Les personnes que le président américain Donald J. Trump a nommé à la direction de son équipe de politique étrangère risquent de lui rendre difficile l'accomplissement de sa promesse inaugurale d'éradiquer le « terrorisme islamique radical de la face de la Terre » - une tâche herculéenne, dans le meilleur des cas.
L'analyse des nominations qui ont eu lieu dans les différents organismes de l'appareil de sécurité nationale des États-Unis montre que les principaux membres de l'équipe de politique étrangère du président ont des opinions pour le moins très divergentes, tant sur la menace représentée par l'islam radical - que sur la nature de l'Islam lui-même. Ces nouveaux responsables sont également en désaccord sur la politique qui doit être menée vis-à-vis de l'Iran, du conflit israélo-arabe, de l'Union européenne, de la Russie, de la globalisation et d'autres questions liées à la sécurité nationale.
Cette politique contradictoire est exacerbée par le fait que des dizaines de postes clés au Pentagone, au Département d'Etat et au sein d'autres agences gouvernementales n'ont pas été pourvus. Avec pour résultat que l'administration s'appuie aujourd'hui sur les piliers de l'administration Obama pour formuler et de mettre en œuvre la politique étrangère des États-Unis.
L'équipe actuelle des conseillers de politique étrangère est globalement divisée en plusieurs factions rivales qui sont autant de fractures idéologiques : hauts fonctionnaires de carrière contre nominations politiques, stratèges civils contre tacticiens militaires, partisans de Trump contre fidèles d'Obama, chercheurs de consensus politiquement correct contre idéologues politiquement incorrects, modérés New Yorkais contre populistes purs et durs, sympathisants palestiniens contre défenseurs d'Israël, partisans de l'Iran contre partisans d'une coalition anti-iranienne - et enfin, ceux qui pensent que l'islam a produit le terrorisme et l'islamisme radical islamique s'opposent à ceux qui affirment avec insistance que l'islam est une religion de paix.
Les vainqueurs de ces différentes luttes de pouvoir finiront par déterminer l'orientation idéologique de la politique américaine sur différentes questions liées à la sécurité nationale, y compris la guerre contre le terrorisme islamique.
Pendant la campagne présidentielle, les électeurs américains s'étaient vus promettre un changement radical de politique étrangère et la politique du consensus pratiquée par l'establishment qui règne à Washington avait été condamnée à de multiples reprises pour avoir rendu le monde moins stable et plus dangereux.
Certes, tout peut encore changer, mais le choix de l'homme qui dirige l'actuelle équipe de sécurité nationale montre que la politique étrangère de Trump, notamment sur le Moyen-Orient et le monde islamique au sens large, pourrait s'avérer être assez peu différente de la politique étrangère de l'administration Obama. Ceux qui espéraient un changement radical à l'opposé du statu quo très politiquement correct d'aujourd'hui risquent d'être déçus.
Le Conseiller à la Sécurité Nationale
Parmi les récentes nominations, la plus funeste est sans doute celle du lieutenant-général Herbert Raymond « HR » McMaster en remplacement du lieutenant-général à la retraite Michael Flynn au poste de conseiller à la sécurité nationale. Ce changement a mis en branle une cascade d'autres nominations qui, loin d'assécher le marais, semblent plutôt le perpétuer.
Flynn, qui a démissionné le 13 février après que des fuites issues des services de renseignements aient allégué qu'il avait dénaturé le compte rendu de ses conversations avec un diplomate russe, a longtemps soutenu que l'Occident était dans un affrontement civilisationnel avec l'islam, et que la guerre contre le terrorisme devait être étendue et intensifiée pour refléter cette réalité.
Son successeur, McMaster, rejette catégoriquement l'idée d'une guerre des civilisations. Ses déclarations sur l'islam sont très nuancées et techniquement assez peu différentes des propos qui étaient ceux des anciens présidents Barack Obama et George W. Bush.
Dans un discours qu'il a prononcé dans une synagogue de Stoughton, Massachusetts, en août 2016, Flynn a affirmé que l'islam radical avait pour objectif ultime d'assoir son hégémonie mondiale :
« Nous faisons face à une autre « isme », comme nous avons fait face au nazisme et au fascisme, à l'impérialisme et au communisme. Il s'agit de l'islamisme, un cancer vicieux à l'intérieur du corps de 1,7 milliard de personnes qui doit être excisé. »
Le même mois, Flynn s'est adressé aux fidèles d'une église baptiste de San Antonio, Texas :
« Je ne vois pas l'islam comme une religion. Il s'agit d'une idéologie politique qui avance sous le masque d'une religion, principalement en Occident, et en particulier aux États-Unis ; et cette idéologie politique se cache et se protège derrière ce que nous appelons la liberté de religion ».
Dans son livre, « Domaine de la lutte : comment nous pouvons gagner la guerre mondiale contre l'islam radical et ses alliés, » Flynn il a mis en garde :
« Nous sommes dans une guerre mondiale contre un mouvement de masse messianique animé par des personnes diaboliques, des personnes qui pour la plupart adhèrent à une idéologie totalitaire : l'islam radical .... Nous devons cesser de nous sentir le moins du monde coupables de les appeler par leur nom et dénoncer ces tueurs fanatiques qui agissent au nom d'une civilisation en décomposition » .
Dans une tribune publiée par le New York Post en juillet 2016, Flynn a écrit que la guerre que mène l'Amérique contre l'islam radical est opérée par des dirigeants politiques qui se refusent à une vue d'ensemble :
« Si nos dirigeants voulaient vraiment gagner [la guerre contre l'islam radical], ils auraient conçu une stratégie mondiale. Mais ils ne veulent pas recconnaître qu'une guerre mondiale est engagée. Ils mordillent craintivement aux abords du champ de bataille de l'Afrique, au Moyen-Orient, et agissent comme si chaque combat, qu'il s'agisse de la Syrie, de l'Irak, du Nigeria, de la Libye ou de l'Afghanistan, pouvait déboucher sur une solution pacifique par voie diplomatique ....
« Non, nous n'allons pas évoquer la possibilité de sortir de cette guerre ou d'échapper à ses horreurs. Demandez aux victimes de San Bernardino ou à celles du sud de la Floride, où aux parents des milliers de personnes tuées le 11 septembre. Nous vaincrons ou nous serons vaincus. Il n'y a pas d'autre « solution ».
« Je suis persuadé que nous pouvons et devons gagner. Cette guerre doit être menée au plan militaire et politique. Nous devons détruire les armées ennemies et combattre les doctrines de l'ennemi. Les deux sont faisables. Sur les champs de bataille, nous avons vaincu les forces islamiques radicales chaque fois que nous les avons affrontées, de l'Irak à l'Afghanistan. Leur force actuelle n'est pas le résultat de leur capacité à submerger nos troupes, mais la conséquence d'un retrait militaire erronée et prématuré après les avoir démolis ....
« Nous avons les moyens, mais pas la volonté. Cela doit changer. Il est difficile d'imaginer que ce changement ait lieu avec nos dirigeants actuels, mais le prochain président devra agir. »
McMaster lui, a ouvertement pris ses distances avec les vues de Flynn - et de Trump - sur l'islam. Il rejette tout lien entre terrorisme et islam, même si le texte islamique énonce clairement que le vrai musulman a le devoir de mener le djihad jusqu'à ce que tous les non-musulmans soient soumis à l'islam et à la charia.
Le 23 février, à l'occasion de sa première réunion en tant que Conseiller à la sécurité nationale, face à une équipe entièrement renouvelée, McMaster aurait exhorté ses collaborateurs à éviter d'utiliser le terme « terrorisme islamique radical ». Il a affirmé que des groupes tels que l'État islamique représentent une « perversion de l'islam » et sont donc « non-islamiques ». McMaster a ajouté qu'« il n'était pas partisan » de l'utilisation d'un terme qui fustige « toute une religion » et peut nous aliéner des alliés musulmans au Moyen-Orient.
Moins d'une semaine plus tard, McMaster a insisté pour que toute référence au « terrorisme islamique radical » soit supprimée du discours que le président Trump devait prononcer devant le Congrès le 28 février. Mais le désir du président a néanmoins prévalu. « Nous prenons également des mesures fortes » a-t-il dit, « pour protéger notre pays contre le terrorisme islamique radical ».
Bien avant de devenir le premier conseiller de l'Amérique en matière de sécurité nationale, McMaster, qui a longtemps servi en Irak et en Afghanistan, a constamment fait écho à la rhétorique de l'administration Obama qui découplait terrorisme musulman et islam.
En novembre 2016, à l'occasion d'un discours prononcé à l'Institut militaire de Virginie, McMaster a déclaré que l'Etat islamique « utilise cyniquement une interprétation pervertie de la religion pour inciter à la haine et justifier son horrible cruauté envers des innocents. »
En mai 2016, lors d'une conférence au Centre d'études stratégiques et internationales (Center for Strategic and International Studies), il a déclaré :
« Des groupes comme l'Etat islamique justifient leur violence au moyen d'une idéologie irréligieuse, une interprétation pervertie de la religion. Ils s'appuient sur l'ignorance et une certaine capacité à recruter au sein de populations vulnérables pour fomenter la haine. Ils utilisent ensuite cette haine pour justifier la violence contre des innocents. »
En août 2014, McMaster conférencier vedette du Cycle de Conférences du Président à l'Université nationale de la Défense, aurait déclaré : « L'État islamique n'est pas islamique. »
En 2010, McMaster a organisé la promotion enthousiaste d'un livre intitulé « L'idéologie islamiste militante : Comprendre la menace mondiale » (Militant Islamist Ideology: Understanding the Global Threat) du commandant Youssef H. Aboul-Enein de l'US Navy, publié par le Naval Institute Press. Dans une revue critique, l'analyste Raymond Ibrahim a conclu que les thèses développées dans le livre – et « appliquées par l'administration Obama avec des résultats calamiteux » -, sont fausses et problématiques. »
L'objectif central Aboul-Enein est d'inciter les décideurs américains à établir une distinction entre les « islamistes militants » de l'Etat islamique et les islamistes « non-militants » du mouvement des Frères musulmans.
Ibrahim réfute à cette thèse en disant : « En réalité, tous les islamistes partagent le même objectif d'une hégémonie mondiale de l'islam. La méthodologie est différente, mais l'idée que nous sommes l'ennemi à abattre est identique. »
Ibrahim continue :
Aboul-Enein suggère aussi que si un soldat américain profane le Coran, l'armée des États-Unis ne doit pas seulement le relever de ses fonctions, mais offrir des « excuses inconditionnelles » à l'instar du major- général Jeffrey Hammond, dont le comportement selon Aboul-Enein a été exemplaire : « Je viens devant vous [musulmans] quémander votre pardon, je vous regarde aujourd'hui humblement dans les yeux et vous demande s'il vous plait de pardonner à mes soldats comme à moi-même. » Cet acte de contrition a été suivi d'un baiser donné à un nouveau Coran et « cérémonieusement » remis à l'assemblée des musulmans.
Le soutien de McMaster apparait sur la jaquette du livre avec les mots suivants :
« Les organisations terroristes utilisent une idéologie étroite et irréligieuse pour recruter des marginaux et des jeunes en rupture scolaire. Comprendre l'idéologie terroriste est l'étape préliminaire indispensable pour assurer la sécurité nationale et internationale et parer à la menace que ces organisations représentent.
« Le livre de Youssef Aboul-Enein est à cet égard, un excellent point de départ. « L'idéologie islamiste militante » devrait être lu par tous ceux qui s'intéressent au problème du terrorisme international, à son idéologie, et à nos luttes contre ces organisations qui menacent les générations de musulmans et de non-musulmans, actuelles et futures ».
La position de McMaster sur l'accord nucléaire avec l'Iran demeure floue. Si son analyse du risque islamique représente une indication, McMaster, contrairement à Flynn, ne considère probablement pas l'Iran en termes idéologiques.
Le président a décrit l'accord avec l'Iran (the « Iran Deal ») comme une « catastrophe » et « le pire qui ait jamais été négocié. » Le 1er février, après le lancement par l'Iran d'un missile balistique, la Maison Blanche a indiqué que les Etats Unis appliqueraient à Téhéran une ligne plus dure. Flynn a déclaré :
« Le président Trump a sévèrement critiqué les divers accords conclus entre l'Iran et l'administration Obama ainsi qu'avec les Nations Unies ; il les a jugés faibles et inefficaces. Au lieu de se montrer reconnaissant envers les États-Unis, l'Iran affiche aujourd'hui toujours plus de hardiesse. Désormais, nous mettons officiellement l'Iran en tête de nos préoccupations ».
L'éviction de Flynn moins de deux semaines plus tard, aurait été orchestrée selon la rumeur par des proches d'Obama dans le but de préserver l'Accord avec l'Iran. Selon le journaliste Adam Kredo du Washington Free Beacon :
« Ben Rhodes, ancien conseiller de l'administration Obama – Ben Rhodes a été l'architecte des « chambres d'écho » mises en place pendant la négociation de l'Accord avec l'Iran pour créer dans les médias l'image d'un Iran ouvert à une coopération avec l'Occident – aurait, selon plusieurs sources, constitué un petit groupe de travail composé de fidèles d'Obama dans le but d'inonder les médias avec des informations destinées à éroder la crédibilité de Flynn.
« L'opération a été menée principalement pour discréditer Flynn, un adversaire de l'accord nucléaire avec Iran, afin d'empêcher l'administration Trump de divulguer les détails secrets de l'accord nucléaire avec l'Iran, détails qui n'ont jamais été rendus publics par l'administration Obama. »
Le Groupe d'Initiatives Stratégiques
Les vues de McMaster sur l'islam sont également à l'opposé de celles défendues par Stephen K. Bannon, haut conseiller de Trump pour la stratégie politique. Bannon a toujours défendu l'idée que l'Occident judéo-chrétien était en conflit de civilisation avec l'islam.
Le 28 janvier, le président a signé un décret qui a fait de Bannon l'invité permanent de toutes les réunions du Conseil national de sécurité, et un membre régulier du Comité des Directeurs (Principals Committee), un comité qui réunit les responsables des différentes agences sous la direction du Conseiller à la sécurité nationale et qui décide des questions de politique étrangère qui ne vont pas au président. Ce décret a considérablement augmenté l'influence et le pouvoir de Bannon dans le processus de prise de décision de la Maison Blanche.
Parallèlement, Bannon et le gendre du président, Jared Kushner, ont mis en place le Groupe d'initiatives stratégiques (Strategic Initiatives Group), un think tank interne à la Maison Blanche qui, selon certains analystes, aura pour tâche de passer au crible les conseils stratégiques de McMaster et du Conseil national de sécurité.
Ce Groupe d'initiatives stratégiques, a été décrit comme un « NSC de l'ombre ». Il est dirigé par Christopher Liddell, assistant du président et Reince Priebus, chef du personnel de la Maison Blanche. Il comprend également Sebastian Gorka, assistant adjoint du président et auteur du livre « Vaincre le Djihad : La guerre qu'il faut gagner ». Comme Bannon, Gorka estime que « le mouvement djihadiste mondial est une idéologie totalitaire moderne enracinée dans la doctrine et l'histoire militaire de l'islam. »
Selon la rumeur, McMaster envisagerait d'assoir son contrôle sur la politique étrangère des Etats Unis en réorganisant les équipes dédiées de la Maison Blanche. Sean Spicer, secrétaire de presse de la Maison Blanche, a déclaré que McMaster a pleine autorité pour repenser l'organisation de son personnel, mais que tout changement dans le statut de Bannon doit être approuvé par le président. Inévitable, le conflit entre McMaster et Bannon s'est traduit par le défaite de ce dernier. Le 4 avril, Bannon a été évincé du Conseil national de sécurité.
Le Conseil national de sécurité
La première décision de McMaster a été de prendre comme adjoint Dina Powell qui devient ainsi le numéro deux du Conseil national de sécurité - un poste auparavant rempli par KT McFarland.
McFarland, une ancienne de l'administration Reagan, s'est toujours montré férocement critique de la timidité de l'administration Obama envers à l'islam radical, un islam qu'elle a décrit comme « le culte de la mort le plus virulent, le plus mortel et le plus apocalyptique de l'histoire. » Dans une tribune publiée peu après les attentats djihadistes du 22 mars, 2016 à Bruxelles, McFarland a écrit :
« Le djihad islamiste mondial a déclaré la guerre à toute la civilisation occidentale. Le Président Obama et les autres dirigeants occidentaux ne le voient pas comme une guerre, mais il n'en va pas de même pour les islamistes. Rien n'ayant été fait au cours des sept dernières années, l'islam radical a explosé dans le monde entier...
« Des années durant, notre action a toujours été en deçà de celle de l'ennemi. Nos langues demeurent bridées par le politiquement correct, alors qu'ils placent des bombes dans les gares, les aéroports et les centres communautaires.
« Nous sommes en train de perdre cette guerre. Nos pertes s'accroissent un peu plus tous les jours, alors que les terroristes recrutent au gré de ces images d'innocents qui fuient leurs actes d'horreur. Nous sommes en retard pour vaincre ce fléau. Mais si nous voulons vaincre l'islam radical, une stratégie globale multi-facettes, qui fait appel à tous les aspects de la puissance nationale, la nôtre mais aussi celle de nos alliés, doit être mise en place – c'est ainsi que nous avons vaincu les nazis pendant la Seconde guerre mondiale ou les communistes pendant la guerre froide. »
McFarland, dont l'avenir au NSC était incertain depuis la démission de Flynn se serait vu offrir le poste d'ambassadeur des États-Unis à Singapour.
Dina Habib Powell, 43 ans, ancien cadre dirigeant de Goldman Sachs, est la première américaine d'origine arabe à rejoindre l'équipe Trump à la Maison Blanche. Née en Egypte, elle a émigré aux Etats-Unis quand elle était encore enfant avec ses parents coptes. Parlant couramment l'arabe, elle a travaillé comme diplomate au sein de l'administration Bush pour améliorer l'image de l'Amérique dans le monde arabe.
Powell semble également proche de nombreux démocrates, notamment de personnes qui ont travaillé dans l'administration Obama. Selon Politico, Powell est très liée d'amitié avec Valérie Jarrett qui fut un proche conseiller d'Obama. Jarrett, née en Iran, passe pour être l'architecte de l'accord nucléaire avec l'Iran. Elle aurait aussi emménagé dans la maison d'Obama à Washington, DC pour diriger un mouvement de résistance contre toute tentative de Trump de modifier en profondeur les politiques étrangères et nationales de son prédécesseur.
L'emprise de Powell viendrait de la fille de Trump, Ivanka, qui l'a engagée comme conseiller pour les affaires politiques à Washington. Powell a été décrite comme « la femme d'Ivanka Trump à la Maison Blanche. »
Pendant ce temps, McMaster a tenté de remplacer Ezra Cohen-Watnick, premier directeur du NSC pour les programmes de renseignement. Cohen-Watnick, âgé de 30 ans, est un autre protégé de Flynn et un spécialiste du renseignement ; mais l'Agence du renseignement de défense qu'il dirige aurait déplu à certains responsables de la CIA (Central Intelligence Agency). Politico a rapporté que Cohen-Watnick et Flynn « posaient un regard identique sur les échecs des opérations humaines de la CIA ». « La CIA a vu une menace (en Cohen-Watnick), alors ils ont essayé de le renverser et le remplacer par une personne loyale envers l'agence, » rapporte un informateur issu des services.
Cohen-Watnick a fait appel de la décision de McMaster auprès de Bannon et Kushner, qui ont tous deux porté la question à Trump. Le président a finalement maintenu Cohen-Watnick au poste de directeur du renseignement du NSC.
McMaster aurait voulu semble-t-il remplacer Cohen-Watnick par Linda Weissgold qui a fait toute sa carrière à la CIA. Sous Obama, Weissgold dirigeait le Bureau Analyse du terrorisme (OTA) au sein de la CIA. Le journaliste Michael Warren a écrit :
« En tant que chef de l'OTA, elle a participé directement à la rédaction des tristement célèbres « points de discussion de Benghazi », que des responsables du gouvernement ont en grande partie réécrits pour y inclure de fausses informations comme celle que les assaillants (du consulat américain de Benghazi) ont agi à l'occasion de manifestations. D'après le rapport du Comité spécial de la Chambre sur Benghazi, Weissgold a témoigné qu'elle avait changé l'un des points de discussion qui affirmait que les extrémistes de Benghazi en lien avec al-Qaïda avaient participé à des « manifestations » dans la ville libyenne, alors qu'il n'y avait pas de telles manifestations le jour de l'attaque. »
La CIA a également refusé une accréditation de sécurité à Robin Townley, directeur principal du NSC pour l'Afrique et proche de Flynn. Le refus d'une accréditation « informations sensibles compartimentées » a obligé Townley, ancien officier du renseignement longtemps habilité au plus haut niveau de sécurité, à quitter son poste au sein du NSC. Le rejet a été approuvé par Mike Pompeo, le nouveau directeur de la CIA.
Flynn et ses alliés semblent ne pas avoir caché que le rejet de Townley serait dû au scepticisme qu'il a manifesté envers la communauté du renseignement. « Ils croient que c'est un coup venu de l'intérieur de la CIA contre Flynn et les gens proches de lui », a déclaré une source, qui fait valoir qu'au sein de la communauté du renseignement certains se sont sentis menacé par Flynn et ses alliés. « Townley est d'avis que la CIA ne dirige pas le monde », a déclaré la source.
Les affaires Cohen-Watnick et Townley mettent en lumière les tensions qui existent entre la CIA et certains des conseillers de Trump qui affichent leur scepticisme sur l'agence. Flynn a été accusé de mener un « djihad contre la communauté du renseignement », tandis que d'autres voient dans l'éviction de Flynn un exemple de la capacité de nuisance d'une administration, la CIA, qui tente de conserver son autonomie face à Trump.
Simultanément, Trump a pris la décision de conserver à son poste Yael Lempert, un membre controversé du NSC sous Obama. Lee Smith, un analyste a indiqué que, selon un ancien fonctionnaire de l'administration Clinton, Lempert « est considérée comme une gauchiste en matière de politique étrangère et une critique parmi les plus dures d'Israël. » La source a ajouté :
« De sa position au NSC sous Obama, elle a contribué à produire une crise après l'autre, sans relâche, afin de construire une image négative d'Israël et diminuer l'ampleur et la profondeur de notre alliance. La plupart des démocrates à Washington n'auraient pas choisi un autre qu'elle pour gérer les affaires du Moyen-Orient. C'est comme si l'administration Trump n'avait aucune idée de qui elle est ou ignorait la profondeur de son hostilité à a relation américano-israélienne » .
Smith ajoutait :
« Est-ce cette même administration Trump qui a dit qu'elle allait déplacer l'ambassade américaine à Jérusalem ? Faire de grandes promesses aux électeurs juifs pendant la campagne, puis les balancer à la poubelle avec les panneaux de la campagne électorale d'hier est une vieille habitude à Washington. Après huit ans de gestes publics d'Obama envers ses « donateurs » favoris, les votes juifs sont particulièrement bon marché - vous pouvez nommer l'ancien porte-parole de Louis Farrakhan au poste de vice-président de votre parti et les fidèles soupireront de soulagement. Alors pourquoi Trump se gênerait-il ? »
Smith a également révélé que l'administration Trump avait conservé Brett McGurk, à qui l'administration Obama avait confié la direction de la campagne contre l'Etat islamique. Selon Smith:
« L'une des principales raisons pour lesquelles la politique d'Obama contre l'Etat islamique a échoué est que les acteurs sunnites ont refusé de s'entretuer dans une guerre civile dont le grand bénéficiaire aurait été l'Iran et ses alliés chiites. McGurk était l'homme-clé de cette politique pro-Iran, c'est lui qui a organisé la livraison sur palettes de bois de 400 millions de dollars en espèces pour les Gardiens de la révolution iraniens en échange d'otages américains.
« Rappelez-vous que l'administration Trump avait promis de rendre publics les accords secrets d'Obama avec l'Iran. McGurk a signé quelques-uns de ces documents secrets, comme ceux qui annulaient les sanctions prises à l'encontre d'un centre de financement clé du programme de missiles balistiques iranien, et le retrait de toute accusation contre 21 agents iraniens liés au terrorisme. Aucun de ces documents n'a été rendu public. Peut-être que parce que le nom de McGurk figure sur certains d'entre eux ».
Le Département d'Etat
Sahar Nowrouzzadeh qui a servi comme directeur Iran au sein du NSC sous Obama a été promu par Trump au Département d'Etat comme responsable de la planification de la politique pour l'Iran et le golfe Persique. Nowrouzzadeh, dont la tâche principale au NSC était d'aider à négocier l'accord nucléaire avec l'Iran, est un ancien employé du Conseil national irano-américain (NIAC), un lobby généralement considéré comme étant au service de la dictature islamique d'Iran.
Dans une tribune publiée par le Washington Examiner le 16 mars, Amir Basiri, un militant des droits de l'homme iranien a écrit :
« L'échec de la politique iranienne d'Obama est un témoignage clair des dommages que les politiques d'apaisement et de réconciliation ont causé au peuple iranien, aux nations du Moyen-Orient et aux intérêts des États-Unis. Le mal que Nowrouzzadeh et les personnes de son acabit ont généré ne fait que souligner la nécessité d'assécher le marais de la politique d'apaisement avec l'Iran au sein du Département d'Etat, et de se tenir aux côtés du peuple iranien pour un changement ».
Parmi les vestiges de l'administration Obama qui ont retrouvé un poste dans l'administration Trump, on trouve :
Chris Backemeyer qui au sein de l'administration Obama, était chargé de convaincre les multinationales d'aller en Iran faire des affaires avec les ayatollahs est devenu adjoint aux affaires iraniennes du sous-secrétaire d'Etat Rex Tillerson. Backemeyer est de fait le haut fonctionnaire le plus élevé en grade en charge des affaires iraniennes au sein du Département d' Etat. .
Thomas A. Shannon, Jr est un diplomate de carrière devenu sous-secrétaire d'État adjoint aux affaires politiques, soit le n°4.du Département d'Etat. Shannon a déclaré publiquement que le démantèlement de l'accord nucléaire avec l'Iran aboutirait à une course au nucléaire au Moyen-Orient. « Toute tentative de s'éloigner de l'accord ouvrirait dans la région une boîte de Pandore qu'il serait difficile de refermer » a-t-il affirmé. Une déclaration qui laisse penser que Shannon pourrait prendre la tête de la coalition qui se formerait contre toute tentative d'annuler ou renégocier l'accord ; les opposants à l'accord affirment que le test de missile auquel l'Iran a procédé en janvier fournit à Trump une occasion de déchirer l'accord conclu par son prédécesseur avec le régime islamiste.
Michael Ratney est un haut conseiller de l'ancien secrétaire d'Etat John Kerry pour la politique en Syrie. Depuis l'élection de Trump, les dossiers supervisés par Ratney au sein du Département d'Etat incluent en sus Israël et la Palestine. En juillet 2016, le sous-comité permanent du sénat américain sur les enquêtes a révélé que Ratney, qui était consul des Etats Unis à Jérusalem entre 2012 et 2015, a alloué 465 000 dollars à OneVoice International, une ONG israélienne qui a mené une campagne de dénigrement clandestine dans le but de déstabiliser le premier israélien Benjamin Netanyahu et le pousser à quitter ses fonctions. Ratney a reconnu devant les enquêteurs du Sénat qu'il avait détruit des courriels contenant des informations sur la relation que l'administration Obama entretenait avec l'association.
Le 30 mars, le Département d'Etat de Trump a annoncé qu'il autorisait Jibril Rajoub, un dirigeant palestinien connu pour ses incitations à l'assassinat et au kidnapping d'Israéliens, à séjourner aux États-Unis afin qu'il participe à une série de réunions de haut niveau sur le processus de paix israélo-palestinien.
Rajoub a été condamné en septembre 1970 à la prison à vie pour avoir jeté une grenade sur un bus de l'armée israélienne près de Hébron. Il a été emprisonné pendant 15 ans mais, à la suite d'un échange de prisonniers, il a été libéré en 1985. Depuis, il a à plusieurs reprises chanté les louanges des terroristes palestiniens qui tuent des civils israéliens. Dans une interview télévisée en octobre 2015, Rajoub a déclaré :
« Ce sont des actes de bravoure individuels, et je suis fier de ceux qui les commettent. Je félicite chacun d'eux. Je vous le dis, nous sommes fiers de vous. Celui qui s'oppose, combat, meurt en martyr, est arrêté ou blessé, représente un atout pour l'ensemble du peuple palestinien » .
L'administration Trump a rendu public un communiqué anodin qui aurait facilement pu être attribué à l'administration Obama :
« Le gouvernement américain ne cautionne pas toutes les déclarations de M. Rajoub, mais il a longtemps été impliqué dans les efforts de paix au Moyen-Orient, et a publiquement soutenu une solution pacifique, non violente au conflit israélo-palestinien. Nous continuons de faire pression sur les leaders du Fatah, y compris Rajoub lui-même, pour qu'il s'abstienne de toute déclaration ou action qui pourrait être considérée comme une incitation ou une légitimation du recours à la violence » .
Lawrence J. Haas, éditorialiste spécialisé dans les affaires internationales, a vertement critiqué l'accolade américaine à Rajoub:
« Rajoub n'est pas ce type de militant de la paix qui a juste besoin d'en rabattre un peu sur sa rhétorique. Il fait partie de ce noyau dur qui rejette toute solution pacifique avec Israël, honore les « martyrs », encourage les assassinats et enlèvements, et ne conçoit la Palestine que si elle va du Jourdain à la mer Méditerranée, effaçant au passage Israël de la carte.
« L'accolade donnée à Rajoub pose une question de fond, celle de savoir si le président Donald Trump a une politique cohérente envers Israël ou, si comme cela semble être le cas, des politiques contradictoires sont menées par des centres de pouvoir concurrents au sein de l'administration américaine, lesquels envisagent Israël et l'alliance américano-israélienne de façon très différente. »
L'historien Daniel Pipes estime lui que l'administration Trump pourrait s'inscrire dans les pas d'Obama et, finalement, se retourner contre Israël. Dans un entretien , Pipes a déclaré:
« Je ne serais pas surpris que [Trump] se retourne contre Israël, estimant que ce pays représente la partie intraitable du conflit ; c'est ce qui arrive souvent. Regardez Jimmy Carter et Barack Obama. Ils font des efforts et se sentent frustrés que les Israéliens refusent de céder davantage ; il y a une illusion persistante que si seulement les Israéliens acceptaient d'en donner plus, alors les Palestiniens se laisseraient fléchir et cesseraient leur jusqu'au boutisme. Oui, je suis inquiet. »
Ministère des Armées
Au Pentagone, James Mattis, secrétaire à la Défense, avait initialement proposé à Michèle Flournoy, une démocrate, d'être son second. Michèle Flournoy était considérée comme une possible secrétaire à la Défense au sein d'une administration Hillary Clinton. Flournoy a refusé l'offre de Mattis et le poste continue d'être occupé par Robert O. Work, nommé par Obama. Certains républicains accusent Work d'être à l'origine de l'échec de Mattis dans sa tentative d'obtenir une augmentation plus importante du budget de la défense.
Mattis, qui était en conflit avec l'administration Obama sur l'Iran, a proposé à Anne W. Patterson d'être son sous-secrétaire pour la politique. Patterson était ambassadeur en Egypte de 2011 à 2013, à un moment où l'administration Obama a soutenu le président Mohamed Morsi, lui-même soutenu par les Frères musulmans. La Maison Blanche a mis son veto à la nomination de Patterson. Le poste est actuellement occupé par Theresa Whelan, diplomate de carrière du Senior Executive Service.
Pour le poste de sous-secrétaire au personnel et à la disponibilité, Mattis avait proposé Rudy de Leon, un vétéran de l'administration Clinton et senior fellow du Center for American Progress, un think tank libéral fondé par l'acolyte de Clinton, John Podesta. Il se trouve que De Leon a signé le 30 janvier une pétition contre le moratoire de Trump sur les migrants en provenance de six pays musulmans. La pétition affirmait que le moratoire était une décision « inhumaine » et « portait atteinte à la dignité de notre grande nation. »
Au Capitole, les Républicains ont exprimé leur frustration à l'égard de Mattis. L'assistant d'un sénateur républicain de la Commission des forces armées a déclaré : « Il a certainement un poste difficile, mais il agit parfois comme s'il avait oublié que nous avons gagné les élections ». Un autre a dit : « Nous avons attendu huit ans avant d'être en mesure de remplir ces postes avec des Républicains. Nous savons que Trump ne fait pas partie de l'establishment et qu'il va agir de manière un peu différente, mais il va sans dire qu'une administration républicaine devrait nommer des Républicains à la tête des différents organismes fédéraux » .
Conseil économique national
Le Conseil économique national, principal outil du président pour le développement et la coordination de son programme économique, est dirigé par Gary Cohn, un démocrate et ancien dirigeant de Goldman Sachs comme Dina Powell. Jusqu'ici tout va bien.
En tant que principal conseiller de Trump pour la politique économique, Cohn s'est cependant affronté à Bannon sur des aspects clés des politiques économique, fiscale et commerciale de l'administration. Parmi les points de conflit, les deux hommes divergent sur la taxe d'ajustement aux frontières (Bannon est pour, Cohn contre), la taxe carbone (Cohn est pour, Bannon contre) et le commerce. Cohn est adepte de la poursuite d'une mondialisation qui soutient les accords commerciaux multilatéraux comme l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), alors que Bannon est un nationaliste économique qui les combat.
Au cours de sa campagne, Trump a parlé à plusieurs reprises de l'ALENA comme d'un accord « catastrophique » qu'il avait promis de renégocier. Le 30 mars cependant, le Wall Street Journal qui rendait compte d'un projet de proposition de l'administration Trump, a révélé que la Maison Blanche ne cherchait plus maintenant qu'à amender l'ALENA à la marge. Certaines des dispositions les plus controversées seraient laissées en l'état.
Le spécialiste économique de Fox, Charlie Gasparino a écrit:
« La façon dont Bannon et Cohn occupent aujourd'hui des positions de responsabilité au sein de l'administration Trump en dit long sur la gestion peu orthodoxe d'un président qui nomme des personnes à des postes clés sur la base de son instinct et de ses relations d'amitié.
« Alors que Trump est naturellement attiré par les analyses économiques et politiques de Bannon, il est également sensible au charisme de Cohn ; chez Goldman, Cohn était une figure imposante des salles de trading et plus tard, au fur et à mesure qu'il a gravi les échelons, il a fini par être considéré comme l'héritier présomptif du PDG Lloyd Blankfein.
« Désormais, avec Bannon et Cohn en compétition ouverte pour l'oreille du président sur les dossiers économiques, c'est le style de management de Trump qui est mis à l'épreuve. »
Roger Stone, un proche de Trump de longue date, a accusé le gendre de Trump, Jared Kushner, d'alimenter les médias en « mensonges et en dossiers » pour nuire à Bannon et à tous ceux qui plaident contre un « ordre du jour mondialiste. » Dans une interview accordée au Washington Examiner, Stone a déclaré :
« Jared Kushner, le gendre du président, sans doute le seul collaborateur de Trump qui ne risque pas de perdre son poste, entretient un contact direct et régulier notamment en SMS avec Joe Scarborough [présentateur d'une chaîne câblée et animateur d'une émission de débats] ». Stone a ajouté : « un grand nombre d'articles anti-Steve Bannon, et toutes les informations qui lui nuisent sur « Morning Joe » sont dictés par Kushner. »
Cohn et Powell passent pour être alliés avec la fille aînée de Trump, Ivanka, et Kushner. Ils seraient à la tête d'un groupe de pression au sein de la Maison Blanche surnommé « les libéraux de New York ». Lesdits libéraux mèneraient une lutte d'influence incessante contre les populistes purs et durs de Bannon sur une grande variété de sujets politiques.
L'ancien président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, conseiller officieux du président, a décrit la situation ainsi : « Il sera intéressant de voir jusqu'où les libéraux de New York vont changer Trump et jusqu'à quel point Trump va changer les libéraux de New York. »
Conclusion
Trump a la possibilité de procéder à plus de 4 000 nominations à des fonctions politiques et à des postes de direction au sein du gouvernement fédéral, mais il a aussi promis de laisser vacants un certain de nombre de ces postes « parce qu'ils sont inutiles. »
Ainsi que Lee Smith le souligne, les effets politiques des postes non pourvus et les guerres intestines au sein de l'administration Trump ont des implications politiques considérables :
« Le problème principal est le suivant : pendant que le cabinet Trump passe son temps à s'écharper, alors qu'il ne peut pas embaucher pour mettre en œuvre les politiques annoncées pendant la campagne - détruire l'Etat islamique, brider l'Iran et rompre avec l'accord nucléaire, protéger l'Amérique et les intérêts les citoyens américains, et renouer avec des alliés comme Israël qu'Obama a rendus vulnérables - des conflits décisifs et mortels se produisent presque partout dans le monde. Les personnes qui manipulent les éléments clés capables de peser sur ces conflits sont les mêmes que celles qui officiaient sous Obama, et ce en dépit du changement politique qui résulte de la dernière élection présidentielle. Il ne serait pas étonnant que les résultats soient tout aussi horribles » .
Soeren Kern est Senior Fellow Gatestone Institute basé a New York. Suivez le sur Facebook et Twitter.