La mort tragique de trois frères et sœurs palestiniens, le 6 mai, dans l'incendie qui a détruit leur maison dans la Bande de Gaza démontre une fois de plus le manque de vergogne des dirigeants palestiniens, prêts à exploiter leurs enfants à des fins politiques et un bénéfice immédiat très étroit.
Les trois enfants de la famille Abou Hindi – Mohamed 3 ans, Nasser, 2 ans et Rahaf, deux mois, sont morts dans l'incendie de leur logement. Lee feu a éclaté en raison des bougies que les familles palestiniennes utilisent pour pallier les pannes d'électricité à répétition dans la bande de Gaza.
La crise de l'électricité à Gaza est la conséquence directe du combat que le Hamas et l'Autorité Palestinienne (AP) se livrent en permanence.
Ces derniers mois, les pannes se sont aggravées, privant des pans entiers de Gaza d'électricité. Le Hamas en rejette la faute sur l'Autorité Palestinienne qui refuse de payer les factures du combustible nécessaire au fonctionnement des centrales électriques de Gaza. L'AP réplique en accusant le Hamas de « corruption » et « d'incompétence ».
Les Abou Hindi vivent à Shati, un camp de réfugiés ou Ismail Haniyeh et d'autres chefs du mouvement islamiste résident également. Mais contrairement aux chefs du Hamas, la famille Abou Hindi n'avait pas les moyens d'acheter un générateur pour se fournir en électricité entre deux pannes de secteur. Comme l'immense majorité des familles de Gaza, cette famille frappée par le sort, utilise la moins couteuse des alternatives : les bougies.
En cette horrible soirée, les trois enfants Abou Hindi ont été se coucher pendant que les bougies brulaient encore. Quelques heures plus tard, leurs petits corps calcinés ont été extirpés des braises encore vives d'une maison recouverte d'un épais nuage de fumée.
Partout dans le monde, cet accident aurait été décrit par la presse comme une tragédie de la vie quotidienne, un de ces accidents qui peuvent se produire dans n'importe quelle ville comme New York, Londres ou Paris.
Mais à Gaza, la mort des trois enfants n'est pas une simple tragédie personnelle. Elle est un exemple de sacrifice d'enfant : les trois Abou Hindi ont été immolés sur l'autel de la guerre intestine Hamas – Autorité Palestinienne. Et ces trois petites victimes ne sont pas les premières, ni ne seront les dernières.
Avec la même intensité, l'AP et le Hamas ont utilisé la souffrance des Abou Hindi pour orchestrer une campagne de dénigrement réciproque. Ces partis sont rivaux depuis des décennies. Mais les insinuations et les insultes qu'ils ont échangé sur le dos de ces trois enfants ont, cette fois-ci, atteint une intensité proprement écœurante.
Les enfants n'étaient pas encore enterrés que les chefs du Hamas ont pointé du doigt Mahmoud Abbas, président de l'Autorité Palestinienne et Rami Hamdallah, son premier ministre, clamant haut et fort qu'ils les tenaient pour personnellement responsables de la crise de l'électricité à Gaza.
Sans la politique affirmée de l'AP de voir se poursuivre le blocus de Gaza, a déclaré Sami Abou Zuhri, porte-parole du Hamas, la crise de l'électricité à Gaza n'existerait pas. Le but ultime de l'AP a-t-il ajouté est d'affaiblir le Hamas pour reprendre le pouvoir à Gaza.
D'autres chefs du Hamas ont déclaré que la pénurie était la conséquence des taxes imposées par l'Autorité Palestinienne sur le combustible nécessaires aux centrales électriques, un fardeau financier que le Hamas n'aurait pas les moyens d'acquitter en raison du prix élevé de ce même combustible. Ils affirment que cet impôt est d'autant moins justifié que l'AP s'arrange avec Israël – qui fournit le fuel – pour se faire restituer cet impôt. En outre, ajoutent-ils, l'AP a refusé de déposer une demande auprès des autorités israéliennes pour qu'elles acceptent d'accroitre la fourniture d'électricité à la Bande de Gaza.
Traduction : le Hamas refuse d'endosser la responsabilité de deux millions de Palestiniens privés d'électricité douze heures par jour. Seuls, Mahmoud Abbas et son premier ministre sont responsables en raison de leur volonté de sortir le Hamas de la Bande Gaza
Mais à qui vont les millions de l'aide internationale ? Combien coutent les tunnels que le Hamas fait creuser pour lancer des attaques terroristes contre Israël ? L'argent sert-il uniquement à financer les terroristes et leurs familles ? Cet argent n'aurait-il pas été mieux investi à préserver la vie d'enfants qui ont brulé vifs dans un incendie causé par une bougie ?
Les chefs du Hamas ont poussé la mise en scène jusqu'au bout. Dans un geste sans précédent, des miliciens masqués des brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont participé en armes aux funérailles des enfants. Ismail Haniyeh et d'autres chefs du Hamas se sont également montrés pour présenter leurs condoléances à la famille. Les caméras qui étaient de la partie, ont fait la preuve de l'affiliation de la famille au Hamas et de sa participation active dans la mise en accusation de l'Autorité Palestinienne et d'Abbas à l'occasion de cette tragédie.
L'Autorité Palestinienne n'est pas demeurée en reste et a mené elle aussi une campagne de calomnies contre le Hamas. Yusuf Al-Mahmoud, porte-parole de l'Autorité Palestinienne, a rejeté les accusations du Hamas. « Les imposteurs au pouvoir à Gaza sont les vrais responsables de cette tragédie » a-t-il déclaré, faisant explicitement référence aux dirigeants du Hamas. « La tragédie de ces enfants de Gaza est la tragédie de tous les Palestiniens. Le Hamas est responsable de la division actuelle (entre la Cisjordanie et Gaza) ». La faction dirigeante du Fatah que préside Abbas a même été jusqu'à présenter le père en deuil des enfants comme l'un des siens.
L'Autorité Palestinienne espère maintenant que la tragédie de la famille Abou Hindi amènera les Palestiniens de Gaza à se révolter contre le Hamas.
Le Hamas de son côté souhaite que cette tragédie mine plus encore la crédibilité de l'Autorité Palestinienne, dénoncée comme complice d'un blocus qui prive le Hamas d'armes et de munitions.
Ces accusations réciproques sont le clair indicateur que l'Autorité palestinienne et le Hamas sont déterminés à poursuivre leur lutte jusqu'au dernier enfant palestinien
Certes, Abbas tente toujours de convaincre la planète qu'il est nécessaire de soutenir son plan pour la création d'un Etat palestinien souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Mais après cet enterrement, on ne l'imagine pas en position de mettre un pied à Gaza.
La tragédie de la famille Abou Hindi n'a pas de nom. Mais ce peuple palestinien, dirigé par des chefs qui se sont toujours moqué de son bien-être, vit également une tragédie d'importance nationale.
Khaled Abut Toameh, journaliste plusieurs fois primé, est basé à Jérusalem.