En mars 2018, cinq assaillants ont ouvert le feu sur l'ambassade de France à Ouagadougou (Burkina Faso), aux cris de « Allahou Akbar » ("Allah est le plus grand."). Photo : une rue de Ouagadougou. (Source image : iStock) |
Le dimanche 12 mai, 30 terroristes islamistes, ont pris d'assaut l'église catholique de Dablo, au Burkina Faso, un petit pays d'Afrique de l'ouest, massacrant six fidèles - y compris le prêtre –. Avant de se replier, les terroristes ont incendié l'église.
Ousmane Zongo, maire de Dablo, témoigne :
« Vers 9 heures du matin, pendant la messe, des individus armés ont fait irruption dans l'église... Ils ont tiré sur les fidèles qui ont tenté de fuir ... Ils ont incendié l'église, puis des magasins et un petit restaurant avant de se rendre au dispensaire. Ils ont fouillé le dispensaire, puis sont repartis en mettant le feu au véhicule de l'infirmière en chef (...). La ville est aujourd'hui terrorisée. Les gens ne sortent plus. Les boutiques et magasins ont baissé leur store. Dablo est devenue une ville fantôme. "
La BBC rapporte que « la violence djihadiste a éclaté au Burkina Faso en 2016 ... C'est à partir de cette date, que des groupes affiliés à Al-Qaïda, à l'État islamique mais aussi à des mouvements locaux comme Ansarul Islam [Champions de l'islam] sont devenus actifs. Le Burkina Faso est majoritairement composé de musulmans (60% de la population), le reste se répartissant entre chrétiens (23%) et animistes (17%).
Le Burkina Faso a enregistré 12 attentats islamiques en 2016 ; mais près de 160 ont été recensés sur les cinq premiers mois de 2019.
L'assaut contre l'église de Dablo est la troisième attaque d'église en cinq semaines. Le dimanche 28 avril à Silgadji, vers la fin de la célébration, des islamistes ont pris d'assaut un temple protestante tuant six fidèles, dont le pasteur Pierre Oult, âgé de 80 ans, et ses deux fils. Selon un témoin local :
« Les assaillants ont demandé aux chrétiens de se convertir à l'islam, mais le pasteur et les autres ont refusé. Ils les ont alors rassemblé sous un arbre, puis se sont emparés de leurs Bibles et de leurs téléphones portables, avant de les appeler un à un derrière l'église. Là, ils ont été abattus. »
Le 5 avril, des islamistes armés sont entrés dans une autre église catholique et ont assassiné quatre chrétiens. Le même article de presse ajoute que « le sort du prêtre catholique kidnappé il y a un mois reste incertain ».
Le sort qui est généralement réservé aux chrétiens enlevés au Burkina Faso, n'incite pas à l'optimisme. En février, des islamistes ont enlevé et assassiné Antonio César Fernandez, un missionnaire de 72 ans qui exerçait en Afrique depuis 1982. Kirk Woodman, un Canadien, a également été kidnappé puis abattu.
Les islamistes qui sévissent au Burkina Faso ne diffèrent pas de Boko Haram au Nigéria ou de Al Shabaab en Somalie. Quand tous ces groupes djihadistes ne terrorisent pas les églises et ne massacrent pas les chrétiens, ils ciblent tout ce qui peut être associé à l'Occident. Selon le magazine The New American :
« « Une grande partie de la colère islamique au Burkina Faso est alimentée par l'enseignement de pseudos penseurs occidentaux. Après les églises, les écoles deviennent aussi une cible pour transformer le pays en État islamique et imposer la charia... Sur les 2 869 écoles que compte le Burkina Faso, 1 111 ont été fermées au cours des trois dernières années en raison de la violence islamique. »
« Beaucoup d'écoles ont été incendiées » a expliqué un chef d'établissement de Foubé dont l'école a été incendiée.
Les djihadistes ont également pris pour cible un hôtel (20 morts) et un restaurant (18 morts) fréquentés par des occidentaux.
Comme bon nombre de groupes terroristes en Afrique, ceux qui sèment la terreur au Burkina Faso sont clairement islamistes et djihadistes. Le procureur qui avait à juger les huit musulmans impliqués dans des attentats qui ont tué 14 personnes, a déclaré : « tous avaient le front ceint ou portaient un bandeau sur lequel était écrit en arabe l'expression suivante : « Il n'y a de dieu qu'Allah et Mahomet est Son Messager ».
Quand des djihadistes ont ouvert le feu sur l'ambassade de France à Ouagadougou, des témoins ont clairement entendu les cinq assaillants lancer le cri de guerre du djihad, « Allahu Akbar » (« Allah est le plus grand »).
Faut-il le préciser, en dépit des signaux clairement djihadistes de ces attaques, les experts de l'establishment persévèrent dans le déni. Sten Hagberg, professeur d'anthropologie de l'Université d'Uppsala (Suède) qui était interrogé sur le carnage de l'église de Dablo, a sorti la rengaine habituelle : « à mon avis, cette attaque a beaucoup plus à voir avec la politique et l'économie qu'avec la religion » a-t- il déclaré.
Si des groupes comme l'État islamique régressent en Iraq et en Syrie, le cas du Burkina Faso montre que, dans des pays obscurs et oubliés du monde, le djihad se répand comme une traînée de poudre et meurtrit d'innombrables innocents sans noms ni visages.
Raymond Ibrahim, auteur du nouveau livre Sword and Scimitar, Fourteen Centuries of War between Islam and the West, (Le sabre et le cimeterre, Quatorze siècles de guerre entre l'Islam et l'Occident), est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute et Fellow du Judith Rosen Friedman du Middle East Forum.