Pour beaucoup de Vénézuéliens, n'importe quelle mesure économique, sociale ou politique, aboutit à accélérer le rythme déjà fou du délitement de leur nation.
De graves pénuries de nourriture, d'eau potable, d'électricité, de médicaments et autres fournitures hospitalières émaillent un scénario catastrophe de rues en proie à la criminalité dans les quartiers pauvres. Cet Etat-membre de l'OPEP en quasi faillite a eu la réputation d'être la nation la plus prospère d'Amérique Latine.
Aujourd'hui, un père de famille de ce qui fut autrefois la confortable classe moyenne vénézuélienne en est réduit à se démener chaque jour, désespérément, pour trouver quelque chose qui puisse nourrir sa famille. Certains en sont réduits à fouiller les poubelles dans l'espoir d'y trouver des restes récupérables. Les 75% de Vénézuéliens qui souffrent déjà d'une extrême pauvreté frôlent aujourd'hui la famine.
L'obscurité tombe sur cette célèbre « révolution bolivarienne » d'Hugo Chavez a qui certains experts de la politique prédisaient, il y a peu encore, une vie éternelle.
Dans une étude de 2007 consacrée aux années Chavez, Mark Weisbrot et Luis Sandoval du Center for Economic and Policy Research, un think tank économique basé à Washington DC écrivaient :
« Aucun signe n'est en vue qui permette d'affirmer que l'actuelle croissance économique soit sur le point de s'arrêter. Les gains en matière de réduction de la pauvreté, d'emploi, d'éducation et de soins de santé qui ont été enregistrés ces dernières années sont susceptibles de continuer en parallèle à la croissance économique ».
Bien que de nombreux thuriféraires aient promu le Venezuela comme une utopie socialiste réussie en Amérique latine, quelque chose a mal tourné et le rêve chaviste - du nom du fondateur de la révolution marxiste vénézuélienne, Hugo Chavez- , est devenu un cauchemar économique aux proportions inimaginables.
La question de l'efficacité économique du socialisme a été réglée par une remarque de Margaret Thatcher à propos du Parti travailliste britannique :
« Ils ont été à l'origine de la plus grande et de la plus longue pagaille financière jamais réalisée dans ce pays par un gouvernement. Les gouvernements socialistes sont des habitués du gâchis financier. Ils vident les caisses des autres, c'est une de leurs caractéristiques. Ensuite, ils commencent à tout nationaliser ».
En résumé : « Le problème avec le socialisme est qu'il est toujours à court de l'argent des autres ».
Quand le président Nicolas Maduro a hérité du « rêve » socialiste vénézuélien, un mois après la mort de Chavez, en avril 2013, il était déjà confronté à une inflation de 53%. Aujourd'hui, le bolivar vénézuélien est pratiquement sans valeur, et l'inflation avoisine 500% sans donner le sentiment de se stabiliser. Selon le Washington Post :
« ... les marchés pensent que le Venezuela sera, à très court terme, dans l'incapacité de rembourser sa dette. Le pays est fondamentalement en faillite. Le Venezuela a réussi l'exploit de déposer e bilan alors qu'il possède les plus vastes réserves pétrolières de la planète. Comment cela a-t-il pu se produire ? Par une combinaison de malchance et de mauvaise politique. Le début de la fin a commencé quand le gouvernement socialiste de Hugo Chavez a entrepris de dépenser trop d'argent pour les pauvres. Le litre d'essence à deux cents et le logement gratuit peuvent sembler de très bonnes idées en général - mais à condition qu'il y ait de l'argent pour les financer. Dès 2005, les caisses du Venezuela étaient à sec ».
Chavez a eu la bonne idée de mourir juste avant que la mort munie de sa faux se profile à la porte du Venezuela. Selon Jose Cardenas, un analyste politique :
« Ce qui a commencé comme une guerre contre la « sordide » oligarchie pour bâtir le « socialisme du 21e siècle » - acclamé comme tel par de nombreux gauchistes de l'étranger – s'est effondré dans un amoncellement sans précédent de misère et de conflit ».
Maduro poursuit sans sourciller les mêmes politiques économiques et sociales du Chavismo qui ont amené une inflation qui ne trouve son équivalent historique que dans la République de Weimar des années 1920 ou une miche de pains ne pouvait être échangée que contre une brouette de marks.
Les manifestations et les appels au secours de la population pour simplement se nourrir sont la preuve désagréable qu'une société autrefois prospère est aujourd'hui disloquée par les largesses même qui ont marqué ses idéaux utopiques, voilà moins d'une décennie.
Des articles de presse terribles rapportent que les gens font la queue toute la journée aux portes du supermarché, pour finalement découvrir que les livraisons de denrées alimentaires n'ont pas eu lieu et que les étagères sont vides
En désespoir de cause, des familles de la classe moyenne ont organisé des clubs de troc en ligne comme le font des citoyens livrés à eux-mêmes qui cherchent à échanger des couches et aliments pour bébés, du lait en poudre, des médicaments, du papier toilette et autres articles essentiels qui manquent aux rayons des supermarchés et ne sont disponibles qu'au marché noir au double ou au triple de prix déjà incroyablement gonflés.
Des histoires horribles circulent sur des personnes désespérées qui abattent les animaux du zoo pour préparer leur seul repas de la journée. Même les animaux domestiques paraissent être devenus une source de nourriture de dernier recours.
Alors que la situation continue de se détériorer, le président Maduro persévère sans sourciller dans les politiques et théories faillies du « socialisme bolivarien ». Et pour détourner l'attention de la crise, il pointe un doigt accusateur contre de soi-disant « ennemis » du Venezuela, comme les États-Unis, l'Arabie Saoudite et d' autres encore.
Les efforts pour convaincre Maduro de recourir à une aide extérieure ont échoué, selon un magazine catholique, Crux :
« Maduro a refusé l'aide d'organisations caritatives internationales, y compris celle de Caritas Internationalis parrainé par le Vatican, qui, à travers différentes filiales, a essayé d'organiser des envois de médicaments et de nourriture.
« Nier la crise et refuser des envois de médicaments et de nourriture n'est pas acceptable », a déclaré le cardinal Jorge Urosa Savino, archevêque de Caracas.
Le prélat pense que Maduro refuse l'aide extérieure pour dissimuler la gravité de « la pénurie », laquelle « loin de s'améliorer va en s'aggravant ».
« La Conférence épiscopale vénézuélienne, qui réunit l'ensemble des évêques catholiques du pays, a publié une condamnation cinglante du président Maduro qui a confié aux militaires le contrôle national de l'approvisionnement alimentaire, l'accusant d'être le pilote d'une « crise morale » dévastatrice qui paralyse tous les aspects de la vie au Venezuela ».
Dans ce que certains économistes ont appelé une « spirale de la mort », les politiques économiques du gouvernement tentent d'endiguer l'inflation galopante qu'elles ont elles-mêmes créé avec une politique de fixation des prix qui entraîne des pénuries. Maduro veut obliger les entreprises et les agriculteurs à vendre à perte, ce qui provoque des faillites quand le prix de vente est largement inférieur au coût de production.
Selon Bloomberg, le marché noir est en plein essor parce que les marchandises peuvent s'y écouler à des prix non fixés par le gouvernement. On voit des gens ordinaires quitter un emploi qui ne paye plus pour se lancer dans le marché noir afin de gagner suffisamment pour faire vivre leur famille.
Une douzaine d'œufs peut se vendre 150 dollars (130 euros), et le Fonds monétaire international « prévoit une inflation de 720% cette année. Une évaluation trop optimiste, indiquent certains analystes économiques locaux, qui penchent plutôt un taux de 1200% ».
En avril Bloomberg écrivait :
« L'histoire qui illustre le mieux le chaos qu'engendre cette inflation débridée est que le Venezuela se démène pour imprimer assez rapidement de nouveaux billets qui permettent de suivre le rythme effréné des hausses de prix. Les espèces monétaires, comme presque tout le reste dans ce pays exportateur de pétrole, sont importées. Et comme ses réserves en devises atteignent des niveaux dangereusement bas, la banque centrale tarde à régler ses fournisseurs étrangers au point que ces derniers renoncent à ses appels d'offre ».
« En d'autres termes, le Venezuela est tellement brisé qu'il risque de manquer d'argent pour payer sa monnaie ».
Au sein de ce chaos, les experts ne manquent pas qui réduisent la catastrophe au seul effondrement des prix du pétrole. Selon Justin Fox de Bloomberg, l'explication est insuffisante :
« L'évolution en ciseau des recettes et des dépenses au Venezuela a commencé bien avant l'effondrement du prix du pétrole (en 2014). Lorsque les prix du pétrole étaient à leur plus haut historique en juillet 2008, les recettes publiques - dont 40% vient directement du pétrole - étaient déjà en baisse. Le principal problème tient à la production de pétrole qui a chuté, passant de 3,3 millions de barils par jour en 2006 à 2,7 millions de barils/jours en 2011. En 2014, le niveau de production était encore à 2,7 millions, selon le dernier BP Statistical Review of World Energy.
« Le Venezuela ne manque pas de pétrole. Ses réserves prouvées ont même grimpé en flèche car depuis 2000, les géologues ont amélioré leurs connaissances sur la présence de brut lourd dans la ceinture de l'Orénoque. Mais exploiter ce pétrole nécessite des ressources et de l'expertise, deux choses qui font défaut à Petroleos de Venezuela (PDVSA), une compagnie publique dont Chavez a pris brutalement le contrôle dès le début des années 2000. Après une grève, Chavez a expulsé 18.000 travailleurs et cadres qui représentaient 40% de la main-d'œuvre de l'entreprise. Puis il a exigé le contrôle des co-entreprises de PDVSA avec les compagnies pétrolières étrangères. On pourrait interpréter cela sous l'angle le plus sympathique en expliquant que le président entendait aboutir à une répartition plus juste des ressources de son pays – mais la conclusion serait la même : il a surtout rendu plus difficile la tâche de PDVSA de s'acquitter des recettes fiscales nécessaires ».
Le copinage et la corruption régnaient déjà en maitres sous Chavez quand le pétrole se vendait à près de 200 $ le baril - à un moment où le Venezuela aurait pu mettre un peu d'argent de côté pour les inévitables jours de pluie. Mais le président Hugo Chavez et son successeur Maduro, étaient surtout occupés à acheter les votes et à consolider leur pouvoir en multipliant les cadeaux à leur clientèle électorale, indique Michael Klare dans The Nation .
Derrière la tristesse et la ruine du chaos vénézuélien, se profile le spectre du crime et du meurtre indique un reportage de Time.com de mai 2016 :
« Dans un pays où la pénurie de produits alimentaires et de produits de base est chronique, l'inflation galopante et l'emprisonnement politique un risque majeur, la hausse vertigineuse du taux d'assassinats n'est que l'un des facteurs qui cimente l'opposition au président Nicolas Maduro. La montée en puissance des gangs, guérillas et milices qui défendent leur pré carré, illustre de manière sanglante l'effondrement de la société vénézuélienne depuis la fin du 20e siècle, lequel s'accélère au fur et à mesure que les structures traditionnelles de l'autorité s'effilochent ».
Le taux de criminalité du Venezuela est l'un des plus élevés au monde. Au point que le pays porte le surnom de « nation homicide », soit le pays qui souffre le plus de la violence et du crime de rue. Les cartels de la drogue, les trafiquants du marché noir, le narco-terrorisme, la criminalité en col blanc et le blanchiment d'argent sont les caractéristiques de l'héritage Chavez / Maduro.
La ruine de cette nation riche en pétrole et autrefois prospère pourrait être un signe avant-coureur du destin d'autres pays, comme les Etats-Unis, qui seraient tentés de croire que la promesse socialiste d'un repas gratuit peut durer plus longtemps qu'un cycle électoral. A moins que les politiciens n'aient envie ou besoin que de cela.
Susan Warner, spécialiste en religion et politique internationale est une associée distinguée du Gatestone Institute. Son site web :t www.israelolivetree.org