Selon Amnesty International, des enfants âgés de 10 ans sont au nombre des victimes d'une torture que le régime iranien pratique systématiquement. « [L]es victimes étaient fréquemment cagoulées ... frappées à coups de poing, de pied ; battues avec un fouet, des bâtons, des tuyaux en caoutchouc, des couteaux, ... suspendues ou bloquées dans des positions douloureuses sur de longues périodes ; privées de nourriture et d'eau potable en quantité suffisante. » (Source image : iStock. L'image est illustrative et ne représente aucune des personnes citées dans l'article.) |
Malgré le considérable durcissement des violations des droits de l'homme en Iran, les Nations Unies (ONU) et l'Union européenne (UE) - qui prêchent les droits de l'homme -, ferment les yeux sur les abus du régime.
Un rapport d'Amnesty International rendu public le 2 septembre a accusé le système judiciaire, les forces de l'ordre et le ministère des Renseignements iraniens d'être les auteurs de crimes et d'exactions en série.
Concernant les prisonniers, le rapport affirme :
« La police, les services de renseignement et de sécurité et les autorités carcérales sont, avec la complicité des juges et des procureurs, à l'origine de tout un catalogue choquant de violations des droits de l'homme, à commencer par la détention arbitraire, les disparitions organisées, la torture et autres mauvais traitements. »
Le rapport révèle que des enfants à peine âgés de 10 ans sont victimes de torture. Le régime cible aussi systématiquement les personnes qui participent aux manifestations. Fin septembre par exemple, la Cour suprême du régime iranien a prononcé deux condamnations à mort contre le champion de lutte Navid Afkari. Selon la chaîne d'information en langue persane Iran International, ces sentences ont été assorties d'une peine de prison de six ans et demi et de 74 coups de fouet. Vahid Afkari et Habib Afkari, les deux frères de Navid Afkari, ont aussi été arrêtés et condamnés respectivement à 54 ans de prison et 74 coups de fouet et 27 ans de prison et 74 coups de fouet.
Rompant avec le silence de l'UE et de l'ONU, Dana White, présidente de l'Ultimate Fighting Championship (UFC, une organisation américaine d'arts martiaux), et le président américain Donald Trump ont imploré les dirigeants iraniens de ne pas exécuter le champion de lutte Navid Afkari. Le président Trump a tweeté :
« J'apprends que l'Iran cherche à exécuter une grande et populaire star de la lutte, Navid Afkarai, 27 ans, dont le seul acte anti-gouvernemental a été de manifester dans les rues. Ils protestaient contre « la détérioration de la situation économique du pays et l'inflation... ».
« ... je m'adresse aux dirigeants iraniens et je souhaite que la vie de ce jeune homme soit épargnée et qu'il ne soit pas exécuté. Merci ! »
La présidente de l'UFC, Dana White, a écrit :
« Je dirais simplement que moi aussi, je demande respectueusement et humblement aux responsables du gouvernement iranien de ne pas exécuter cet homme et d'épargner sa vie. »
En Iran, les nombreuses arrestations sont à la discrétion du pouvoir judiciaire ou du tribunal révolutionnaire islamique. Des chefs d'accusation fondamentalement ambigus - « propagation de la corruption sur terre » (« moharebeh »), « déclarer la guerre à Dieu » ou « mettre en danger la sécurité nationale » -, l'absence de procédure régulière et des aveux extorqués par la torture physique ou psychologique sont au cœur du processus qui mène les accusés à la potence.
Selon certains articles de presse, Afkari et ses frères ont été torturés pour les forcer à témoigner les uns contre les autres et pour extraire des « aveux » que l'on pourrait ensuite diffuser à la télévision.
«Pendant environ 50 jours, j'ai dû endurer les plus horribles tortures physiques et psychologiques», a écrit Afkari dans une lettre.
« Ils me battaient avec des bâtons et des matraques sur les bras, les jambes, l'abdomen et le dos. Ils nouaient un sac en plastique autour de mon cou et me torturaient jusqu'à la suffocation. Ils m'ont également versé de l'alcool dans le nez. »
Pour terroriser d'éventuels dissidents, le régime a recours, depuis des décennies, à la torture et à la peine de mort. Une personne surprise en possession de cannabis par exemple pourra être torturée physiquement et psychologiquement. Selon Amnesty International :
« Nos enquêtes ont montré que les victimes étaient fréquemment cagoulées ou avaient les yeux bandés ; elles étaient battues à coups de poing, à coups de pied et fouettées; elles étaient battues avec des bâtons, des tuyaux en caoutchouc, des couteaux, des matraques et des câbles ; elles étaient suspendues ou forcées de tenir dans des positions douloureuses pendant de longues périodes ; elles étaient privées de nourriture et d'eau potable : elles étaient placées en isolement cellulaire prolongé, parfois pendant des semaines, voire des mois, et aucun soin médical n'était autorisé pour les blessures reçues pendant les manifestations ou à la suite de tortures. »
L'UE ou l'ONU ont-elles au moins une fois condamné la brutalité des mollahs ? En fait, le régime a été plutôt récompensé. Le 14 août, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté la fin d'un embargo vieux de 13 ans sur les ventes et achats d'armes. Dès octobre 2020, les mollahs seront autorisés à acheter et exporter autant d'armes conventionnelles qu'ils le souhaitent.
L'UE et l'ONU se sont opposés à la dénonciation de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) - accord que l'Iran n'a au demeurant jamais signé -, et sont partisans de lever toutes les sanctions économiques contre l'Iran en dépit des violations de ce même accord par l'Iran. Le 4 septembre 2020, par exemple, l'Agence internationale de l'énergie atomique a révélé que l'Iran avait constitué un stock d'uranium enrichi de 2105 kg (4640 livres), soit près de 10 fois la quantité d'uranium enrichi autorisée. Les mollahs au pouvoir ont maintenant suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer une bombe nucléaire. Environ 1 000 kg d'uranium enrichi à seulement 5% peuvent être épurés plus encore pour fabriquer une bombe nucléaire.
En août, le président du Conseil de sécurité, l'ambassadeur indonésien à l'ONU, Dian Triansyah Djani, a rejeté la proposition américaine d'un snapback, soit la réinstauration de toutes les sanctions prévues contre l'Iran avant l'accord du JCPOA. Le moment est peut-être venu pour les États-Unis de cesser de cotiser à l'ONU ou, à tout le moins, de « ne payer qu'en fonction des objectifs que l'on s'assigne ».
Malgré plusieurs décennies de « réformes », rien ou très peu dans la culture de l'ONU n'a changé, à commencer par son niveau d'efficacité. Les États-Unis financent une part disproportionnée des dépenses de l'Onu mais leurs actions et propositions donnent lieu à des autodafés. La seule consolation à ce jour, est que cette ligue de vertu mondiale n'a pas encore prévu de jucher l'ambassadeur américain sur le bûcher. Une tribune publiée dans le Wall Street Journal en 2017 tente une explication :
« Pourquoi les États-Unis tolèrent-ils cela ? ... esquiver des votes embarrassants implique d'accepter des dépenses de plus en plus élevées.
« Les États-Unis devraient rejeter ce régime fiscal international et proposer à la place des contributions volontaires ... Il s'agit d'inciter à la performance ce que le système actuel d'évaluation-taxation ne permet pas ...
« Les cinq conseils économiques et sociaux régionaux de l'ONU n'affichent aucun bilan concret et ne méritent pas de financement américain. Si les nations estiment que ces organisations régionales méritent de continuer à exister - une proposition que nul ne peut soutenir - elles sont entièrement libres de les financer. Que l'Amérique se sente obligée de les soutenir est incompréhensible.
« Ensuite, il serait possible de réduire le budget de vastes pans de la bureaucratie onusienne sans qu'il en résulte aucun dommage. On pourrait commencer par le Bureau des affaires de désarmement. Et poursuivre par le Programme des Nations Unies pour le développement. Des économies significatives pourraient être réalisées en réduisant les financements d'autres bureaux des Nations Unies qui sont surtout des sinécures, dont beaucoup d'ailleurs traitent de questions « palestiniennes ». L'UNWRA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine) pourrait aisément être fusionné avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
L'ONU et l'UE doivent tenir les dirigeants iraniens pour responsables, ou bien être écartés pour nullité, catégorie à laquelle ils semblent bel et bien appartenir.
Le Dr Majid Rafizadeh, stratège et consultant en affaires, est diplômé de Harvard, politologue, membre du conseil d'administration de la Harvard International Review et président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient. Il est l'auteur de plusieurs livres sur l'islam et la politique étrangère américaine. On peut le contacter à Dr.Rafizadeh@Post.Harvard.Edu