Fatiha Boudjalat, cofondatrice du mouvement laïc Viv(r)e la République, est une figure éminente de l'anti-islamisme en France. Elle est régulièrement interviewée à la télévision et à la radio, et ses tribunes sont publiés dans Le Figaro. Sur Facebook, Fatiha Boudjalat n'a pas supporté qu'une employée municipale, Sonia Nour, ait qualifié de « martyr », l'islamiste tunisien assassin de deux femmes en gare de Marseille. Quelques jours plus tard, le compte Facebook de Fatiha Boudjalat a été supprimé.
Elle n'est pas la seule à avoir été ciblée par des islamistes. Leila Ourzik, artiste, vit à Grigny dans un environnement majoritairement musulman. Leila mange et boit pendant le Ramadan et résiste au port du voile. En raison de son comportement non islamique, Leila est régulièrement insultée et menacée dans la vraie vie comme sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, Leila Ourzik vit sous la menace des islamistes. Tous l'insultent et certains ont posté sa photo sur des sites de rencontre. Sans avertissement, son compte Facebook est régulièrement fermé. « Pas une fois, plusieurs fois » dit-elle à Gatestone. Pourquoi ? « Je ne sais pas, Facebook ne t'informe jamais. Un jour, tout est supprimé ».
Olivier Aron, dentiste et ancien élu, a été éjecté de Facebook plusieurs semaines durant. Olivier Aron n'est pas timide dans les débats sur l'islam et l'islamisme. Mais les islamistes n'aiment pas le débat. Ils préfèrent faire taire ceux qui leur portent la contradiction. « Je suppose qu'ils m'ont accusé d'être un raciste et un islamophobe », a déclaré Aron à Gatestone. « L'intimidation est partout. Un homme que je ne connais pas a découvert mon numéro de téléphone et a fait circuler mes coordonnées ». Les conséquences n'ont pas tardé. L'assistante d'Olivier Aron au cabinet dentaire a reçu des menaces par téléphone : « Dites au docteur Aron que « Kelkal » va le frapper ». Khaled Kelkal a initié une vague d'attentats au milieu des années 1990 avant d'être abattu par la police. Il a été l'avant-garde des terroristes islamistes contemporains.
Au printemps dernier, le compte Facebook de Michel Renard, professeur d'histoire à Saint-Chamond, a été supprimé. « Sans aucun avertissement, sans possibilité de parler à quelqu'un, tous mes écrits ont disparu », dit-il à Gatestone. Des analyses détaillées sur l'islam et l'islamisme sont désormais perdus pour lui et pour les autres. « Les islamistes sont extrêmement actifs sur Facebook, ils vous insultent, ils vous menacent ». Michel Renard a refusé d'être « ami » sur Facebook avec ses élèves, mais cela n'a pas empêché « leurs parents de se plaindre au directeur de l'établissement ... L'intimidation est partout, dans la vraie vie et sur le Net ».
Les islamistes chassent en meute sur Facebook. Dès qu'une « cible » est repérée » - généralement quelqu'un d'ouvert à la discussion – cette personne est signalée aux modérateurs Facebook comme « raciste » ou « islamophobe ». Et le compte est supprimé.
En France, Facebook supprime des milliers de comptes chaque année. Combien l'ont été parce que leurs propriétaires se sont opposés à des islamistes ? Bien malin qui pourrait le dire : Facebook ne communique pas sur ces sujets et ses rares déclarations publiques ne permettent jamais de clarifier quoi que ce soit.
On sait avec certitude que « Facebook compte 4 500 « modérateurs de contenu » et qu'il a récemment annoncé son intention d'en embaucher 3 000 autres », a révélé The Guardian. Sept mille cinq modérateurs pour plus de deux milliards d'utilisateurs ? C'est forcément un peu court.
The Guardian poursuit : « Facebook a des centres de modération dans le monde entier, mais refuse de divulguer leur nombre ou leur emplacement ». La question devrait être : Facebook externalise-t-il la modération de ses contenus ? Qui sont ces sous-traitants et où leurs pôles de modération sont-ils situés?
En France, les sites Internet des grands médias traditionnels externalisent tous la modération de leurs contenus. Trop cher pour être financé en interne. Trois sociétés se partagent le marché : Netino , Concileo et Atchik Services. La plupart de ces entreprises ont leurs modérateurs situés dans les pays francophones à bas coûts de main d'œuvre, c'est à dire l'Afrique du Nord et Madagascar. En France, les rumeurs abondent sur le fait que Facebook en fait autant. Facebook ne confirme ni n'infirme.
Le seul constat possible est que le discours de haine des islamistes continue de proliférer sur Facebook, alors que les anti-islamistes sont harcelés et voient leurs comptes fermés à répétition.
Que la liberté d'expression, en France, soit "modérée" par des musulmans vivant en terre d'islam n'est un paradoxe qu'en apparence. Les médias et les élites dirigeantes nient que l'islamisme soit en guerre avec le monde occidental. Ils ne voient donc pas d'inconvénient à confier la gestion de la liberté d'expression à des musulmans qui vivent au Maghreb.
Si Facebook externalisait sa "modération" auprès d'entreprises dont les modérateurs résident en France ou en Belgique, le résultat ne serait pas très différent. Car dans la modération, c'est l'opinion du nombre qui compte. Si deux cents personnes affirment que Leila, Olivier ou Michel sont « racistes » ou « islamophobes », les deux cents obtiendront que Leila, Olivier ou Michel perdent leur liberté d'expression sur Facebook.
Les islamistes chassent en meute sur les réseaux sociaux, alors que les résistants à l'islamisme demeurent des personnalités individuelles, inorganisées pour la plupart. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel français fournit une excellente illustration du phénomène. A chaque fois qu'Éric Zemmour apparaît à la télévision exemple, l'agence de régulation est submergée de protestations. Des protestations musulmanes essentiellement. Le CSA qui n'aime pas que le débat public dérange sa quiétude blâme le média qui a invité Eric Zemmour, et ce dernier encourt encourt également le risque d'être poursuivi en justice. Eric Zemmour est poursuivi au moins deux fois par an pour « racisme ».
Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) s'est ainsi fait une spécialité d'utiliser les formulaires de protestation en ligne du CSA pour mener d'authentiques campagnes contre la liberté d'expression des intellectuels qui lui déplaisent.
Facebook dispose également d'une équipe qui traite les demandes émanant des services de police et de justice. En France, lesdites demandes sont passés de 3208 en 2013 à 8121 en 2016. Selon de Le Journal du Net, un site d'information dédié à l'actualité des médias, en 2015, « suites à des requêtes gouvernementales, Facebook a été amené à supprimer des milliers de contenus en 2015... Et la France arrive très largement en tête avec 37 990 pages effacées, contre 30 126 pour l'Inde et 6 574 pour la Turquie. Un résultat lié aux attentats de Paris et aux pages Facebook dont les contenus ont été jugés comme promouvant les actes terroristes ».
En résumé, le ministère de l'intérieur tente d'écrêter la puissance de feu des islamistes sur Facebook, mais les islamistes influencent Facebook en parallèle pour obtenir du réseau social la suppression des comptes de leurs contradicteurs.
En avril 2017, Facebook a publié un rapport intitulé « Facebook et diverses opérations d'information ». À la page 9, on peut lire : « En France, par exemple, à compter du 13 avril, plus de 30 000 faux comptes ont été supprimés ». Par quel moyen ? Grace à des « améliorations » techniques permettant de détecter les comptes de sites spécialisés sur la diffusion de « fausses informations ». Ces améliorations techniques sont des outils d'intelligence artificielle. Sans surprise, ces « faux » comptes étaient particulièrement actifs lors de la campagne présidentielle de la France au printemps 2017.
Pour Facebook et pour les responsables français, la grande question ne semble pas être : « L'islamisme est-il en guerre avec notre liberté d'expression ? », Mais plutôt : « Vladimir Poutine interfère-t-il avec la politique intérieure française ? ». Facebook s'en préoccupe car l'entreprise de Mark Zuckerberg ne peut se permettre d'ignorer les demandes des dirigeants politiques des pays où Facebook est implanté. Ses recettes publicitaires dépendant des bonnes relations qu'il entretient avec la puissance publique.
Il est important de se rappeler qu'en 2015, au plus fort de la crise migratoire en Allemagne, la chancelière allemande Angela Merkel a poussé le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, à supprimer les dizaines de milliers de posts anti-immigration sur Facebook. « Travaillez-vous là-dessus ? » a demandé Merkel en anglais. Zuckerberg a répondu par l'affirmative.
Deux ans plus tard, les modérateurs humains sur les réseaux sociaux sont en passe de représenter un sujet du passé. Les petites mains de Tunisie ou du Maroc ont commencé d'être remplacés par des outils d'intelligence artificielle. Les nouveaux algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour filtrer les « messages de haine ». Ils apporteront paix et tranquillité aux gouvernements – Il n'est pas sûr que les islamistes soient perdants dans l'échange.
Yves Mamou, auteur et journaliste, basé en France, a travaillé pendant deux décennies en tant que journaliste pour Le Monde. Son prochain livre « Collabos (et idiots utiles) de l'islamisme en France » paraîtra début 2018.