Le Fatah, parti du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a tenté de torpiller le nouveau centre commercial de Jérusalem-Est, un établissement dont les salariés et les clients sont principalement arabes. Photo : un centre commercial Rami Levy de Jérusalem ouest. (Source de l'image : Yoninah / Wikimedia Commons) |
La colère gronde au Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Un homme d'affaires israélien a ouvert un centre commercial à Jérusalem-Est et la plupart des employés et clients sont Arabes.
Les dirigeants du Fatah ont appelé au boycott du centre commercial.
Le Fatah que les médias occidentaux décrivent comme une organisation « modérée », agit comme n'importe quelle organisation palestinienne : empêcher la population palestinienne de tirer un avantage quelconque de sa proximité avec Israël.
Quel dirigeant au monde peut condamner un projet qui crée plusieurs centaines d'emplois ? Dans quel pays un chef d'Etat demande-t-il à son peuple de boycotter un centre commercial ou un supermarché qui propose des vêtements et de la nourriture à des prix compétitifs ? Seuls les dirigeants palestiniens qualifient de catastrophe ("nakba") un projet commercial qui facilite la vie de la population.
Rami Levy, homme d'affaires et principal actionnaire du troisième groupe de distribution israélien, a investi plus de 50 millions de dollars dans la construction d'un centre commercial dans le parc industriel d'Atarot, au nord-est de Jérusalem. Malgré les appels au boycott, des commerçants Palestiniens ont loué des magasins dans ce centre commercial qui est décrit comme un modèle de coexistence entre Arabes et Juifs. Le nouveau centre commercial comprend également un grand supermarché appartenant à la chaîne des supermarchés Levy.
Les supermarchés Levy à Jérusalem et en Cisjordanie ont plutôt la cote chez les consommateurs palestiniens tant leurs prix sont inférieurs à ceux des commerces arabes. Le 8 janvier 2019, jour de l'inauguration, des centaines de Palestiniens ont donc convergé vers le supermarché et les allées du centre commercial.
Les supermarchés israéliens embauchent des centaines de Palestiniens de Cisjordanie, ainsi que des résidents arabes de Jérusalem, et tous travaillent aux côtés de leurs collègues juifs. Selon Levy, la moitié de ses 4 000 employés sont des Palestiniens et des Arabes israéliens. « J'ai employé des Palestiniens et des Arabes israéliens dans le premier magasin Rami Levy, qui était à l'époque un simple stand à Mahane Yehuda, le marché de Jérusalem. Ce magasin a ouvert en 1976 et les Arabes ont été parmi mes premiers employés » a-t-il déclaré.
« Ces employés ont fait carrière au sein de Rami Levy Hashikma – le nom de nos supermarchés - et nombre d'entre eux occupent aujourd'hui des positions hiérarchiques. Ibrahim, un Arabe de Jérusalem-Est, est le premier que j'ai engagé il y a 35 ans. Il est aujourd'hui directeur de la logistique à Rami Levy. Nombre d'employés arabes, israéliens et palestiniens, qui ont rejoint Rami Levy, occupent des postes de direction, sans distinction de race, de sexe ou de religion. Tous les employés, Palestiniens ou Israéliens, sont traités sur un pied d'égalité et bénéficient des mêmes avantages. Les salaires sont calculés uniquement sur la base des performances et du poste. Mon objectif est d'offrir à tous les employés de Rami Levy les mêmes chances de réussite. Cet objectif ne peut être atteint que si le principe d'égalité est mis en œuvre dans tous les aspects de l'entreprise. »
Mais le Fatah de Mahmoud Abbas n'apprécie guère cette image d'harmonie au travail entre Palestiniens et Juifs. Que des travailleurs palestiniens touchent des salaires décents et soient traités avec respect par leur employeur ne leur convient pas. Et que des consommateurs palestiniens fassent la queue aux caisses de supermarchés qui proposent des produits alimentaires et non alimentaires de qualité et à des prix abordables leur déplait souverainement. Les responsables du Fatah préfèrent voir leur peuple au chômage ou payer plus cher sur le marché palestinien. Tout plutôt que de voir les Palestiniens dépenser leur argent dans un centre commercial contrôlé par un juif.
Loin de se féliciter qu'un nouveau centre commercial crée des opportunités d'emploi pour des dizaines de Palestiniens et des prix plus bas pour les consommateurs, les responsables du Fatah ont dénoncé un plan israélien pour « saper » l'économie palestinienne. « Quel triste jour pour Jérusalem ! », s'est exclamé Hatem Abdel Qader Eid, ancien responsable du Fatah. « Ce projet de centre commercial vise à saper le commerce arabe à Jérusalem et à le subordonner à l'économie israélienne ».
Les centaines de consommateurs palestiniens qui, dès le premier jour, ont envahi les allées du nouveau centre commercial n'ont pas cédé aux grimaces d'Abdel Qader Eid. Comme tous les clients du monde, les Palestiniens apprécient les produits de bonne qualité à des prix compétitifs. Leur visite n'avait donc rien de « triste ». Il était même temps qu'un centre commercial de proximité leur propose une large gamme de produits à des prix compétitifs.
Abdel Qader Eid avait toutefois raison sur un point : les investisseurs et détenteurs de capitaux palestiniens ont fait le choix de s'abstenir. « Les capitalistes palestiniens sont des lâches », a-t-il déclaré, ajoutant que les investisseurs palestiniens auraient pu bloquer le projet de Rami Levy s'ils avaient investi dans un projet palestinien concurrent. « C'est vrai qu'il y a de riches hommes d'affaires palestiniens. Ils ont beaucoup d'argent, mais sont pauvres en volonté et en éducation. »
Le responsable du Fatah a déploré que les hommes d'affaires palestiniens n'aient aucune confiance en leur peuple et préfèrent investir au loin.
Osama Qawassmeh, autre haut responsable du Fatah, a lui proféré des menaces. Tout Palestinien qui ferait ses achats dans le nouveau centre commercial ou y louerait un magasin « trahirait sa patrie » a-t-il déclaré. Il n'a pas hésité à reprendre le vieux mensonge palestinien selon lequel tout achat de produits israéliens représente un « soutien aux colonies et à l'armée israélienne ».
Les menaces du Fatah ne sont pas restées lettre morte. Le jour de l'inauguration, de jeunes palestiniens ont lancé plusieurs bombes incendiaires dans l'enceinte du centre commercial, forçant les acheteurs (palestiniens) à fuir pour sauver leur vie. Heureusement, personne n'a été blessé et aucun magasin, ni véhicule n'a été endommagé.
La campagne contre le centre commercial de Rami Levy a démarré dès l'ouverture du chantier et se poursuit encore aujourd'hui. Des menaces sont en effet proférées à l'encontre des consommateurs et commerçants palestiniens qui ont loué un magasin dans le nouveau centre commercial. Les voyous qui ont attaqué le site avec des bombes incendiaires auraient pu blesser ou tuer des Palestiniens. Ces voyous, vraisemblablement affiliés au Fatah, préfèrent que leur peuple meure plutôt que de se distraire ou acheter des produits à prix attractifs dans un centre commercial israélien.
Cette campagne de haine et d'intimidation, révèle une nouvelle fois le vrai visage du Fatah d'Abbas. Comment croire qu'Abbas ou l'un de ses lieutenants pourrait conclure une paix avec Israël quand ils ne tolèrent pas que Palestiniens et Juifs travaillent et œuvrent en commun ?
Si acheter un litre de lait israélien est considéré comme une trahison, quel sort réserverait le Fatah au premier Palestinien qui oserait discuter d'un compromis avec Israël ? S'il a de la chance, une bombe incendiaire tentera de l'intimider. S'il n'a pas de chance, il sera pendu en place publique. Une attitude qui en dit long sur l'attitude des Palestiniens envers un quelconque processus de paix.
Bassam Tawil, un arabe musulman, est basé au Moyen-Orient.