Les chrétiens continuent d'être persécutés par le gouvernement algérien. A la mi-octobre, trois églises ont été fermées et leurs fidèles expulsés par la police. Photo : basilique Notre-Dame-d'Afrique à Alger, l'une des églises les plus célèbres d'Algérie. (Source image : Damien Boilley / Flickr / Wikimedia Commons) |
Les chrétiens d'Algérie ont beau ne représenter qu'un pour cent d'une population majoritairement musulmane, ils continuent d'être une cible pour le gouvernement algérien. A la mi-octobre, trois églises ont été fermées autoritairement et leurs fidèles expulsés.
William Stark, directeur régional de International Christian Concern (ICC), a déclaré à Gatestone que ces fermetures d'églises s'inscrivaient dans une vaste campagne lancée il y a deux ans contre les lieux de culte chrétiens.
Selon Stark, ICC- Algérie a recensé 12 églises fermées par les autorités algériennes depuis janvier 2019 :
« La fermeture des trois dernières églises est très inquiétante, car elle intervient quelques jours après un sit-in pacifique organisé par des membres de l'Eglise Protestante d'Algérie (EPA) - une association qui regroupe l'ensemble des églises protestantes – contre cette politique de fermeture d'églises. La décision des autorités de fermer ces églises ne peut être considérée que comme une mesure de représailles.
« Les manifestants protestent contre la loi de 2006 qui stipule que tout culte non musulman doit être pratiqué dans des bâtiments spécifiques et désignés. Mais depuis l'entrée en vigueur de cette loi, aucun lieu de culte chrétien n'a été désigné par le gouvernement algérien. »
Selon ICC, l'une des églises fermée de manière autoritaire - le temple Plein Evangile de Tizi-Ouzou, qui compte environ 1 000 membres - est la plus grande d'Algérie. Son pasteur principal, Salah Chalah, dirige également l'EPA.
Le pasteur a échoué dans toutes ses tentatives de rencontrer les représentants du gouvernement. Une descente de police dans son temple lui a valu des coups de matraque.
Stark expliqua à Gatestone :
« La simple existence d'une minorité chrétienne semble attenter à l'identité musulmane de la nation algérienne. Les persécutions qui frappent cette petite minorité non-conforme qui projette une autre image de l'identité algérienne n'ont rien pour étonner. »
L'article 2 du chapitre I de la constitution algérienne stipule que « l'islam est la religion de l'État ».
Le Rapport 2018 du Département d'État américain sur la liberté de religion dans le monde, précise, concernant l'Algérie :
« Le prosélytisme non-musulman est un crime ... Les médias ont fait état d'accusations portées par les autorités contre cinq chrétiens de la province de Bouira. Trois de ces chrétiens appartiennent à la même famille et sont accusés d'avoir « incité un musulman à changer de religion » et d'avoir pratiqué le culte chrétien en un lieu non autorisé. Le 25 décembre, le tribunal de Bouira a acquitté les cinq personnes. Mais en mars, un tribunal de Tiaret a condamné deux frères chrétiens qui transportaient plus de 50 Bibles dans leur voiture. Le Procureur a déclaré que les accusés projetaient d'utiliser ces Bibles aux fins de prosélytisme. Les deux frères ont plaidé que ces Bibles étaient destinées à être utilisées dans l'église, mais ils ont été condamné à une amende de 100 000 dinars (790€). En mai, un autre tribunal a infligé trois mois de prison ferme et une amende de 100 000 dinars à un prêtre et un fidèle mis en examen pour prosélytisme...
« ... Des inconnus ont vandalisé deux cimetières chrétiens, brisant des pierres tombales et saccageant des tombes. Des individus ayant des pratiques religieuses autres que l'islam sunnite ont affirmé avoir subi des menaces et être en butte à l'intolérance, y compris dans les médias ».
Open Doors, un groupe de veille sur la persécution des chrétiens, a récemment rapporté que,
« Au cours de la dernière année, de plus en plus d'églises ont été fermées en Algérie. Parallèlement, certains convertis au christianisme ont publiquement fait état de leur nouvelle foi, ce qui a provoqué une réaction violente des familles musulmanes et réveillé l'intolérance de la société, y compris chez les proches des convertis. L'Etat a également ajouté à cette pression : les lois restrictives qui règlementent le culte non musulman et interdisent la conversion et le blasphème, exposent les chrétiens à un risque extrême ...
« Les lois algériennes sur le blasphème empêchent les chrétiens d'exprimer leur foi. Ils savent qu'une simple conversation peut fonder une accusation de blasphème. En Algérie, la loi interdit d'« ébranler la foi » d'un musulman ou d'user d'un quelconque moyen de séduction « pour convertir un musulman à une autre religion. Les chrétiens souffrent également de harcèlement et de discrimination dans leur vie quotidienne. Les familles de convertis et leurs voisins font pression pour les ramener aux normes islamiques et aux rites musulmans ... »
Aucune des persécutions évoquées ci-dessus ne diminuera tant que les chrétiens occidentaux, en particulier les dirigeants d'église, ne sommeront pas Alger de revenir à la raison. Malheureusement, Bethany Blankley, analyste politique sur Fox News Radio, a expliqué en décembre 2018 dans Patheos, que même le pape Francis édulcore le sort de ses coreligionnaires dans ce pays d'Afrique du Nord. A propos des remarques du pontife lors d'une messe de béatification qui avait lieu à Oran, en Algérie, Blankley écrit :
« Malgré des siècles de violence, le message du pape a été que les chrétiens et les musulmans d'Algérie "ont été victimes de la même violence pour avoir vécu fidèlement et respectueusement leurs devoirs de croyants et de citoyens sur cette terre bénie. C'est pour eux aussi, que nous prions et exprimons notre reconnaissance ».
« Il a ajouté que tous les Algériens sont les héritiers du grand message d'amour lancé par saint Augustin d'Hippone et qui s'est poursuivi avec le martyre d'hommes et de femmes, "qui tous ont cherché à faire progresser leur aspiration à vivre ensemble en paix". Cette période de paix à laquelle le pape fait référence manque singulièrement de précision ».
Uzay Bulut, journaliste turque, est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute.