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Dans la soirée du 26 mai, le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini a commenté les résultats des élections européennes: "Une nouvelle Europe est née", a-t-il dit. Le parti qu'il dirige, la Ligue, venait de l'emporter, avec 34,3% des voix. D'autres partis définis en Europe comme "populistes" avaient eux aussi gagné: en Hongrie, l'alliance Fidesz-KDNP (Alliance civique hongroise et le Parti populaire démocrate-chrétien) a obtenu 52,3% des voix. En Pologne, le parti PiS (loi et justice) a obtenu 45,4% des voix. Le Parti populaire autrichien (ÖVP) de Sebastian Kurz a reçu 34,6% des voix et le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), son allié, a reçu 17,2% des voix, en dépit du récent scandale qui a conduit à la démission de Heinz-Christian Strache, président du FPÖ, de son poste de vice-chancelier (le gouvernement Kurtz est tombé le 27 mai).
Au Royaume-Uni, la victoire du Parti Brexit avec 31,6% des voix a été un exploit remarquable et a montré la volonté persistante de millions de Britanniques de quitter l'Union européenne. Les positions "populistes" - défense de la souveraineté nationale et de la civilisation européenne, refus de l'immigration incontrôlée et des diktats des technocrates de Bruxelles - ont gagné du terrain.
Dans de nombreux pays européens, néanmoins, les résultats des partis "populistes" ont été mitigés. En France, le Rassemblement national de Marine Le Pen a terminé en première position, mais avec 23,3% des voix seulement: 0,9% de plus que La République en marche, le parti créé il y a trois ans par Emmanuel Macron. L'impopularité très élevée de ce dernier ne lui a apparemment pas coûté cher. En Suède, les Démocrates suédois n'ont reçu que 15,4% des voix, soit 2% de moins que lors des élections générales suédoises de 2018. Le mouvement Alternative pour l'Allemagne (AfD) a reçu 11% des voix, et Vlams Belang en Belgique 11,2% des voix. En Espagne, Vox, 6,2% des voix, a obtenu un résultat plus décevant encore. Aux Pays-Bas, le Forum pour la démocratie a recueilli 10,9% des voix et le Parti pour la liberté de Geert Wilders, tombé à 3,5%, n'a aucun élu.
La "vague populiste" souvent évoquée ces dernières semaines n'a pas submergé l'Europe. Les partis "populistes" n'auront qu'un peu plus de vingt pour cent des sièges au Parlement européen: assez pour se faire entendre, mais pas assez pour exercer une effective influence.
Les partis qui ont gouverné l'Europe pendant des décennies ont obtenu des résultats médiocres mais, à de rares exceptions près, ne se sont pas effondrés, et ils continueront de dominer l'Union européenne. La défaite écrasante du parti Conservateur britannique (8,9% des voix, le résultat le plus faible de son histoire) est le résultat de l'incapacité de Theresa May à parvenir au Brexit. En France, la chute des Républicains (8,5%) et des Socialistes (6,2%) s'explique par le fait que la plupart de leurs dirigeants (républicains et socialistes) ont rejoint Macron il y a deux ans. En Allemagne, l'alliance CDU-CSU n'a obtenu que 28,9% des voix, mais cela lui a permis de gagner quand même. Le SPD socialiste a obtenu un score en baisse, mais honorable: 15,8%.
Dans plusieurs pays d'Europe occidentale, les partis socialistes ont gagné ou obtenu de bons résultats, ce qui montre que le socialisme n'y perd pas de terrain. Le Parti socialiste espagnol a triomphé (32,8%), tout comme le Parti socialiste portugais (33,4%). Aux Pays-Bas, le parti travailliste (18,9%) a terminé premier. En Italie, les socialistes ont obtenu 22%; au Danemark, 21,5% et en Suède, 23,6%.
Le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit et le Parti socialiste européen (PSE) ont perdu du terrain. Leur alliance n'aura que 43% des sièges. Pour la première fois depuis 1979, année des premières élections au Parlement européen, ils ne seront pas en mesure de former une majorité. Ils restent néanmoins dominants. Ils auront besoin d'alliés. Ils les trouveront probablement au sein de l'ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe), un groupe composé de partis de centre-gauche qui soutiennent davantage encore d'abandons de souveraineté et davantage encore de contrôle de l'Union Européenne depuis le haut.
Ils les trouveront sans aucun doute parmi les véritables vainqueurs des élections européennes: les partis verts. Les Verts allemands (20,5% des voix) ont terminé en deuxième position. En France, EELV (Europe Ecologie, Les Verts), a terminé troisième, avec 13,5% des voix. Les Verts ont également obtenu de très bons resultats aux Pays-Bas (10,9%), en Suède (11,4%), au Danemark (13,2%), en Autriche (14,1%) et en Belgique (15,2%). L'alliance PPE-PSE comptera certainement sur les partis verts pour contrer et isoler les partis "populistes", et les partis verts vont vraisemblablement acquérir davantage d'influence, avec les conséquences qui découleront.
Tous ceux qui lisent de près les programmes des partis verts, peuvent voir qu'ils sont essentiellement des partis de gauche portant un masque vert. Ils soutiennent tous l'immigration sans restriction et le multiculturalisme. Ils sont aveugles aux dangers résultant de l'islamisation de l'Europe et résolument hostiles à la défense de la civilisation occidentale, à la libre entreprise et au libre marché. Ils sont souvent en faveur d'une croissance zéro. La plupart d'entre eux ont une vision apocalyptique du changement climatique et affirment que la survie de l'humanité sera en jeu si l'Europe ne prend pas de mesures drastiques pour "sauver la planète". Tous sont favorables à des décisions autoritaires imposées depuis Bruxelles à toute l'Europe.
Un parlement européen placé sous l'influence des Verts accélérera vraisemblablement le glissement vers un pouvoir accru des membres de la Commission européenne, ainsi que le renoncement progressif à l'énergie nucléaire et aux énergies fossiles. Des politiques favorables à davantage d'immigration sont d'ores et déjà en préparation.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán continue de souligner les dangers de l'immigration de masse musulmane en Europe et a défini la Hongrie comme "le dernier rempart contre l'islamisation de l'Europe". L'Italien Salvini a déclaré que "l'Europe est menacée par l'islamisation" et pourrait devenir un "califat islamique". La plupart des autres dirigeants "populistes", cependant, n'ont pas pris de risques et ont choisi de ne pas évoquer le problème. Marine Le Pen, en France, a parlé parfois d'"extrémisme islamiste", mais a immédiatement ajouté que la plupart des Musulmans européens s'intégrent. En Grande-Bretagne, le leader du parti Brexit, Nigel Farage, n'a pas dit un mot sur le sujet. Tommy Robinson, qui a fait du péril islamique le thème principal de sa campagne, a subi un harcèlement constant et a reçu tout juste 2% des voix. Aux Pays-Bas, le chef du Forum pour la démocratie, Thierry Baudet, a globalement défendu les mêmes positions que Geert Wilders, mais a évité de parler de l'islam et Geert Wilders a subi une défaite.
Les graves problèmes démographiques de l'Europe ont à peine été mentionnés lors de la campagne. L'idée qu'un changement de population puisse se produire a été traitée comme si elle était un fantasme "d'extrême droite". Les faits, cependant, ne peuvent être ignorés. Dans presque tous les pays européens, les taux de fécondité sont bien inférieurs au seuil de remplacement, qui est de 2,1 enfants par femme. Le chiffre pour l'Italie est 1,45. En Allemagne, il est 1,48; en Espagne 1,5; en Hongrie 1,4 et en Pologne 1,38. La France (1,97) est le seul pays d'Europe continentale où les chiffres sont plus élevés - mais elle est le pays qui compte la plus importante population musulmane d'Europe, et toutes les données disponibles montrent que les taux de natalité sont plus élevés dans les familles musulmanes. La population de la plupart des pays européens est en diminution. L'Italie perd 250 000 habitants par an, soit presque la population de Venise. L'Allemagne a décidé d'accueillir des millions d'immigrés pour mettre fin au déclin de sa population, et aujourd'hui, 12% des citoyens allemands sont nés à l'étranger. L'afflux massif de centaines de milliers d'immigrants musulmans dans le pays en 2015 a été un désastre. L'intégration n'a pas eu lieu. La plupart des nouveaux arrivants sont toujours sans emploi et dépendent des aides sociales pour survivre. Le nombre d'agressions sexuelles a beaucoup augmenté.
Le nombre d'attaques antisémites a également augmenté. La situation est devenue si inquiétante que Felix Klein, le commissaire chargé de la vie juive et de la lutte contre l'antisémitisme en Allemagne, a récemment exhorté les Juifs à ne pas porter de kippas en public. Angela Merkel a déclaré qu'"à ce jour, il n'y a pas une seule synagogue, pas une seule garderie pour enfants juifs, pas une seule école juive qui ne doive être sous la garde de policiers allemands". Bien que les enquêtes montrent que la plupart des attaques antisémites dans le pays viennent d'immigrés musulmans, elle a préféré évoquer les "spectres du passé".
La situation en France n'est pas très différente. Sammy Ghozlan, directeur du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), a dit que presque toutes les attaques antisémites dans le pays ont une dimension en commun: "le coupable est musulman". Le gouvernement français prétend lutter contre l'antisémitisme, mais ne dénonce que "l'antisémitisme de droite et de gauche". Il ne parle jamais de l'antisémitisme musulman.
Commentant les résultats des élections européennes - et notant que les mouvements "populistes" n'auront aucun poids au Parlement européen, que les Verts gagnent du terrain, que l'islamisation va se poursuivre et que l'antisémitisme va sans doute continuer à augmenter - le journaliste Éric Zemmour a déclaré que l'Europe était probablement tout au bord d'un déclin irréversible. L'écrivain Renaud Camus a noté dans son journal que les Européens semblent choisir l'euthanasie.
Dans les premiers paragraphes de L'étrange suicide de l'Europe, Douglas Murray a écrit: "D'ici la disparition de la plupart des gens actuellement en vie, l'Europe ne sera plus l'Europe".
En dépit de l'enthousiasme de divers commentateurs face aux résultats des mouvements "populistes", de nombreux signes semblent montrer que les élections européennes n'ont pas arrêté le déclin de l'Europe. Si rien ne change, dans quelques décennies, l'Europe pourrait effectivement ne plus être l'Europe.