Prenez la peine d'ouvrir les yeux sur les vraies combattantes de la liberté. Observez ce qui se passe dans les rues en Iran ou écoutez la championne d'échecs Anna Muzychuk.
Au risque de leur vie, les femmes iraniennes, jettent bas le masque de tous ceux qui promeuvent la burqa et le hijab comme « symboles de libération ».
Ce peuple iranien désespéré qui a envahi la rue contre le régime islamiste éclaire d'une lumière crue la vie amère faite aux Iraniens, notamment aux femmes, courbées depuis quarante ans sous la férule de la loi islamique (charia).
Ces manifestations révèlent aussi le hideux visage d'islamistes qui prennent leur peuple en otage et ne reculent devant rien - répression, prison, torture, exécutions - pour étancher leur soif de pouvoir.
Les femmes iraniennes, comme beaucoup d'autres, sont malades et fatiguées de vivre sous plusieurs couches d'emprisonnement.
Ebranlé par la résolution des manifestants, le pouvoir iranien a promis d'adoucir ces lois misogynes qui envoient en prison les femmes qui, à Téhéran, se dévoilent en public.
Mais les manifestants ne veulent pas d'une réformette : ils veulent mettre fin à l'extrémisme. Ils ne croient plus aux promesses de ce régime.
Les sceptiques ont raison. L'offre est piégée. Le régime n'arrêtera pas les femmes qui remettent en question le code vestimentaire strict de l'Iran, mais il leur imposera des « cours de moralité » sous l'égide de la police de la charia.
Etrange proposition d'ailleurs : le régime aurait-t-il imaginé d'« informer » les femmes pour mieux les surveiller ?
Les dirigeants iraniens ont promis de cesser d'emprisonner les femmes qui apparaissent dévoilées en public. En échange, les « délinquantes » devront assister à des « cours de moralité » organisés par la police de la charia. (Source de l'image: Wikimedia Commons) |
Les chaînes que les Iraniens tentent de briser sont ces symboles de « mode » et de « libération » que des organisations comme le CAIR ou que des cohortes de personnalités islamistes comme Linda Sarsour, tentent de positiver pour le public occidental.
Ces propagandistes ne sont que les porte-parole de régimes extrémistes. Non seulement, ils asservissent leur propre peuple, mais pèsent aussi sur son développement économique et intellectuel en favorisant une idéologie suprémaciste et haineuse dans l'arène mondiale.
Croyant cibler les « violences » faites aux femmes, les organisateurs de la Marche des femmes aux États-Unis ont abandonné toutes ces invisibles et autres importunes, soumises depuis des siècles à des traitements inhumains.
Ces soi-disant « libérateurs » des femmes musulmanes ont fait un tort énorme à toutes les femmes piégées au sein de sociétés totalitaires, comme l'Iran et l'Arabie saoudite. Au nom de la loi islamique (charia), ces théocraties imposent simplement des règles anti-femmes.
Les authentiques héroïnes du féminisme telles le grand maître d'échecs ukrainien, Anna Muzychuk, sont rares. Muzychuk a crevé la bulle des marcheuses promoteuses de hijab : elle a refusé de participer à un tournoi d'échecs en Arabie Saoudite en raison des mauvais traitements que ce pays inflige aux femmes :
« Voilà un an exactement, j'ai remporté ces deux titres et j'étais la personne la plus heureuse du monde des échecs, mais cette fois, je ne suis vraiment pas à l'aise. Je préfère rester fidèle à mes principes et boycotter un tournoi ou j'aurais pu gagner plus qu'en participant à une douzaine d'autres tournois ».
Le courage de Mme Muzychuk l'a amenée à refuser de cautionner la réalité amère des sociétés religieuses conservatrices. Et ce refus ne peut pas être noyé sous de jolis mots, ni par des fabricants cupides de vêtements, sans parler des discours malhonnêtes.
Par son refus, cette courageuse joueuse d'échecs a fait plus pour les vrais droits des femmes en 2017 que le reste du monde.
Où qu'elles vivent, les femmes musulmanes traversent l'enfer quand elles réclament que les sociétés ou elles vivent leur reconnaissent un brin d'égalité, de liberté ou de respect. Elles sont soumises à des discriminations juridiques et financières. Dans un tribunal, leur témoignage vaut officiellement « moitié moins que celui d'un homme » (Coran 2 : 282, Sahih International), et elles ne touchent qu'une demi part d'héritage (Coran 4 :11, Sahih International). Elles subissent la polygamie de leur mari autorisé à disposer de quatre épouses, et peuvent être répudiées en quelques minutes grâce au « triple- talaq » qui donne à un homme la possibilité de se séparer de sa femme en prononçant trois fois les mots :« je divorce d'avec toi » (Coran, 2: 222-286 ). Elles peuvent aussi être mariées à un âge prépubère et lapidées à mort pour adultère en cas de viol, à moins que quatre hommes témoins de l'agression ne déposent devant un tribunal qu'elles n'étaient pas consentante (quelle est la probabilité que cela se produise ?).
De telles lois ne font que servir les intérêts des conseillers en communication islamistes et des musulmans extrémistes, qui propagent les programmes inspirés par la charia en Occident.
Les marcheurs qui ont défendu le « droit des femmes » en Occident en défendant le hijab ont préféré ignorer les violences subies au quotidien par les femmes musulmanes, tels les crimes d'honneur, la tutelle masculine, les mariages forcés, la généralisation des mutilations génitales féminines, les violences commises contre les femmes par les conseils de la charia, ces institutions religieuses si populaires au Royaume-Uni, et les mariages arrangés tels le halala (une divorcée ne peut se remarier avec son ancien mari que si elle s'est mariée avec un autre homme auparavant, puis a divorcé d'avec lui).
Les normes rigides et immuables des sociétés musulmanes privent les femmes de leurs droits fondamentaux à l'autodétermination et à une vie libre.
Le monde doit soutenir la lutte des manifestants iraniens et le courage qu'ils montrent en défiant frontalement ces islamistes.
Le peuple iranien, contrairement à ses homologues égyptien et libyen, tente de jeter à bas une théocratie rigide et totalitaire en vue de la remplacer par une démocratie.
Pour les innombrables femmes des sociétés religieuses conservatrices, la liberté reste encore un rêve. Il est grand temps que le monde s'attaque de front aux véritables problèmes du droit des femmes.
Khadija Khan est une journaliste et éditorialiste pakistanaise, actuellement basée en Allemagne.