Quelques jours avant que le président de l'Autorité palestinienne ne prononce son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, le 27 septembre, ses forces de sécurité ont placé en état d'arrestation plus de 100 Palestiniens, tous détracteurs et opposants de Mahmoud Abbas. (Photo ONU / Cia Pak) |
L'Autorité palestinienne (AP) a émis le souhait que la communauté internationale exerce des pressions sur Israël afin qu'il « soit mis fin aux violations des droits des Palestiniens et du droit international ». Cette demande a été communiquée aux membres d'une délégation du Parlement européen qui s'est réunie le 8 octobre à Ramallah avec le Premier ministre de l'AP, Rami Hamdallah. Lors de la réunion, Hamdallah a également réitéré l'appel de l'Autorité palestinienne à la mise en place d'une « protection internationale » pour les Palestiniens.
L'appel d'Hamdallah aux représentants du Parlement européen ne peut être compris que dans le cadre de la campagne de mensonges et d'incitation à la haine que les dirigeants de l'AP mènent contre Israël. Un appel entaché d'hypocrisie et de duperie.
Hamdallah a aussi fait allusion aux mesures de défense prises par les Israéliens à leur frontière de Gaza, contre des milliers de sympathisants du Hamas qui manifestent violemment depuis mars 2018. Dans le cadre de ces "Marches du retour" orchestrées par le Hamas, les Palestiniens tentent d'infiltrer la frontière israélienne et lancent des bombes incendiaires et des engins explosifs sur les soldats. Ils ont également lancé des cerfs-volants criminels et des ballons piégés vers les villages israéliens installés en bordure de la bande de Gaza.
Hamdallah et son chef, le président de l'AP Mahmoud Abbas, affirment qu'Israël n'a pas le droit de se défendre contre le terrorisme pratiqué par le Hamas et d'autres groupes terroristes palestiniens de la bande de Gaza. Ils trouvent normal que les Palestiniens lancent des engins explosifs et des bombes incendiaires contre les soldats, mais jugent inacceptable que les soldats se défendent. Selon cette logique tordue, le problème surgit parce qu'Israël riposte.
Ceux qui ont envoyé la population palestinienne se battre avec les soldats israéliens le long de la frontière de Gaza sont les seuls responsables des 150 et quelques Palestiniens tués et des milliers de civils blessés. La "Marche du retour" conçue par le Hamas n'est que le renouvellement de la vieille déclaration de guerre à Israël. C'est une nouvelle phase de la campagne terroriste palestinienne pour mettre Israël à genoux. Les attentats suicides et les roquettes n'ayant pu soumettre Israël, les Palestiniens ont aujourd'hui recours - après les attaques au couteau ou au révolver contre des civils désarmés - à des cerfs-volants et des projectiles incendiaires.
Le but des Palestiniens est de liquider Israël. Qu'il n'en reste rien. Abbas passe par la diplomatie pour atteindre cet objectif et tente de mobiliser la communauté internationale pour délégitimer et diaboliser Israël et les juifs. Ses rivaux du Hamas estiment eux, qu'Israël peut et doit être détruit par le terrorisme et la violence.
La stratégie du Premier ministre de l'Autorité palestinienne consiste à rallier le monde contre Israël. Un vieux dicton arabe illustre cette stratégie : « Il me frappe en pleurant, puis me pourchasse pour mieux se plaindre ». Tel est l'état d'esprit des dirigeants palestiniens, des agresseurs qui jouent les victimes.
La stratégie des dirigeants palestiniens ne repose pas seulement sur un mensonge victimaire, elle est aussi extraordinairement hypocrite.
Au moment même où Hamdallah se lamentait des "violations" israéliennes, les forces de sécurité de l'Autorité Palestinienne ont continué de porter atteinte aux libertés publiques, y compris à la liberté de la presse en Cisjordanie. Un groupe palestinien a ainsi rendu public un rapport sur les violations des droits de l'homme à grande échelle commises par les différentes forces de sécurité de Hamdallah et Abbas.
Au moment où la rencontre avec les parlementaires européens avait lieu, les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne ont arrêté un journaliste palestinien à Hébron, Amer Abu Arafeh. Le journaliste, libéré 24 heures plus tard, a déclaré que ses interrogateurs palestiniens avaient utilisé la force pour le contraindre à divulguer son mot de passe sur Facebook.
La délégation du Parlement européen qui a rencontré le Premier ministre de l'Autorité palestinienne n'a pas été informée de ces atteintes à la liberté de la presse en Cisjordanie. Il est probable que cela ne les intéresse pas, ni l'UE non plus, dans la mesure ou le journaliste pris pour cible ne l'a pas été par Israël. Pourquoi ouvriraient-ils la bouche sur l'arrestation d'un journaliste palestinien si Israël n'est pas impliqué ?
La délégation du Parlement européen n'a donc pas été informée non plus du rapport publié par le Comité des familles des prisonniers politiques en Cisjordanie. Ce comité a été constitué par les familles et les proches de Palestiniens victimes des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, en raison notamment de leur affiliation avec des groupes d'opposition palestiniens, dont le Hamas, ou pour avoir critiqué ouvertement les dirigeants palestiniens.
Le rapport a été rendu public au moment même où les responsables de l'UE prêtaient l'oreille aux accusations de Hamdallah contre Israël. Ce texte qui reproche à l'AP d'attenter aux libertés publiques en Cisjordanie n'avait guère de chances d'être communiqué aux invités européens de Hamdallah.
Le rapport a listé, sur le seul mois de septembre, 685 atteintes aux libertés publiques en Cisjordanie. Les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne se sont livré à des violences qui vont des arrestations à la confiscation de certains biens, en passant par des détentions arbitraires massives, des convocations aux fins d'interrogatoire, et des perquisitions de domiciles. Le rapport a souligné que septembre avait été marqué par une spectaculaire augmentation du nombre de violations des droits de l'homme par rapport aux mois précédents.
Selon le rapport, les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne ont arrêté plus de 100 Palestiniens quelques jours avant qu'Abbas ne délivre son discours devant l'Assemblée générale des Nations Unies le 27 septembre. Abbas a consacré une grande partie de son discours à condamner Israël, qu'il a accusé « d'étouffer » les Palestiniens et de « saper les énormes efforts déployés pour construire les institutions de notre Etat bien aimé. »
Abbas s'est bien sûr gardé de mentionner à la tribune des Nations Unies qu'au moment où il parlait, ses forces de sécurité réprimaient férocement ses détracteurs et opposants en Cisjordanie. Pour Abbas, le monde ne doit être informé que d'une chose : les méfaits que lui-même et ses amis reprochent à Israël.
Ce rapport que ni Abbas ni son Premier ministre ne veulent communiquer au monde indique aussi qu'en septembre, 37 étudiants, huit enseignants, sept journalistes, 55 professeurs et assistants d'université, cinq ingénieurs et 23 commerçants ont été arrêtés. Quatre détenus palestiniens d'une prison palestinienne ont également entamé, sur la même période, une grève de la faim pour protester contre le caractère illégal de leur incarcération.
Abbas et ses principaux collaborateurs à Ramallah se livrent donc à nouvel acte de fraude et de tromperie. Les dirigeants palestiniens sont convaincus qu'ils peuvent continuer à répandre leurs mensonges dans le monde tout en dissimulant la corruption de leur régime et son caractère répressif. Le silence du monde pensent-ils est un encouragement à mentir à tout le monde et tout le temps.
La communauté internationale finira-t-elle par réaliser que les dirigeants palestiniens les prennent pour des idiots ? Les parlementaires européens qui se sont rendus à Ramallah en délégation représentent un bon test. Quel message transmettront-ils une fois revenus en Europe : la vérité sur le caractère répressif de l"Autorité palestinienne, ou les mensonges qu'Abbas et ses amis leur ont servi à la petite cuillère ?
Bassam Tawil est un musulman arabe basé au Moyen-Orient.