Deux policiers de Bonn ont été démis de leurs fonctions pour n'avoir pas secouru une femme violée par un migrant.
Cette relative indifférence de la police a durci l'opinion publique allemande dans l'idée que les autorités ne prennent pas au sérieux la vague de violence sexuelle qui sévit en Allemagne, depuis que la chancelière Angela Merkel a ouvert les frontières à deux millions de migrants d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient, mettant en danger des milliers de femmes et d'enfants.
Une file de migrants, le 28 octobre 2015 près de Wegscheid. Sur décision de la chancelière Angela Merkel, environ deux millions de migrants en provenance d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient ont été autorisés à résider en Allemagne, la plupart en provenance d'Autriche. (Photo de Johannes Simon / Getty Images) |
L'incident s'est produit le 2 avril aux environs de minuit. Une femme de 23 ans a été violée dans un terrain de camping de la réserve naturelle de Siegaue. Quand le copain de la jeune femme, 26 ans, paniqué a appelé le numéro d'urgence de la police, une femme a décroché. : « Ma petite amie est en train d'être violée par un noir. Il a une machette » a-t-il dit. : « Vous vous foutez de ma g... ? » (« Sie wollen mich nicht verarschen, oder ? ») a répondu la policière. L'homme a protesté : « Non, non ». La policière a répondu : « Hmm ». Après quelques instants de silence, elle a promis d'envoyer une voiture de police pour enquêter. Elle a ajouté, « merci, au revoir » et a brutalement raccroché.
Quelques minutes plus tard, le petit ami a de nouveau appelé le numéro d'urgence de la police et un autre agent a répondu au téléphone. L'homme a dit : « Bonjour, je viens d'appeler votre collègue ». Le policier a demandé : « de quoi s'agit-il ? » L'homme : « Il s'agit de ma petite amie qui est en train d'être violée ». Le policier : « C'est à Siegaue, n'est-ce pas ? » L'homme : « Exactement ». L'officier a préconisé d'appeler la police de Siegburg, une ville au nord de Bonn. « Ils peuvent coordonner cela correctement », a déclaré le policier avant de raccrocher.
La police est finalement arrivée sur les lieux environ 20 minutes plus tard. Frank Piontek, porte-parole de la police de Bonn, a d'abord pris la défense des policiers de Bonn: « Même si les policiers avaient réagi différemment, nous n'aurions pas pu empêcher le viol ». L'indignation a été si générale que la direction de la police de Bonn a annoncé le 31 mai - deux mois après le viol - que les deux agents mis en cause « ne seraient plus jamais autorisés à travailler au centre de contrôle des urgences de la police ».
Six jours après le viol, la police allemande a arrêté, sur la base de preuves ADN, un migrant de 31 ans bien connu de ses services. Éric Kwame Andam X. originaire du Ghana, avait déjà été arrêté cinq fois pour divers délits sans jamais être mis en examen. A chaque fois, il a été laissé en liberté. La presse a révélé plus tard qu'il avait fui le Ghana en 2016 après avoir assassiné son beau-frère.
L'itinéraire d'Eric X., dont le défunt père était l'un des plus importants producteurs de cacao du pays, est le suivant : il a quitté le Ghana pour la Libye, puis a traversé la Méditerranée pour atteindre l'Italie. C'est là qu'il a demandé asile et a passé neuf mois dans un refuge pour migrants.
Début 2017, Eric X. s'est rendu à Rome par le train. Il est arrivé en Allemagne le 10 février 2017 et a déposé une demande d'asile qui a été rejetée un mois plus tard. Eric X. aurait dû être expulsé le 17 mars - deux semaines avant le viol commis à Bonn - mais un avocat spécialisé dans l'aide aux migrants a interjeté appel en son nom contre le rejet de la demande d'asile, en dépit du fait que la loi de l'UE stipule clairement qu'Éric X. n'était en droit de déposer une demande d'asile que dans le pays d'entrée au sein de l'UE, dans son cas l'Italie. Les juges locaux n'ont pas été en mesure de traiter cette requête d'appel en temps opportun en raison d'une surcharge de cas similaires.
Le cas d'Éric X. et de la femme de 23 ans qu'il a violé mettent crument en lumière l'échec systémique des autorités allemandes à faire respecter la loi et à assurer la sécurité publique : échec dans la sécurisation des frontières; échec dans le contrôle des migrants à l'entrée ; échec dans la poursuite et l'emprisonnement des criminels; échec à expulser les migrants dont la demande d'asile est rejetée ; et échec de la police à prendre au sérieux la pandémie de viols qui engloutit l'Allemagne depuis l'arrivée des migrants.
Le rapport annuel – « La criminalité en période de forte migration » (Kriminalität im Kontext von Zuwanderung) - du Bundeskriminalamt, (BKA, Direction de la police criminelle fédérale), rendu public le 27 avril, a révélé qu'au cours des quatre dernières années, les crimes sexuels commis par les migrants (agressions sexuelles, viols et abus sexuels sur mineurs) ont augmenté de près de 500%.
Selon le rapport, les migrants (Zuwanderer, ou demandeurs d'asile, réfugiés et immigrants illégaux) ont commis 3 404 délits sexuels en 2016 - environ neuf par jour – soit un doublement (+102%) par rapport à 2015 (1 683 délits sexuels - environ cinq par jour). Par comparaison, les migrants ont commis 949 délits sexuels (trois par jour) en 2014, et 599 en 2013, soit deux par jour.
Le rapport classe également les délinquants en fonction de leur pays d'origine : en 2016, les Syriens arrivent en tête (+ 318,7% par rapport à 2015); suivis des Afghans (+ 259,3%); des Irakiens (222,7%); des Pakistanais (+ 70,3%); des Iraniens (+ 329,7%); des Algériens (jusqu'à 100%); et des Marocains (+ 115,7%).
La criminalité sexuelle des migrants est aggravée par l'indulgence du système juridique allemand ; même quand les crimes sont graves, les peines infligées sont relativement légères. Régulièrement, les délinquants sexuels arrêtés par la police sont libérés après un simple interrogatoire. Une pratique qui encourage à la récidive en toute impunité.
À Hambourg, un demandeur d'asile afghan âgé de 29 ans, a agressé sexuellement une adolescente de 15 ans pendant son sommeil à l'hôpital local. L'Afghan avait été admis aux urgences de l'hôpital en raison de son état d'ébriété avancé. Laissé sans surveillance, il a pénétré la chambre d'une femme de 29 ans qui a réussi le convaincre de la laisser seule. Il est ensuite entré dans la chambre d'une jeune fille de 15 ans avec laquelle il a eu une relation sexuelle. Il a été placé en détention puis libéré. La police a déclaré qu'elle n'avait pas motifs suffisants pour le mettre en examen.
Egalement à Hambourg, le 8 juin, un tribunal a décidé que Ali D., un Irakien de 29 ans coupable de viol sur une mineure de 13 ans à la station de métro Jungfernstieg, ne pouvait pas être accusé d'abus sexuel sur enfants (Sexueller Missbrauch von Kindern ) parce qu'il ne pouvait pas savoir que la fille avait moins de 14 ans. En droit allemand, un enfant n'est considéré comme tel que s'il a moins de 14 ans. Une fois abandonné le chef d'accusation d'abus sexuel sur enfant, Ali D. n'a été accusé que de viol, lequel est puni d'une peine maximale de quatre ans de prison. Le tribunal s'est montré clément envers Ali D. - enfui en Hongrie après le viol, il a été extradé en Allemagne le 2 mars – qui a reconnu le viol. Le tribunal a également déclaré que Ali D. bénéficiait d'« une responsabilité atténuée » (verminderte Schuldfähigkeit) en raison de son état d'ébriété au moment du viol.
Le même tribunal s'était déjà signalé pour des peines avec sursis contre un groupe d'adolescents serbes coupables d'un viol collectif sur une jeune fille de 14 ans qu'ils avaient laissé pour morte à l'extérieur par une température inférieures à zéro. Le juge a déclaré à l'époque, que « les peines peuvent paraître légères au public », mais les adolescents avaient reconnu leur méfait, semblaient touchés par le remord et ne représentaient plus selon lui, un danger pour la société.
Cette décision qui a permis aux violeurs de repartir libres, avait soulevé d'indignation l'opinion publique sur le problème des crimes sexuels commis par les migrants en Allemagne. Une pétition en ligne demandant que des peines de prison ferme soient appliquées aux violeurs a recueilli plus de 100.000 signatures. Les procureurs ont fait savoir qu'ils feraient appel du verdict. Cependant, le tribunal n'a pas encore réinscrit l'affaire à son ordre du jour.
À Berlin, un turc de 23 ans a été acquitté parce que sa victime n'a pas pu prouver qu'elle n'était pas consentante. La cour a entendu que l'homme avait coincé la tête de la femme dans les barreaux d'acier de la tête de lit et qu'il l'a violée à plusieurs reprises pendant plus de quatre heures. La femme a crié « stop » et a résisté en griffant le dos de l'accusé, mais à un moment donné, elle a cessé de résister. Le tribunal a demandé : « Est-ce que le défendeur pensait que vous étiez d'accord ? » Les juges ont estimé qu'ils ne pouvaient pas déterminer si, du point de vue de la culture turque, ce que la jeune femme a affirmé être un viol n'aurait pas été plutôt perçu par le violeur comme une séance de sexe sauvage.
En Autriche, la Cour suprême a réduit la peine d'Amir A., un Irakien de 21 ans, de sept à quatre ans de prison pour le viol d'un garçon de 10 ans dans une piscine publique à Vienne. Au cours de son procès, Amir A. a reconnu avoir violé le garçon. C'était une « urgence sexuelle » a-t-il expliqué en raison du sevrage sexuel qui était le sien depuis quatre mois. L'avocat de la défense a persuadé la Cour suprême que la peine de sept ans était « draconienne » et « excessive ». Compte tenu de sa détention préventive, Amir A. sera bientôt libéré.
Néanmoins, et pour autant que les sondages d'opinion soient fiables, la chancelière Merkel ne devrait pas payer le prix politique du rôle qui a été le sien dans la crise migratoire. Elle semble en effet, aussi populaire aujourd'hui qu'elle l'était avant l'irruption de la crise des migrants en août 2015.
Un sondage ARD-Deutschlandtrend du 8 juin a révélé que 64% des Allemands sont « satisfaits » ou « très satisfaits » de Merkel. Si la chancelière allemande se présentait au suffrage universel direct, 53% des personnes interrogées (+ 4% par rapport au mois précédent) choisiraient Merkel, tandis que 29% opteraient pour son challenger social-démocrate, Martin Schulz (-7% par rapport au mois précédent).
En septembre 2016, un sondage ARD-Deutschland avait indiqué une chute de 45% de la cote de popularité de Merkel, soit le chiffre le plus bas depuis cinq ans et une baisse de 67% par rapport à l'année précédente. À l'époque, plus de la moitié des personnes interrogées (51%), avaient estimé qu'il « ne serait pas bon » que Merkel soit reconduite pour un nouveau mandat en 2017.
Les sondages montrent que deux facteurs jouent en faveur de Merkel : l'absence de rival sérieux et le fait que les électeurs jugent qu'elle serait la moins mauvaise des candidats pour diriger le pays.
Soeren Kern est senior fellow de l'Institut Gatestone, basé à New York.