Après trois mois d'intense débat politique, la coalition au pouvoir en Allemagne a annoncé des mesures pour faciliter l'expulsion de migrants qui auront été condamnés pour des actes criminels.
Ces mesures ont été prises dans l'urgence pour tenter de calmer l'extrême indignation qu'ont suscitées les agressions sexuelles commises par les migrants à l'encontre de centaines de femmes, le soir de la Saint Sylvestre, à Cologne et plusieurs autres grandes villes allemandes. Colère d'autant plus forte que les médias et les élus ont tenté de passer ces violences sous silence.
Baptisées Paquet Asile II (Asylpaket II), les nouvelles dispositions ont pris la forme d'un projet de loi qui a été rendu public le 28 Janvier 2016. Avant d'être mis en application, il doit être lu et approuvé par le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand,
Une mesure clé de ce paquet législatif prévoit d'augmenter de deux à cinq le nombre de Centres d'Accueil des Migrants. Ces Centres sont censés accélérer le traitement des dossiers pour les migrants « légitimes », ceux en mesure de prouver qu'ils fuient réellement une zone de guerre.
Ces centres auront également pour fonction d'éliminer les demandes d'asile frauduleuses et d'expulser plus rapidement les migrants économiques qui tentent de se faire passer pour des réfugiés.
En sus, le plan prévoit une période intermédiaire de deux ans avant que les réfugiés légitimes soient autorisés à faire venir leurs familles. Des exceptions sont bien sûr prévues pour ceux en mesure de prouver que leurs proches sont victimes de « persécutions personnelles immédiates ».
Le gouvernement a également déclaré qu'il limitera l'immigration en provenance d'Afrique du Nord. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie seront déclarés zones sures, sans conflits ni menaces de violence, sans persécutions ni tortures. Toute demande d'asile de ressortissants en provenance de ces pays entrainera donc un refus automatique.
Les critiques ne se sont pas gênés pour affirmer que Paquet Asile II est une farce politique dont la substance est insuffisante pour enrayer la crise des migrants en Allemagne.
UN, le gouvernement Allemand a perdu toute trace de centaines de milliers de migrants entrés dans le pays en 2015. La chaîne de télévision N24 a affirmé que la moitié (50%) des « demandeurs d'asile » est passée dans la clandestinité, laissant les autorités fort démunies pour les localiser. Il s'agit de migrants économiques qui tentent d'éviter l'expulsion et d'autres qui craignent que leur demande d'asile soit rejetée.
Le Saarbrücker Zeitung a affirmé que 30% des migrants initialement accueillis par les Lander de l'est comme le Brandebourg, la Thuringe et la Saxe-Anhalt ont tout « simplement disparu ». En aparté, les autorités allemandes ont reconnu que des centaines de milliers de migrants sont entrés dans le pays sans avoir été enregistrés et qu'il n'existe aujourd'hui aucun moyen de les répertorier.
Deux, des dizaines de milliers de migrants ont détruit leurs passeports et toutes autres pièces d'identité avant d'entrer en Allemagne. Des années seront nécessaires aux services concernés avant de pouvoir les identifier ainsi que leur pays d'origine. Autant dire que toute tentative d'expulsion deviendra ainsi plus complexe et surtout plus longue à mettre en place. Même si l'Allemagne renvoie ces personnes à leur point d'entrée initial (c'est à dire la Grèce, la Hongrie ou l'Italie), dans une Europe sans frontières, ces migrants n'auront aucune difficulté à revenir en Allemagne.
Trois, les barrières légales à l'expulsion sont élevées en Allemagne. La loi prévoit que seuls les criminels condamnés à trois ans de prison au minimum sont passibles d'expulsion. Un cas de figure qui se présente rarement : la plupart des infractions commises sont des délits mineurs. Le gouvernement s'interroge sur une réforme de la Section 60 de la loi sur les permis de séjour (Aufenthaltsgesetz) de façon à rendre possible l'expulsion de migrants condamnés à un an de prison. Mais même si les migrants sont des criminels endurcis et condamnés pour tels, ils ne peuvent être expulsés en direction de pays ou zones que le gouvernement allemand juge « dangereux ». En outre, les migrants ne peuvent être renvoyés dans des pays où ils risquent la peine de mort.
Au regard de nombreux analystes, la magistrature allemande souffre de langueur politiquement correcte. Bien que les migrants soient à l'origine d'une hausse de la criminalité violente à travers l'Allemagne, les autorités allemandes continuent de minimiser l'anarchie, sans doute pour éviter d'alimenter le ressentiment de la population envers les nouveaux arrivants.
Une note de police confidentielle qui a fuité dans les colonnes du Rheinischen Post a révélé qu'en 2014, un nombre record de 38 000 demandeurs d'asile a été reconnu coupable de crimes divers dans le pays. Les analystes estiment que ce chiffre — environ 100 crimes par jour — ne représente qu'un fragment du tableau : de nombreux crimes ne sont pas rendus publics.
A Hambourg, la police a déjà perdu la bataille contre les vols à l'arraché. Chaque année, plus de 20,000 sacs à main — environ 55 chaque jour — sont volés. Selon Norman Großmann, chef du service des inspecteurs de la Police fédérale de Hambourg, 90% des sacs à main sont arrachés à leurs propriétaires par des hommes jeunes âgés de 20 à 30 ans et originaires d'Afrique du Nord ou des Balkans.
Tania Kambouri, officier de police allemande, et auteur d'un bestseller sur la faillite du multiculturalisme en Allemagne a décrit l'effondrement du système judiciaire et la manière dont les juges paraissent réticents à appliquer la loi, y compris à l'égard de multirécidivistes.
Quatre, la décision du gouvernement allemand de bloquer toute demande d'asile présentée par un migrant en provenance d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie n'aura qu'un effet marginal. Sur le million de migrants entré en Allemagne en 2015, moins de 20.000 pourraient provenir de ces trois pays.
Parallèlement, un nouveau sondage publié par le magazine Focus, a révélé que près de la moitié des Allemands souhaite aujourd'hui la démission de la Chancelière Angela Merkel en raison de sa politique d'immigration et du million d'immigrants en provenance d'Afrique, d'Asie et du Moyen Orient présent aujourd'hui sur le territoire allemand.
Imperturbable, Angela Merkel refuse obstinément de fermer les frontières, seule mesure capable d'empêcher la crise des migrants de devenir totalement hors contrôle.
En dépit de la neige, de la glace et d'une chute du thermomètre dans une grande partie de l'Europe, les migrants continuent d'affluer. Chaque jour, ils sont 2 000 à franchir les frontières de l'Allemagne. Plus de 54.500 personnes ont accosté en Europe en Janvier 2016, dont 50 668 en Grèce, selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Le Fonds monétaire International (FMI) estime qu'1.3 million de demandeurs d'asile cherchera à entrer en Europe en 2016, mais aussi en 2017.
Le 9 Janvier, Gerd Müller, ministre du développement a déclaré au journal Bild, que le gros du flux de réfugiés était encore à venir. Selon M Müller, seuls 10% des migrants issus du chaos irakien et syrien sont en Europe : « Huit à dix millions sont en route ».
Parallèlement, les Allemands sont de plus en plus nombreux à se voir refuser l'entrée aux Etats Unis sans visa. Les services de sécurité américains s'inquiètent de la prolifération des faux passeports qui pourraient être utilisés par les terroristes. Selon une enquête publiée par le site d'information en ligne Politico :
« Dans la foulée des événements terroristes survenus à Paris, le Département américain de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security) est si préoccupé de sa capacité à contrôler l'entrée sur le territoire américain qu'il a fixé un ultimatum à la France, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie et la Grèce. Ces pays auront jusqu'au 1er février pour combler leurs failles juridiques, sinon ils s'exposeront à une suppression du programme d'exemption de visas. Ce programme, qui profite principalement aux Européens, permet à 20 millions de personnes en provenance de 38 pays, d'entrer aux Etats Unis librement, c'est dire sans visa, pour les affaires ou le tourisme ».
Selon Politico, le nombre de passeports volés ou perdus au sein de l'Union Européenne a doublé. L'industrie du faux passeport au Moyen Orient est ainsi devenue un sujet de préoccupation. Interpol dispose aujourd'hui de données sur 250,000 passeports syriens ou irakiens perdus ou volés, y compris les passeports vierges.
Soeren Kern est chercheur associé du Gatestone Institute de New York et du Grupo de Estudios Estratégicos de Madrid. On peut le suivre sur Facebook et Twitter. Son premier livre, Global Fire, sera publié début 2016.