Les images de Palestiniens brûlant et piétinant le drapeau des Émirats arabes unis (EAU) et les photos du prince héritier Mohammed Bin Zayed, ont déclenché une vague de protestations dans un certain nombre de pays arabes. Photo : le 15 août 2020, à Ramallah, des Palestiniens brûlent des photos de Bin Zayed et du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, (Photo par Abbas Momani / AFP via Getty Images) |
Les images de Palestiniens brûlant et piétinant le drapeau des Émirats arabes unis (EAU) et les photos du prince héritier Mohammed Bin Zayed, ont déclenché une vague de protestations dans plusieurs pays arabes. Nombreux sont les citoyens arabes qui ont accusé les Palestiniens d'ingratitude, de trahison et d'hypocrisie.
L'opinion publique arabe a été médusée par la violence des dirigeants palestiniens contre les Émirats arabes unis, un pays qui a officiellement accepté d'établir des relations avec Israël. Et la réaction de cette opinion publique est un signe de plus de la désillusion croissante du monde arabe à l'égard des Palestiniens.
Le message que les Arabes envoient aux Palestiniens est à peu près le suivant : « Nous en avons assez de vous et de votre cause. Vous êtes ingrats, hypocrites et vindicatifs. Décennie après décennie, nous avons rempli vos coffres avec des milliards de dollars - et aujourd'hui vous avez l'arrogance de brûler nos drapeaux et les photos de nos dirigeants sans parler des insultes que vous nous lancez. »
Un universitaire émirati, le Dr Waseem Yousef, a twitté : « Brûler le drapeau de mon pays et exiger ensuite que je vous salue est particulièrement stupide. » Dans d'autres posts, Yousef a commenté l'accord Israël-EAU ainsi : « Quand je vois les Palestiniens brûler le drapeau de mon pays à cause du traité de paix avec Israël – j'ai envie de m'excuser auprès de chaque Israélien que j'ai pu offenser dans le passé. »
Yousef a également écrit : « Le bonheur du peuple israélien à l'annonce de l'accord de paix m'a choqué. Je ne m'y attendais pas - les peuples veulent la paix ».
Ces Arabes qui se disent offensés et trahis et qui, sur les réseaux sociaux, ont exprimé le dégoût que les Palestiniens, l'Autorité palestinienne de Cisjordanie et les dirigeants du Hamas à Gaza leur inspirent, sont essentiellement des citoyens des Émirats arabes unis et d'Arabie saoudite.
Sur Twitter, les hashtags anti-palestiniens les plus populaires ont été : « Va au Diable toi et ta cause » et « La Palestine n'est pas ma cause ».
Ces hashtags émiratis et saoudiens disent aux Palestiniens que les Arabes en ont assez d'eux et de leurs discutables dirigeants. Les citoyens des Émirats arabes unis et d'Arabie Saoudite s'indignent sur les réseaux sociaux que des cris de haine puissent jaillir contre des dirigeants arabes qui souhaitent normaliser leurs relations avec Israël.
« L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis étaient les plus puissants partisans de la Palestine », a noté le titulaire d'un compte émirati sur Twitter. « Penser qu'en 17 ans, l'Arabie saoudite a payé [aux Palestiniens] 6 milliards de dollars et les Émirats arabes unis 2,5 milliards de dollars. Cela signifie que depuis 40 ans, pas moins de 20 milliards de dollars leur ont été donnés. Si nous avions déversé cet argent sur Israël, son peuple tout entier se serait converti à l'islam. »
« Nous avons donné aux Palestiniens le budget de cinq pays africains, et aujourd'hui ils nous maudissent et nous accusent de les avoir trahis » a posté un autre émirati indigné que les dirigeants palestiniens accusent les EAU d'avoir « trahi la mosquée Al-Aqsa, Jérusalem et la Palestine ».
Activistes politiques, universitaires saoudiens et émiratis ont profité de l'occasion pour rappeler les ingérences des Palestiniens dans les affaires arabes, notamment en Jordanie et au Liban.
Ils ont rappelé aux Palestiniens et aux autres Arabes le rôle joué par l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) dans la crise jordanienne de 1970, une crise connue aussi sous le nom de Septembre Noir. A cette date, les forces armées jordaniennes sont entrées en conflit avec des membres de l'OLP qui se comportaient en Jordanie comme un État dans l'État.
Les tensions entre l'OLP et les Jordaniens ont atteint un sommet en septembre 1970. Le 1er septembre, une tentative d'assassinat a eu lieu contre le roi Hussein ; la semaine suivante, quatre avions de ligne ont été détournés par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), organisation membre de l'OLP. Pour éviter le chaos, le gouvernement jordanien a instauré la loi martiale. Dans les semaines qui ont suivi, de violents combats ont éclaté entre Palestiniens et soldats de l'armée jordanienne. À l'été 1971, toutes les forces palestiniennes ont été expulsées de Jordanie en direction du Liban.
Saoudiens et Emiratis ont également rappelé le rôle joué par l'OLP dans la guerre civile libanaise qui a tué des dizaines de milliers de personnes.
« Le 13 avril 1975, un bus qui transportait des miliciens de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) passe devant une église. Des coups de feu sont tirés », rappelle Calude Salhani, chroniqueuse de The Arab Weekly.
« L'altercation a éclaté quand des milices phalangistes [chrétiennes] qui régulaient la circulation se sont heurtées au refus du bus qui transportait des miliciens palestiniens d'être détourné. Des coups de feu ont été tirés et le chauffeur du bus de l'OLP a été tué. Peu de temps après, deux voitures pleines d'hommes en armes non identifiés se sont approchées de l'église et ont ouvert le feu, tuant quatre personnes. Cette date du 13 avril 1975 est désormais considérée comme le début de la guerre civile libanaise. La religion a joué un rôle clé dans le début du conflit. Mais la présence de commandos palestiniens lourdement armés aussi. »
Les activistes et les universitaires arabes n'ont pas manqué de rappeler la plus importante des trahisons palestiniennes : le soutien apporté à Saddam Hussein dans son invasion du Koweït en 1990.
Certaines études affirment que des centaines de Palestiniens ont rejoint la nouvelle « armée populaire » des forces de sécurité irakiennes au Koweït et ont participé à l'oppression du peuple koweïtien.
« Pendant la journée, les Palestiniens insultent les pays du Golfe et accusent les Arabes d'être des vendus [à Israël], mais la nuit, ces mêmes Palestiniens vont travailler dans des bars juifs », affirme un post mis en ligne sous le hashtag « Au diable, vous et votre cause ».
Plusieurs citoyens du Golfe ont exprimé leur gratitude envers les policiers israéliens qui ont empêché les Palestiniens de brûler des drapeaux émiratis et des photos de Bin Zayed à la prière du vendredi à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem.
« Mille salutations à nos cousins [juifs] », a posté Adnan al-Ameri, un citoyen du Golfe, sous une vidéo montrant des policiers israéliens empêchant les Palestiniens de piétiner une affiche de Bin Zayed. « Par Dieu, ils [les policiers israéliens] sont plus honorables que certains de ces va-nu-pieds [palestiniens]. Une vidéo qui mérite d'être retweetée largement. »
Les dirigeants palestiniens qui ont fermement condamné les Émirats arabes unis ainsi que les États arabes qui parlent de normaliser leurs relations avec Israël sont à leur tour devenus une cible sur les réseaux sociaux. De nombreux Arabes du Golfe ont mis l'accent sur la corruption financière des dirigeants palestiniens. Certains évaluent à 9 milliards de dollars la fortune personnelle des dirigeants du Hamas Ismail Haniyeh et Khaled Mashaal ; d'autres ont affirmé que Mahmoud Abbas s'était constitué une cagnotte de 200 millions de dollars.
Un sondage effectué l'an dernière a révélé que 80% des Palestiniens se sentent abandonnés par les pays arabes. L'hostilité de nombreux Arabes à la campagne de haine des Palestiniens contre la normalisation avec Israël, permet de penser que ce pourcentage va s'accroitre fortement.
Les Palestiniens sont doués pour se faire des ennemis. Au vu de la colère et du dégoût qui gagne un nombre croissant d'Arabes, les Palestiniens vont finir par découvrir qu'ils jouissent d'un soutien plus important en Chine et en Europe que dans leur voisinage géographique.
Khaled Abu Toameh, journaliste primé basé à Jérusalem, est Shillman journalism fellow au Gatestone Institute.