Selon Ayaan Hirsi Ali, qui a fui la Somalie, son pays natal et vit désormais aux États-Unis : « les médias ne vous disent pas, que l'Amérique est le meilleur endroit au monde pour être noir, femme, gay, trans ou quoi que ce soit d'autre Nous avons nos problèmes et nous devons les résoudre. Mais notre société et nos systèmes sont loin d'être racistes ». (Photo de Mark Wilson / Getty Images) |
Les États-Unis ont aboli l'esclavage il y a 150 ans et ont mis en place une politique de promotion sociale des minorités. A deux reprises, ce pays a élu un président noir, Barack Obama - ! Pourtant, une déferlante anti-statues déboulonne un monument historique après l'autre, comme si les États-Unis asservissaient encore les Afro-Américains. Des militants de Washington DC ont même pris pour cible le Mémorial de l'Emancipation qui honore le président Abraham Lincoln, lequel a payé de sa vie la libération des esclaves.
Aujourd'hui, l'opinion publique occidentale s'auto-flagelle de manière obsessionnelle sur son passé esclavagiste oubliant qu'un esclavage bien réel sévit et se poursuit, quasi ignoré de tous, dans de nombreuses régions d'Afrique et du Moyen-Orient. Ces esclaves là, ne bénéficient d'aucune manifestations de rues ; aucune pression n'est exercée en leur faveur au plan international ; et aucun média n'évoque leur sort.
« Nous ne devons pas oublier que les arabo-musulmans ont été des champions dans ce domaine », a écrit Kamel Bencheikh, un poète arabe, dans Le Matin d'Algérie.
« Les émirs et les sultans d'antan achetaient des convois entiers de jeunes éphèbes noirs pour en faire des eunuques pour garder leurs harems. Et cela s'est poursuivi avec les empereurs ottomans... Aujourd'hui même, en 2021, la Mauritanie et l'Arabie saoudite logent toujours des Ku Klux Klan bien à elles. L'esclavage est toujours de mise à Nouakchott [Mauritanie]. Quant à Riad, il suffit de se renseigner sur les jeunes filles asiatiques que les potentats engagent comme petites bonnes pour ne plus les relâcher. ».
Une enquête de BBC Arabic a révélé qu'en Arabie saoudite les employées de maison sont vendues en ligne et représentent un marché aux esclaves en plein essor.
Pour nombre d'Européens écrit Kamel Bencheikh, la mort de George Floyd a été l'occasion de transformer une lutte respectable en une inimaginable dépravation.
« Voilà donc que, place de la République à Paris ou avenue Louise à Bruxelles, des voyous revanchards, nourris au biberon de la haine, profitant allégrement des allocations que ces deux pays leur offrent, voilà-t-il pas qu'ils s'en prennent au passé de ceux qui leur ont permis de s'affranchir de leurs dictatures.
« En France et en Belgique, on n'exécute pas les apostats, on ne crucifie pas les hétérodoxes, on ne jette pas la pierre sur la femme infidèle, on ne crache pas sur les hérésiarques ...
« ... cet antiracisme est en train de se mordre la queue pour se transformer en racisme. Il suffit de voir la foule colérique, la bave aux lèvres, les babines retroussées, pour se rendre compte que nous avons affaire des gens qui sont venus pour faire un autodafé et insulter le blanc coupable d'avoir eu, il y a plus de cent ans, des gestes déplacés ou des pensées honteuses et d'insister, comme le loup de La Fontaine qui disait à l'agneau : « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. Le totalitarisme est de nouveau parmi nous. »
Bencheikh évoque « un stalinisme du pauvre hère qui plie les genoux et qui courbe l'échine, celui d'un communautarisme qui se fabrique une victimisation indigéniste ». Les personnes qui ont fui Bouteflika et Kadhafi, les tyrans de Kinshasa et Niamey « viennent cracher une haine incompréhensible à Paris ou à Bruxelles ».
L'article de Bencheikh montre qu'un petit groupe de courageux dissidents du monde islamique défend l'Occident, mieux que les Occidentaux ne le font eux-mêmes. Ces dissidents aiment la liberté d'expression et de conscience ; ils font la différence entre démocratie et dictature ; ils jouissent de la tolérance religieuse, du pluralisme dans l'espace public et critiquent ouvertement la pratique de l'islam qu'ils ont fui. Ils savent également que susciter un ressentiment historique et racial est un jeu dangereux. Pour l'islam politique, leurs voix lèvent le voile et sont dévastatrices. Pour le multiculturalisme occidental, ils sont « hérétiques » et ennuyeux. Le Figaro a souligné ce paradoxe : « Considérés par leurs communautés comme des « traîtres », ils sont accusés par les élites occidentales de « stigmatiser ».
Dans The Spectator, Nick Cohen, a expliqué :
« Dans la vision orientaliste libérale, le seul musulman "authentique" est un barbare. Tout musulman qui dira le contraire sera agoni d'insultes. Il sera traité de "néo-conservateur", de ''native informant" et de "sioniste" : il est aussi extrême que les djihadistes auxquels il s'oppose, et peut-être même pire ... ».
Comme Bencheikh, l'écrivain algérien Mohammed Sifaoui nous rappelle à tous que « la Mauritanie, en Afrique du Nord, est aujourd'hui, le pays le plus esclavagiste du monde. Le Qatar au Moyen-Orient l'est tout autant, ainsi que l'Arabie Saoudite sous sa bannière de Gardiens des Lieux saints de l'islam. »
Ayaan Hirsi Ali, qui a fui son pays natal, la Somalie, et vit maintenant aux États-Unis, écrit :
« Les médias ne vous disent pas que l'Amérique est le meilleur endroit au monde pour être noir, femme, gay, trans ou n'importe quoi d'autre. Nous avons nos problèmes et nous devons les résoudre. Mais notre société et nos systèmes sont loin d'être racistes ».
Noir, femme et gay est aujourd'hui le sommet de « l'intersectionnalité ». Selon Andrew Sullivan :
« "L'intersectionnalité" est la dernière lubie qui balaie l'institution académique américaine. En apparence, cette théorie néo-marxiste récente soutient que l'oppression sociale ne s'applique pas simplement à une catégorie unique d'identité - telles que la race, le sexe, l'orientation sexuelle, la classe, etc. – L'oppression sévit sur toutes ces catégories ensemble dans un système qui imbrique étroitement hiérarchie et pouvoir. »
Pour les militants intersectionnels, les États-Unis sont le pays le plus despotique du monde. Pas l'Arabie saoudite ni l'Iran. Hirsi Ali, qui a fui la Somalie et a subi des mutilations génitales, connaît mieux l'oppression que les militants anti-statues. Dans le Wall Street Journal Hirsi Ali écrit :
« Quand j'entends dire que les États-Unis se définissent avant tout par le racisme, quand je vois que « Fragilité Blanche » de Robin DiAngelo est en tête de liste des best-sellers, quand je lis que des enseignants et des journalistes sont licenciés pour avoir osé questionner la doxa de Black Lives Matter — alors je me sens obligé de parler ... L'Amérique apparait différente si comme moi, vous avez grandi en Afrique et au Moyen-Orient ».
Chroniqueur au Monde et au magazine Le Point, l'écrivain algérien Kamel Daoud a mis en cause cette hypocrisie. « il y a déjà un instinct de mort dans les airs de la révolution totale imaginée par chacun » note Daoud.
« L'Occident étant coupable par définition selon certains, on se retrouve non dans la revendication du changement mais, peu à peu, dans celle de la destruction, la restauration d'une barbarie de revanche ».
Daoud considère que ces « procès anti - Occident sont de style soviétique ».
« Il est interdit de dire que l'Occident est aussi le lieu vers où l'on fuit quand on veut échapper à l'injustice de son pays d'origine, à la dictature, à la guerre, à la faim, ou simplement à l'ennui. Il est de bon ton de dire que l'Occident est coupable de tout ».
Dans Le Point, Daoud déclare qu'« avec la grande annonce de l'antiracisme, l'Inquisition revient » .
Vingt universitaires de gauche ont, dans une tribune publiée par Le Monde, accusé Daoud de « clichés orientalistes » et de « paternalisme colonialiste » . Ces nouvelles accusations de racisme ont pour fonction de marquer publiquement, de faire honte et de disqualifier tout homme/femme politique ou tout intellectuel/le qui pointe avec trop de franchise les dommages du multiculturalisme.
Zineb El Rhazoui, journaliste française d'origine marocaine, dont l'anti-islamisme lui vaut de vivre sous menaces de mort constante, a récemment déclaré :
« Le seul racisme que je subis vient de Maghrébins. Pour les Algériens, je suis la pute marocaine. Pour les Marocains, je suis la pute algérienne. Pour les 2, une « pute à juifs ».
Les Arabes menacent les Arabes qui disent la vérité sur le vrai racisme et l'islamisation. Ces Arabes dissidents sont les victimes invisibles du racisme en France. Zineb el Rhazoui a affirmé que « la France est l'un des pays les plus tolérants et les moins racistes du monde» et que la véritable menace n'est pas le racisme, mais le communautarisme [le droits des groupes passe avant le droit des individus], dénoncé aussi par ailleurs par le président français Emmanuel Macron.
L'écrivaine iranienne Abnousse Shalmani, née à Téhéran mais résidant maintenant à Paris, a déclaré au Figaro :
« Le nouvel antiracisme est un racisme déguisé en humanisme (...) Ce qui résonne dans ce discours, c'est la prison de la victimisation ... Sous-entendre que tout Blanc est mauvais - en témoigne le déboulonnage récent des statues de Victor Schoelcher, père de l'abolition de l'esclavage, en Martinique - et que tout Noir est victime, c'est réduire tous les hommes. »
Pendant que l'économiste Thomas Piketty a, dans Le Monde, invité l'Occident à faire amende honorable de son passé colonial, l'écrivaine franco-sénégalaise, Fatou Diome, a appelé elle, à l'abandon du discours sur la décolonisation :
« C'est une urgence pour ceux qui ne savent pas encore qu'ils sont libres. Je ne me considère pas colonisée, donc ce baratin ne m'intéresse pas. La rengaine sur la colonisation et l'esclavage est devenue un fonds de commerce ».
L '« idéologie » décoloniale est simple : le colonialisme est supposé être toujours à l'œuvre et les personnes en provenance de pays anciennement colonisés continuent d'être opprimés, surtout les musulmans qui seraient devenus la cible particulière d'une haine « raciste» et « islamophobe ». Dans cette perspective, les « hommes blancs occidentaux » sont toujours les oppresseurs et les minorités sont toujours des victimes.
Une éminente militante antiraciste, Rokhaya Diallo, a développé l'idée qu'il existe une opposition entre « dominateur » et « dominé » et en a conclu que la France était « raciste ». Dire que le racisme est partout, surtout là où il n'existe pas, a provoqué en Europe, de nombreuses catastrophes liées au multiculturalisme et a rendu impossible toute critique des conséquences de l'immigration de masse et du séparatisme islamiste. L'essayiste Pascal Bruckner a qualifié cette position de « racisme imaginaire ». C'est une création pénitentielle destinée à convaincre le public occidental - même si personne en Occident n'est esclave ni ne détient d'esclave - que la haine de l'Occident est justifiée.
Cette vision marxiste qui impose la présence permanente d'une victime, s'est avérée poreuse à l'islamisme. Dans le mouvement autour d'Adama Traoré, le « George Floyd français », SOS Racisme est allié aux salafistes et toutes les associations de défense des droits de l'homme se sont ralliées à l'Union des Organisations islamiques de France, considérée comme fondamentaliste.
Dans une interview accordée au magazine Valeurs Actuelles, Manuel Valls, ancien Premier ministre français, a déclaré : « Les grandes associations de l'éducation populaire ou de défense des droits de l'homme ont perdu leurs militants ou se sont perdues : la Ligue de l'enseignement et la LDH ont ouvert leurs portes à Tariq Ramadan ». Ces associations auraient dû prendre le parti des nombreux grands réformateurs musulmans. Ayaan Hirsi Ali écrit :
« Les réformateurs tels qu'Asra Nomani, Irshad Manji, Tawfiq Hamid, Maajid Nawaz, Zuhdi Jasser, Saleem Ahmed, Yunis Qandil, Seyran Ates, Bassam Tibi et Abd al-Hamid al-Ansari doivent être soutenus et protégés ... Ces réformateurs auraient dû être aussi connus en Occident que les Soljenitsyne, Sakharov et Havel ont pu l'être quelques générations plus tôt. Au lieu de cela, les soi-disant associations des droits de l'homme, les politiciens et les médias ont choisi de soutenir l'islam politique ».
En revanche, 12 écrivains ont signé une tribune contre le « totalitarisme » islamique dans Charlie Hebdo.
« Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le monde est désormais confronté à une nouvelle menace totalitaire mondiale : l'islamisme. Nous, écrivains, journalistes, intellectuels, appelons à la résistance au totalitarisme religieux et à la promotion de la liberté, de l'égalité des chances et des valeurs laïques pour tous ».
Parmi les 12 signataires, huit venaient du monde islamique.
Ces intellectuels musulmans anti-islamistes ne sont pas nés libres ; ils ont fui des dictatures. Malheureusement, au sein des démocraties qu'ils ont rejointes, ils sont en butte à des menaces de mort et des outrages. Ils sont beaucoup plus libres et plus fiers de l'Occident que les Occidentaux eux-mêmes qui dévoient leur liberté en culpabilité au sujet de vilenies qu'ils n'ont jamais commises.
L'Occident ne tourne pas seulement le dos aux nouveaux marchés d'esclaves ; le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies accueille des États comme le Soudan, où des dizaines de milliers de villageois chrétiens, hommes, femmes et enfants, ont été réduits en esclavage à la suite de raids djihadistes ; au Kenya et au Nigéria, la police a sauvé l'automne dernier des centaines d'hommes et de garçons enchaînés au sein d'une école islamique ; au Pakistan, les chrétiens sont condamnés à la servitude, et en Mauritanie, deux personnes sur 100 sont toujours détenues comme esclaves. C'est le même Conseil des droits de l'homme des Nations Unies qui, maintenant, sous la pression des pays africains, veut enquêter sur le « racisme systémique qui sévit aux États-Unis ». Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a noté :
« Si le Conseil était honnête, il soulignerait la vigueur de la démocratie américaine et exhorterait les régimes autoritaires du monde entier à prendre exemple sur la démocratie américaine et à imposer à leurs nations les mêmes normes élevées de responsabilité et de transparence que nous, Américains, nous appliquons à nous-mêmes ».
Il est grand temps que les États-Unis cessent de financer les Nations Unies, une institution qui ne sert qu'à perpétuer l'injustice ; pas à y mettre un terme.
Il est probable qu'aujourd'hui, les vrais marchands d'esclaves et les racistes - ceux qui croient que les sociétés et les valeurs occidentales ne devraient pas exister - se penchent sur l'auto-flagellation occidentale avec une indicible délectation.
Giulio Meotti, journaliste culturel pour Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.