terroristes comme le Hamas, le Jihad Islamique Palestinien et le Hezbollah au Liban. L'Iran soutient ces milices dans le but de détruire « l'entité sioniste ». L'Iran investit aussi lourdement en Syrie pour aider le dictateur Bashar al Assad à se maintenir au pouvoir face aux rebelles, sans oublier l'aide financière importante que l'Iran apporte aux milices Houthi au Yémen.
Les Iraniens, comme la plupart des pays arabes et islamiques, n'ont cure d'aider les réfugiés palestiniens et à leurs descendants en finançant une agence des Nations Unies. Tous ces pays sont - et ont toujours été - très doués pour multiplier les paroles apaisantes aux Palestiniens sans jamais financer une aide humanitaire qui leur est indispensable.
Les Iraniens ont limité leur aide à l'UNWRA à hauteur de 20 000 dollars en 10 ans, mais ils sont les premiers à condamner la suspension de l'aide américaine. Ce manque à gagner soudain de l'UNRWA constituerait ainsi « une violation manifeste de la résolution 302 (IV) de l'Assemblée générale des Nations unies », a déclaré Ali Larijani, président du Parlement iranien et chef de l'Union parlementaire des Etats membres de l'OCI (Organisation de la communauté islamique). M. Larijani a qualifié la décision américaine de « honteuse » et a exhorté tous les parlements des Etats membres de l'OCI à accompagner leurs décisions d'actions fortes.
Les pays arabes manifestent la même hypocrisie que l'Iran vis-à-vis de l'UNRWA et de l'aide aux Palestiniens. Ils pleurent la réduction de l'aide financière des États-Unis mais n'ont pas bougé le petit doigt pour aider l'UNRWA. Parallèlement, ils soumettent les Palestiniens qu'ils hébergent sur leur territoire à des lois discriminatoires et d'apartheid.
Ainsi, le Liban qui cantonne l'immense majorité de ses 500 000 Palestiniens dans des ghettos appelés camps de réfugiés a condamné avec la dernière vigueur la réduction de l'aide américaine à l'UNRWA.
Ce même Liban a voté des lois qui traitent les Palestiniens comme une minorité spéciale qui ne jouit pas des mêmes droits que les autres étrangers au Liban. Non seulement les Palestiniens du Liban sont exclus des droits fondamentaux qui protègent les citoyens libanais et les étrangers qui y vivent, mais ces mêmes Palestiniens se voient également refuser les droits que les conventions internationales confèrent à tous les réfugiés.
Les Palestiniens du Liban ne peuvent ni acquérir, ni transférer ni hériter légalement d'aucun bien. Ils n'ont pas non plus le droit de travailler dans le secteur privé et 36 professions spécifiques - médecine, droit, ingénierie – leur sont interdites.
En Syrie, la situation des Palestiniens est pire encore. Près de 4 000 Palestiniens ont été tués et bien plus ont été blessés dans la guerre civile qui a démarré en 2011. « Depuis le début des combats, plus de 85.000 Palestiniens ont fui la Syrie vers l' Europe alors que des dizaines de milliers d' autres ont cherché refuge dans les pays voisins », selon le journal The New Arab.
Le refus des Américains de financer l'UNRWA nous confronte donc une nouvelle fois à l'hypocrisie arabe et islamique. Au lieu de condamner l'administration américaine, les Arabes et les musulmans feraient mieux de mettre fin aux « souffrances » des réfugiés palestiniens et de leurs descendants. Les Etats-Unis ont donné à l'UNRWA plusieurs milliards de dollars pendant des décennies, alors que sur la même période, les dirigeants musulmans et arabes se sont bornés à des discours creux. Si les dirigeants musulmans et arabes se préoccupaient vraiment des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, ils se substitueraient aux États-Unis en tant que donateurs.
Ou bien ils feraient le choix de dire la vérité aux Palestiniens – à savoir que le moment est venu de mettre fin à la farce du « droit au retour ». En sus, les Etats arabes et musulmans devraient commencer à réfléchir aux moyens d'améliorer la vie des Palestiniens et les aider à préparer l'avenir de leurs enfants, plutôt que de les maintenir dans des camps à attendre l'aumone des Nations Unies et d'autres pays occidentaux.
Quant au Liban, à la Syrie et à la Jordanie, ces pays pourraient peut-être cesser de traiter les Palestiniens en citoyens de deuxième et troisième classe et en étrangers. Il n'y a aucune raison pour que les pays arabes pratiquent une discrimination officielle en privant leurs résidents palestiniens de citoyenneté et d'emploi.
La question des réfugiés palestiniens et de leurs descendants pourrait être résolue en un éclair si les pays arabes le décidaient. Il suffirait de cesser de mentir aux Palestiniens et de les confronter à la vérité – à savoir que le « droit au retour » est une illusion qui, si elle se réalisait, ferait des Juifs une minorité au sein de leur propre pays. Deuxième étape : arrêter de persécuter et d'assassiner les Palestiniens dans les pays arabes. Offrez-leur plutôt l'espoir d'une vie meilleure et un avenir pour leurs enfants.
A moins que mendier auprès des non-Arabes et des non-musulmans ne rapporte plus?
Bassam Tawil est un arabe musulman basé au Moyen-Orient.