Le Hamas et les milliers de Palestiniens qui ont scandé des slogans en faveur du Hamas et de Deif ont en tête une autre solution : l'anéantissement d'Israël et la mort des Juifs. Plus on est de fous.... Photo : un immeuble d'Ashkelon (Israël) endommagé par des roquettes tirées par le Hamas depuis la bande de Gaza dans la nuit du 10 au 11 mai 2021 (photo de Jack Guez / AFP via Getty Images) |
En 1991, quand l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein a tiré 39 missiles Scud sur Israël, nombre de Palestiniens sont descendus dans la rue pour exprimer leur satisfaction. En Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est, de nombreux manifestants ont défilé avec à la main les masques à gaz que les autorités israéliennes leur avaient remis pour les protéger d'une éventuelle attaque chimique de l'Irak contre Israël.
Le Los Angeles Times a rapporté à l'époque que « la semaine dernière, plusieurs Palestiniens ont exprimé leur joie de voir des missiles [irakiens] tomber sur Tel Aviv et Haïfa ».
En 2015, quand le groupe terroriste Hezbollah soutenu par l'Iran a lancé des roquettes sur Israël depuis le Liban, les Palestiniens ont envahi les rues drapeaux du Hezbollah au poing et ont distribué des bonbons aux automobilistes et aux passants.
Pour les Palestiniens, quiconque attaque Israël ou menace de détruire ce pays est un véritable "héros".
Depuis quelques jours, les Palestiniens viennent de se trouver un autre "héros" : Mohammed Deif, la mystérieuse figure qui dirige la branche militaire du Hamas le mouvement islamiste palestinien.
Deif est, depuis 25 ans, en tête de liste des terroristes les plus recherchés par Israël en raison de son implication dans de nombreuses attaques terroristes comme le meurtre de soldats israéliens, divers attentats-suicides et des enlèvements. En 2015, le département d'État américain a ajouté Deif à sa Liste des Terroristes Mondiaux Spécialement Désignés.
En raison des actions terroristes qu'il a organisé contre Israël, Deif est considéré par de nombreux Palestiniens comme un « héros ».
Sa popularité est d'autant plus grande que Deif a menacé Israël de représailles sa politique à Jérusalem-Est ne changeait pas.
Dans l'une de ses très rares déclarations publiques, cet archi-terroriste basé à Gaza (sous contrôle du Hamas), a menacé Israël de lui faire payer un « lourd tribut » si les tentatives d'expulsion des familles palestiniennes de Sheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem, ne cessaient pas. « Ceci est un avertissement clair et final », a menacé Deif, laissant entendre que le Hamas aurait recours aux lancers de roquette et à toutes les autres formes d'actions terroristes contre Israël.
La menace a été formulée après qu'un tribunal de Jérusalem ait approuvé l'expulsion de quelques familles arabes de maisons qui appartenaient à des juifs dans le quartier de Sheikh Jarrah, construit avant la création de l'Etat d'Israël en 1948.
A Jérusalem et dans certaines parties de la Cisjordanie, des milliers de Palestiniens sont descendus dans la rue pour hurler des slogans à la gloire de Mohamed Deif et le supplier de mettre à exécution sa menace de tirer des roquettes sur Israël. Les Palestiniens ont également hurlé leur soutien à la branche militaire du Hamas, les brigades Izaddin al-Qassam, responsable de milliers d'attaques terroristes contre Israël au cours des trois dernières décennies.
« Nous sommes tous des Mohammed Deif » ont scandé des milliers de Palestiniens lors d'une manifestation à la mosquée al-Aqsa, le troisième site le plus sacré de l'Islam. Ils ont appelé Deif à « bombarder » Tel Aviv tout comme ils avaient incité Saddam Hussein à le faire en 1991. « O bien-aimé Saddam, frappe, frappe Tel-Aviv » chantaient-ils à l'époque !
Les manifestations ont commencé à Jérusalem au premier jour du jeun du Ramadan. Des dizaines de jeunes ont attaqué des policiers et des résidents juifs avec des pierres, des bombes incendiaires et d'autres projectiles. Les émeutiers ont expliqué que les barrières métalliques placées par la police israélienne à l'entrée d'une des portes de la vieille ville, les empêchaient de se rassembler la nuit pour fêter le Ramadan.
La police a enlevé les barrières métalliques, mais les émeutes se sont poursuivies. Les émeutiers ont alors expliqué qu'ils luttaient contre la menace d'expulsion des familles de Sheikh Jarrah et contre les tentatives des juifs de « prendre d'assaut » la mosquée al-Aqsa, une référence aux visites de routine des Juifs sur le mont du Temple, le site le plus sacré du judaïsme.
Comment est-il possible que Deif, le principal terroriste du Hamas, surgisse dans les affrontements entre les Palestiniens et la police israélienne à Jérusalem ?
En invoquant Deif et en l'adjurant de bombarder Tel Aviv, les manifestants ont révélé la vérité : leurs manifestations ne portent pas sur la mosquée al-Aqsa, ni sur le droit de propriété à Sheikh Jarrah et pas du tout sur les barrières de police dans la vieille ville de Jérusalem ; ces violences ont à voir avec l'élimination d'Israël.
Précisons avant toute chose que, contrairement à ce qu'affirment les Palestiniens et d'autres Arabes, Israël n'a en rien « modifié le statut historique ou juridique » de la mosquée al-Aqsa.
Les Palestiniens sont en colère parce que les Juifs sont autorisés à visiter le Mont du Temple. Les Palestiniens ne veulent pas que les Juifs visitent un de leurs lieux saints ; ils ne veulent pas de juifs à Jérusalem, et surtout ils souhaitent que tous les juifs qui vivent entre le Jourdain à la mer Méditerranée, disparaissent.
En quoi le bombardement de Tel Aviv aide-t-il les familles arabes menacées d'expulsion à Sheikh Jarrah ? En quoi l'appel au Hamas de lancer des attaques terroristes contre Israël aide-t-il les Palestiniens à empêcher les Juifs de visiter le Mont du Temple ?
Les drapeaux du Hamas brandis à la mosquée al-Aqsa et les appels à l'aide lancés à un archi terroriste ne font aucun mal aux Juifs, ils ne font que profaner un lieu saint de l'islam. Ceux qui lapident les policiers depuis l'enceinte d'une mosquée ne font que souiller un lieu saint. Attaquer des policiers et se plaindre ensuite qu'Israël a « « lancé un raid » et « profané » la mosquée al-Aqsa n'a guère de sens – sauf si vos mécanismes mentaux sont déformés par une logique terroriste.
Les Palestiniens ont le droit de protester contre la politique israélienne. Mais quand une contestation se transforme en manifestation pro-Hamas géante, avec appels au bombardement de Tel Aviv et assassinat de Juifs, alors la motivation meurtrière des manifestants s'expose aux yeux de tous.
Quand des milliers de Palestiniens scandent « Nous sommes tous Mohammed Deif », le message est clair : ils se considèrent comme des terroristes prêts à attaquer et à détruire Israël. Deif est leur modèle car il a assassiné de nombreux Juifs sans jamais se faire prendre, échappant à toutes les tentatives israéliennes de l'appréhender ou de le tuer.
La violence de ces derniers jours à Jérusalem montre que le Hamas dispose d'une audience forte chez les Palestiniens, y compris les résidents de Jérusalem-Est qui détiennent des cartes d'identité israéliennes mais n'ont pas le droit de vote. Après l'annexion de Jérusalem-Est en 1968, Israël a offert aux habitants arabes un droit à la citoyenneté israélienne. Peu ont accepté par crainte de passer pour des traîtres.
En tant que résidents permanents en Israël, les Palestiniens de Jérusalem jouissent de tous les droits accordés aux citoyens israéliens à une exception près : ils n'ont pas le droit de voter pour élire un représentant à la Knesset. Le droit d'accéder à la citoyenneté israélienne est ouvert en permanence et plusieurs milliers de résidents ont déjà franchi le pas.
La popularité du Hamas n'est pas seulement en hausse à Jérusalem-Est. Deif a été acclamé en Cisjordanie également, et là aussi, nombre de Palestiniens l'ont exhorté à lancer une nouvelle vague de terreur contre Israël.
Le Hamas doit sa popularité croissante à la rhétorique anti-israélienne incendiaire que les dirigeants palestiniens utilisent dans les médias, sur les réseaux sociaux, et dans les mosquées. Le Hamas doit également sa popularité à la corruption et à l'incompétence persistantes de l'Autorité palestinienne et de son président autocratique, Mahmoud Abbas.
Abbas avait de bonnes raisons de reporter sine die les élections législatives et présidentielles des 22 mai et 31 juillet. Il savait que le Hamas, comme aux législatives de 2006, allait remporter une éclatante victoire.
Abbas n'a pas eu le courage d'admettre sa défaite et a trouvé plus judicieux d'annuler les élections et d'accuser à tort Israël d'empêcher les Palestiniens de Jérusalem de participer aux élections.
Assis dans son salon à observer les milliers de Palestiniens qui, à Jérusalem, le dénoncent comme un traître et acclament le Hamas et Deif, Abbas a dû pousser un soupir de soulagement et se féliciter d'avoir reporté les élections. Les manifestations pro-Hamas à Jérusalem demeurent néanmoins un sujet de préoccupation non seulement pour Israël, mais aussi pour Abbas et son Autorité palestinienne.
Les manifestations en faveur du Hamas devraient aussi alerter l'administration Biden quant aux priorités palestiniennes. Est-il possible de relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens sur la base de la « solution à deux États » comme le souhaite le gouvernement américain ? Le Hamas et les milliers de Palestiniens qui ont scandé des slogans en faveur du Hamas et de Deif ont en tête une autre solution : l'anéantissement d'Israël et la mort des Juifs. Plus on est de fous...
Bassam Tawil est un arabe musulman basé au Moyen-Orient.