Emmanuel Macron - dont la victoire aux élections présidentielles françaises le 7 mai 2017 a été présentée comme décisive - a été décrit comme un centriste, un nouveau venu en politique ayant des liens solides avec le monde des affaires, et un homme qui pourrait apporter un nouvel élan à un pays en état de stagnation.
La réalité est très différente.
La victoire de Macron n'a pas été "décisive". Bien qu'il ait reçu un pourcentage élevé des suffrages exprimés (66%), le nombre d'électeurs qui ont voté blanc ou décidé de s'abstenir a été le plus élevé jamais enregistré lors d'une élection présidentielle française.
Bien que son adversaire, Marine Le Pen, ait essayé de se dissocier de l'antisémitisme de son père, Jean-Marie Le Pen, elle a été décrite comme un être horrible par presque tous les politiciens et les journalistes tout au long de la campagne. Qu'elle ait néanmoins recueilli 34% des voix a été un signe de l'intensité de la colère et de la frustration qui imprègnent les Français. Il apparait que plus de la moitié de ceux qui ont choisi Macron ont voté contre Marine Le Pen plutôt que pour Macron.
Macron a gagné par défaut, et souffre d'un profond manque de légitimité. Il a été élu parce qu'il était le dernier candidat encore en lice, et parce que le candidat de la droite modéré, François Fillon, a vu sa campagne sabotée par une opération de démolition menée par les médias et par un usage politique de la justice. De manière significative, les poursuites contre Fillon sont devenues moins visibles sitôt sa défaite obtenue.
Macron n'est pas un centriste: il a été discrètement soutenu tout au long de la campagne par la plupart des dirigeants du Parti socialiste et par le Président socialiste sortant, François Hollande. Le lendemain de l'élection, lors d'une cérémonie commémorant la victoire alliée de 1945, Hollande ne cachait pas sa joie. Quelques jours plus tard, le 14 mai, quand il a transmis les pouvoirs de Président à Macron, Hollande a déclaré que ce qui se passait n'était pas une "alternance" mais une "continuité". Tous les membres de l'équipe de campagne de Macron étaient socialistes ou gauchistes. Le principal stratège politique de Macron, Ismael Emelien, avait travaillé pour la campagne qui a conduit à l'élection de Nicolas Maduro au Venezuela.
Le programme entier de Macron est socialiste. Les propositions de dépenses publiques supplémentaires abondent. Le "changement climatique" est défini comme la question clé pour l'avenir du monde. Les changements proposés à apporter au Code du travail et au système fiscal sont en grande partie cosmétiques et semblent davantage destinés à donner une illusion de changement qu'à provoquer des changements réels. Si Macron ne rejette pas une économie de marché, il pense que celle-ci doit être mise au service de la "justice sociale", et que le rôle du gouvernement est de "guider", "protéger", "aider" - pas de garantir la liberté de choisir et de décider. De manière significative, les économistes qui ont participé à l'élaboration du programme de Macron sont ceux qui ont élaboré le programme économique de Hollande en 2012.
Même s'il est jeune, Macron n'est pas un nouveau venu de la politique et n'incarne pas le renouvellement. Non seulement il a travaillé avec Hollande pendant cinq ans, mais ceux qui ont façonné son ascension politique ont une longue carrière derrière eux: Jacques Attali était le conseiller du président François Mitterrand dans les années 1980; Alain Minc a travaillé avec tous les Présidents français depuis que Valery Giscard d'Estaing a été élu en 1974, et Jean-Pierre Jouyet était le directeur de cabinet du Premier ministre socialiste Lionel Jospin à la fin des années 1990. Juste après les élections, trois documentaires ont été diffusés à la télévision française expliquant en détail comment la campagne de Macron avait été organisée. Macron est le pur produit de ce que des analystes ont qualifié de "nomenklatura française" - une élite arrogante, composée de hauts fonctionnaires, de détenteurs de pouvoir politique et d'hommes d'affaires travaillant en étroite collaboration avec ces derniers.
Macron ne peut être décrit comme étant proche du monde des affaires que si l'on comprend comment les choses fonctionnent en France. L'économie française est un système mixte où il est presque impossible de réussir financièrement sans avoir des relations étroites avec les dirigeants politiques qui peuvent accorder des faveurs et des subventions, et autoriser, interdire ou faciliter les contrats, ou les entraver.
Pendant les années qu'il a passé au côté d'Hollande, Macron a aidé plusieurs hommes d'affaires français. Ils l'ont remercié en contribuant massivement à sa campagne. Il serait surprenant qu'ils ne s'attendent pas à un "retour sur investissement". L'opération qui a permis l'élection de Macron pourrait être décrite dans le langage des affaires comme une "prise de contrôle". Presque tous les médias privés français appartiennent à ceux qui ont soutenu Macron et ont participé à la prise de contrôle.
Macron n'est pas censé apporter un nouvel élan à l'économie du pays, mais renforcer et consolider le pouvoir de ceux qui l'ont placé là où il est. Le but de ceux-ci est de créer un grand parti politique technocratique unique de centre gauche qui écrasera les anciens partis politiques et sera installé dans une position d'hégémonie. Le nom du parti, "En Marche!", a été établi pour désigner l'avancée dans cette direction. Les anciens partis politiques sont aujourd'hui presque détruits. Le Parti socialiste est agonisant. Le principal parti de centre-droit, Les Républicains, vacille. L'un de ses membres importants, Edouard Philippe, a été nommé Premier ministre de Macron. Un autre, Bruno Le Maire, est maintenant Ministre des finances et de l'économie: il devra appliquer une politique très différente de celle définie par son parti d'origine. Le Front national et la gauche radicale seront considérés comme des réceptacles de colère, et tout sera fait pour qu'ils soient marginalisés.
Un objectif de Macron est de confier toujours plus de pouvoir aux institutions technocratiques irresponsables, opaques et antidémocratiques de l'Union européenne: Emmanuel Macron n'a jamais cessé de souligner sa volonté sur ce plan. Le 7 mai, dès que les résultats des élections ont été connus, les dirigeants de l'Union européenne ont montré leur enthousiasme, et le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a parlé d'"un signal d'espoir pour l'Europe". Le 15 mai, immédiatement après être devenu effectivement Président, Macron est allé à Berlin, a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel et a déclaré qu'il espérait un "renforcement rapide de l'Union". Macron dit souvent qu'il veut la création d'un Ministère des finances de l'UE, dont les décisions auraient force d'obligation pour tous les États membres.
Le Président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel parlent à Berlin le 15 mai 2017. (Photo de Michele Tantussi / Getty Images) |
Un effet secondaire assumé des politiques de Macron sera le changement de population. Comme beaucoup de dirigeants européens, Emmanuel Macron semble convaincu que le remède au déficit démographique et au vieillissement des populations européennes de souche est plus d'immigration. Le 6 septembre 2015, il a déclaré que "l'immigration est une opportunité pour nous tous". Le 12 février 2017, il a dit : "Je proposerai au gouvernement algérien la création d'un Bureau franco-algérien de la jeunesse pour favoriser la mobilité entre les deux rives de la Méditerranée". Quelques semaines plus tard, il a stipulé que "le devoir de l'Europe est d'offrir l'asile à tous ceux qui recherchent sa protection", et que "la France doit accueillir un nombre équitable de réfugiés".
Presque tous les réfugiés arrivant en France sont musulmans. La France a d'ores et déjà en son sein le plus fort pourcentage de Musulmans en Europe. Macron veut que l'Islam ait plus de place en France. Sa position concernant d'autres religions n'est pas connue. Sa position sur l'islam est claire :
"Aujourd'hui, les musulmans de France sont mal représentés ... Demain, une nouvelle structure permettra de relancer les principaux chantiers du culte musulman en France : la construction et l'amélioration de lieux de culte dignes là où c'est nécessaire et la formation en France des imams. "
La branche française des Frères musulmans a félicité Macron pour sa victoire, et a publié un communiqué officiel disant: "Les Musulmans pensent que le nouveau Président de la République permettra la réconciliation de la France avec elle-même et nous permettra d'aller plus loin, ensemble".
Le Premier ministre de Macron, Edouard Philippe, a des liens étroits avec les Frères musulmans et a favorisé leur installation dans la ville dont il est le maire, Le Havre. Richard Ferrand - ancien député socialiste, secrétaire général d'En Marche! depuis sa création, et maintenant Ministre de la cohésion des territoires - a contribué financièrement au mouvement anti-Israélien BDS et à diverses organisations "pro-palestiniennes" depuis des années. Gerard Collomb, maire socialiste de Lyon, et maintenant Ministre de l'Intérieur, a financé l'Institut français de la Civilisation musulmane qui ouvrira ses portes en décembre 2017.
Dans un article récent, Yves Mamou a noté que Macron n'est pas "un promoteur patenté de l'islamisme" en France, et pourrait plutôt être défini comme un "idiot utile".
Dans un autre article récent, Bruce Bawer s'est demandé comment les Français ont pu choisir Emmanuel Macron. Sa réponse était que "les médias traditionnels ont joué un rôle". Elle était aussi que "certaines personnes ne veulent pas connaître la vérité", même si la vérité est sous leurs yeux.
"Certaines personnes sont habituées à l'idée qu'il y a des gens au-dessus d'eux dans la hiérarchie sociale dont le travail est de réfléchir et de s'occuper des grandes choses, alors que les citoyens ordinaires, tels des souris, s'occupent juste de leur petite vie".
La majorité des Français n'a pas choisi Macron, mais semble accepter l'idée qu'il y a des gens au-dessus d'eux. Ceux qui n'acceptent pas sont nombreux, mais minoritaires, et risquent de devenir plus minoritaires encore. Macron compte sur leur résignation. Il n'est pas certain que les millions de personnes qui ont voté pour Marine Le Pen, malgré ses liens avec la Russie et malgré la campagne très dure menée contre elle, et ceux qui ont voté pour des candidats de gauche radicale, se résigneront si facilement. Il n'est pas non plus certain que l'aveuglement volontaire et l'apaisement feront que les islamistes s'adouciront ou que les attaques djihadistes s'arrêteront.
Macron a déclaré qu'il était "consterné" par l'attentat terroriste de Manchester. Il a ajouté qu'il était "empli de crainte". Il n'a pas exprimé la nécessité de faire face au danger. Les Français ont toutes les raisons d'être nerveux.