Le massacre de plus de 30.000 personnes perpétré par l'Iran a été récemment révélé par le fils de l'Ayatollah Hossein Ali Montazeri, Ahmad, un religieux modéré, qui a posté un enregistrement audio confidentiel de son père sur son site et a reçu l'ordre des services de renseignements iraniens de l'en enlever.
Né à Ispahan, en Iran, l'Ayatollah Hossein Ali Montazeri a été l'un des pères fondateurs de la République Islamique d'Iran. C'est un militant des droits humains, un théologien islamique, et c'était le successeur désigné du Guide Suprême de la révolution islamique, l'Ayatollah Ruhollah Khomeini, jusqu'aux derniers instants de la vie de Khomeini. Ses photos étaient affichées dans les rues à côté de celles de Khomeini.
Dans l'enregistrement, Montazeri déclare :
« Vous [les responsables iraniens] serez à l'avenir inscrits dans les annales de l'histoire en tant que criminels. Le plus grand crime commis sous la République Islamique, depuis le début de la révolution jusqu'à ce jour et qui sera condamné par l'histoire est ce crime [des exécutions de masse] que vous avez commis. »
Alors que certaines organisations des droits de l'homme, l'Administration Obama et les Nations unies semblent ne pas vouloir voir ce massacre et d'autres crimes contre l'humanité, plusieurs responsables ont pris des mesures. Une Résolution de la Chambre des représentants américaine condamnant ces massacres et autres exécutions a été déposée par le Président de la Sécurité intérieure de la Chambre, Mike McCaul, et coparrainée par le Président Ed Royce, le membre de la Chambre, Eliot Engel, et le Président du Comité du Règlement, Pete Sessions. La résolution a été présentée alors que le Président iranien, Hassan Rouhani, à la tête du gouvernement qui a la première place au monde, par habitant, en matière d'exécutions, prenait la parole devant la 71ème Session de l'Assemblée générale des Nations unies. Pendant son discours, selon l'Associated Press, un nombre sans précédent de manifestants s'était rassemblé sur l'Esplanade Dag Hammerskjold, devant l'ONU. Parmi eux, le Sénateur Joe Lieberman et Sir Geoffrey Robertson, ancien Président du tribunal pour les crimes de guerre pour le Sierra Leone, qui a écrit un rapport sur les massacres de 1988 en Iran, rapport publié sur le site des Arts Initiative des Nations unies.
La résolution de la Chambre énonce :
Attendu que sur une période de quatre mois, en 1988, le gouvernement de la République Islamique d'Iran a perpétré des exécutions de masse barbares de milliers de prisonniers politiques et de nombreux autres groupes politiques sans liens ;
Attendu que, selon un rapport du Centre de Documentation Iranien pour les Droits de l'Homme, le massacre a été commis en application d'une fatwa, ou décret religieux, émise par le Guide Suprême d'alors, l'Ayatollah Ruhollah Khomeini,qui visait les Moudjahidin du Peuple Iraniens (PMOI), connu également comme les Mujahidin-e-Khalq – Moudjahidin du Peuple – (MEK) ;
Attendu que, selon un rapport du 2 novembre 2007 d'Amnesty International, « entre le 27 juillet 1988 et la fin de l'année des milliers de prisonniers politiques [en Iran], y compris des prisonniers de conscience, ont été exécutés dans des prisons dans toute la nation. » ;
Attendu que, selon Amnesty International, « la majorité de ceux qui ont été tués étaient des partisans des PMOI, mais des centaines de membres et de partisans d'autres groupes politiques...ont également été parmi les victimes des exécutions. » ;
La résolution donne d'autres détails de crimes contre l'humanité les plus monstrueux et « du plus grand crime commis par la République Islamique, pour lequel l'histoire nous condamnera » :
... les tueries ont été commises sur l'ordre d'un juge, d'un responsable du ministère des Renseignements et d'un procureur d'État, connus par les prisonniers comme « les Commissions de la Mort » qui ont engagé les procédures afin d'éliminer les opposants au régime ;
Attendu qu'il y a parmi ceux qui sont personnellement responsables de ces exécutions de masse de hauts responsables du gouvernement actuel d'Iran ;
Attendu qu'on rapporte que les prisonniers étaient traduits devant les commissions et interrogés brièvement sur leur affiliation politique et que si un prisonnier refusait de renoncer à son affiliation à des groupes perçus comme ennemis par le régime, il était emmené et exécuté ;
Attendu qu'on comptait les victimes par milliers, y compris des adolescents et des femmes enceintes, emprisonnés simplement pour avoir participé à des manifestations pacifiques dans les rues et pour avoir été en possession de matériel de lecture à caractère politique, et dont un grand nombre avaient déjà purgé ou étaient en train de purger une peine de prison ;
Attendu que les prisonniers étaient exécutés en groupe, certains par des pendaisons de masse et d'autres exécutés par des pelotons d'exécution et que l'on se débarrassait de leur corps dans des charniers ;
De plus : « les familles de ceux qui étaient exécutés ne pouvaient obtenir de renseignements sur leurs proches et il leur était interdit de porter le deuil en public », et ce qui est plus fondamental :
« l'actuel Guide Suprême, Ali Khamenei, était apparemment au courant du massacre et, plus tard, l'a approuvé publiquement ; Attendu que, en violation de ses obligations internationales, le gouvernement de l'Iran continue à commettre systématiquement de graves violations des droits humains fondamentaux du peuple iranien ; »
Fait intéressant, tous ceux à qui s'adresse Montazeri et qu'il avertit dans la bande audio, tous ceux qui ont été impliqués dans ces crimes, semblent occuper actuellement des postes importants. Mostafa Pourmohammadi était un représentant du ministère des Renseignements dans la prison notoire d'Evin et il a récemment été nommé par le soi-disant modéré, le Président Hassan Rouhani, au poste de ministre de la Justice. Ebrahim Raeisi était procureur de la République et a été nommé par le gouvernement de Rouhani à la tête de Astan Quds Razavi, qui a des revenus de milliards de dollars. Hussein Ali Nayeri était juge et est maintenant membre de la Cour Suprême d'Iran.
Dans son mémoire, Montazeri écrit qu'il avait dit à Hussein Ali Nayeri d'arrêter les exécutions au moins pendant le mois de Mouharram – premier mois du calendrier musulman -, mais que Nayeri avait répondu : « Nous avons exécuté sept cent cinquante personnes à Téhéran jusqu'ici ...une fois que nous en aurons fini avec deux cents de plus, alors nous écouterons ce que vous aurez à dire. » Montazeri a écrit aussi plusieurs lettres au Guide Suprême, Khomeini, pour le mettre en garde.
La photo de Jahangir Razmi, qui lui a valu le Prix Pulitzer, est celle de l'exécution de Kurdes et d'autres personnes par le régime islamique iranien en 1979. |
Nous ne devrions pas voir l'Iran que par le prisme de l'accord nucléaire.
Pour être du bon côté de l'histoire et défendre les droits individuels, les droits humains, la justice sociale et la liberté, le Congrès doit agir, condamner le gouvernement iranien, faire pression sur l'Iran pour que soient donnés plus de renseignements aux familles des victimes et exhorter le Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits humains en Iran et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à ouvrir une enquête complète et créer une commission pour le suivi de cette question.
Le Dr. Majid Rafizadeh, politologue et universitaire à Harvard est président du Conseil International Américain sur le Moyen-Orient. Il est joignable à cette adresse mail : Dr.rafizadeh@post.harvard.edu.