La ville de Nice a levé son interdiction controversée du burkini islamique après que le tribunal administratif ait jugé cette interdiction illégale. Les interdictions de ce maillot de bain qui couvre l'intégralité du corps ont également été annulées à Cannes, Fréjus, Roquebrune et Villeneuve-Loubet. Les arrêtés antiburkini demeurent en vigueur dans au moins 25 autres villes côtières françaises.
Le débat sur le burkini - un néologisme qui associe burqa et bikini – en a ravivé un autre plus ancien sur les codes vestimentaires islamiques en France et d'autres Etats européens laïques (voir l'annexe ci-dessous).
Le 26 août, le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, a invalidé un arrêté pris à Villeneuve-Loubet, une ville balnéaire de la Côte d'Azur, qui interdisait le burkini au nom « des bonnes mœurs et de la laïcité ». Le Conseil d'Etat a estimé que l'interdiction - prononcée après l'attaque djihadiste du 14 juillet à Nice, ou 86 personnes ont trouvé la mort - était « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales, y compris la liberté de mouvement et la liberté de conscience ». Les libertés individuelles ne peuvent être restreintes ont dit les juges que s'il existe un « risque démontré » d'atteinte à l'ordre public. Aucune preuve d'un tel risque n'a pu être apportée.
La décision s'applique uniquement à Villeneuve-Loubet, mais les observateurs remarquent qu'elle crée un précédent juridique pour les 30 autres villes et villages qui ont interdit le burkini.
La haute cour a donc invalidé un jugement du tribunal administratif du 22 Août, qui affirmait que l'interdiction burkini était « nécessaire, appropriée et proportionnée » au maintien de l'ordre public.
La plainte contre les arrêtés antiburkini était portée par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et la Ligue des droits de l'homme (LDH). Les deux organisations se sont engagées à poursuivre toute municipalité qui interdirait le burkini, portant ainsi atteinte, selon eux, à la liberté religieuse des musulmans de France.
Patrice Spinosi, avocat de la LDH, a déclaré qu'en l'absence d'une menace démontrée à l'ordre public, la Haute Cour « a statué que les maires n'ont pas le droit de fixer des limites au port de signes religieux dans un espace public. C'est contraire à la liberté de religion qui est une liberté fondamentale ».
Les partisans de l'interdiction – qui appartiennent à tout l'éventail politique - font valoir que les burkinis sont des vêtements politiques et non religieux.
Yves Thréard éditorialiste au Figaro, a lancé un avertissement :
« Le pire serait que le débat s'éternise et se fourvoie dans des considérations totalement étrangères à cette scandaleuse tenue. La laïcité et la religion sont ici hors sujet. Le burkini n'est pas une prescription coranique, mais la énième manifestation d'un islam politique, militant, destructeur, qui cherche à remettre en question notre mode de vie, notre culture, notre civilisation.
Voile à l'école, prière de rue, menu scolaire halal, apartheid sexuel dans les piscines, les hôpitaux, les auto-écoles, niqab, burqa... Depuis trente ans, cet entrisme met à mal notre société, cherche à la déstabiliser. Il est temps de lui claquer la porte au nez. Youssef al-Qaradawi, célèbre prédicateur égyptien, jadis conférencier en France avant d'être interdit de territoire, avait prévenu : « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons. »
Par notre indifférence autant que par notre naïveté, nous avons longtemps été les complices de cette funeste et sournoise entreprise. »
Manuel Valls, Premier ministre, a déclaré que le burkini n'est rien d'autre que « l'affirmation de l'islam politique dans l'espace public ». Dans un entretien à La Provence, Valls, un socialiste, déclare :
«Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s'ils sont motivés par la volonté d'encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique», explique le premier ministre. «Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses», souligne Manuel Valls. Or le burkini «est la traduction d'un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l'asservissement de la femme», déclare-t-il. Derrière le burkini, «il y a l'idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu'elles devraient donc être totalement couvertes. Ce n'est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République», estime le chef du gouvernement. «Face aux provocations, la République doit se défendre», ajoute-t-il.
Laurence Rossignol, Ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, s'est déclaré en faveur de l'interdiction du burkini. Dans un entretien au Parisien, elle a déclaré :
Le burkini n'est pas une nouvelle ligne de maillots de bain ou une nouvelle fantaisie. C'est plutôt la version plage de la burqa, car c'est la même logique : il s'agit d'enfermer, de dissimuler le corps des femmes pour mieux les contrôler. Derrière cela, il y a une vision profondément archaïque de la place de la femme dans la société et donc des rapports entre les hommes et les femmes. Il y a l'idée que, par nature, les femmes seraient impures et impudiques et qu'il faudrait donc cacher leur corps, l'enfermer, l'effacer, le gommer de l'espace public.
Si le burkini crispe autant, c'est en raison de sa dimension politique, collective. Ce n'est pas seulement l'affaire de celles qui le portent car il est, pour moi, le symbole d'un projet politique hostile à la mixité et à l'émancipation des femmes.
Le premier ministre Manuel Valls a déclaré que le burkini « est la traduction d'un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l'asservissement de la femme... il y a l'idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu'elles devraient donc être totalement couvertes. Ce n'est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre ». Photo ci-dessus : Le 23 août, quatre policiers de Nice, sont photographiés en train d'obliger une femme à retirer une partie de ses vêtements dont le port est en violation d'un arrêté interdisant le burkini Elle a été verbalisée. (Image source: NBC News video screenshot) |
L'ancien président français Nicolas Sarkozy, qui a récemment annoncé sa candidature aux prochaines élections présidentielles de 2017, a déclaré que s'il est élu, « il modifierait la constitution » et appuierait une interdiction nationale du burkini. Le 26 août, à l'occasion d'une réunion électorale, Sarkozy (Les Républicains), a dit :
« Je serai le président qui restaurera l'autorité de l'Etat. Je veux être le président qui garantit la sécurité de la France et de tous les Français ...»
« Je refuse de laisser les burkinis s'imposer sur les plages françaises et dans les piscines ... il doit y avoir une loi pour l'interdire sur tout le territoire de la République. Notre identité est menacée lorsque nous acceptons une politique d'immigration qui n'a aucun sens. »
Dans un entretien au Figaro, Sarkozy a ajouté :
« Le port du burkini est un acte politique militant, une provocation. Les femmes qui le portent testent la résistance de la République française. Si nous ne mettons pas un terme à cela, le risque existe que, dans dix ans, les jeunes filles musulmanes qui ne veulent pas porter le burkini ou le voile soient stigmatisées et obligées de le porter ».
Henri Leroy, maire de Mandelieu-La-Napoule, une des premières villes françaises ayant interdit le burkini, a déclaré qu'il faut rappeler aux Français musulmans « qu'ils sont Français d' abord et de confession musulmane ensuite. » Il a ajouté : « Notre République a des traditions et des coutumes qui doivent être respectés ».
Le maire de Cannes, David Lisnard (Les Républicains), affirme que le burkini est un « uniforme qui est le symbole de l' extrémisme islamique ». Le chef des services municipaux de Cannes, Thierry Migoule rejette le burkini comme une « tenue ostentatoire qui signe son allégeance à des mouvements terroristes qui nous ont déclaré la guerre ».
David Rachline, maire de Fréjus, a tweeté que la décision du Conseil d'Etat « est aujourd'hui une victoire de l'islam radical, de l'islam politique, qui avance sur notre territoire ».
Lionnel Luca, maire de Villeneuve-Loubet (Les Républicains), a déclaré que l'interdiction du burkini était nécessaire pour « contrer l'islamisation rampante dans notre pays ». Il a ajouté que la décision du Conseil d'Etat, « loin d'apaiser [les musulmans], ne peut qu'aviver les passions et les tensions ».
Ange-Pierre Vivoni, maire socialiste de Sisco en Corse, a pris un arrêté interdisant le burkini sur les plages « pour protéger la population ». Un père de famille musulman avait violemment pris à partie un vacancier qu'il accusait de prendre des photos de sa femme en burkini. 400 Corses bien décidés à en découdre avec les migrants d'Afrique du Nord se sont mobilisés à la suite de cette bagarre. Le jour suivant, près de 500 Corses ont défilé à travers la ville de Bastia aux cris de « Aux armes ! On va monter parce qu'on est chez nous »
Les sondages d'opinion révèlent un large soutien de la population aux interdictions du burkini. Un sondage Ifop publié par Le Figaro, le 25 août, indique que 64% des personnes interrogées sont opposées au burkini sur les plages ; 6% seulement n'y voient pas d'inconvénient. Jérôme Fourquet, le patron de l'Ifop a déclaré : « Les résultats sont semblables à ceux que nous avons mesuré en avril sur la présence du voile et du foulard sur la voie publique (63% y sont opposés) Les plages sont assimilées à des rues, où le port de symboles religieux ostentatoires est également rejeté par les deux tiers des Français ».
Soeren Kern est Senior Fellow de l'Institut Gatestone basé à New York. Il est également Senior Fellow pour la politique européenne du Grupo de Estudios Estratégicos / Groupe d'études stratégiques basé à Madrid. Suivez-le sur Facebook et sur Twitter .
Annexe
Les lois anti burqa dans les pays européens
Le vigoureux débat français sur le burkini - un néologisme né de l'association entre burka et bikini - a relancé un débat ancien sur les codes vestimentaires islamiques dans d'autres pays européens.
Autriche. Le 13 août, Norbert Hofer, (FPÖ) candidat à la présidence du Parti libéral autrichien, a appelé à une interdiction de la burqa. « Cela fait sens » a-t-il dit. Quelques jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration, Sébastian Kurz (Parti populaire Autrichien, ÖVP), a déclaré que la nouvelle loi sur l'intégration limiterait le port de la burqa. « Un voile intégral est une entrave à l'intégration », a déclaré Kurz. « La burqa est pas un symbole religieux, mais le symbole d'une contre-société ».
Wolfgang Sobotka, ministre de l'intérieur, a estimé qu'une interdiction générale de la burqa poserait des « problèmes constitutionnels ». En revanche dit-il, une interdiction des burqas au passage des frontières et au volant serait plus réaliste.
Un sondage national publié le 25 août a révélé que 75% des Autrichiens sont en faveur d'une interdiction de la burqa.
Le FPÖ avait déjà appelé à une interdiction de la burqa en juillet 2014, mais à l'époque, Kurz avait jugé le débat « artificiel ».
En juin 2016, Hainfeld a été la première municipalité autrichienne à interdire le burkini dans les piscines publiques. A Vienne, les médias locaux ont fait état d'une « augmentation notable » du nombre de baigneuses en burkini dans les piscines publiques de la capitale.
Pays Baltes. En avril 2016, le gouvernement letton a annoncé un projet de loi pour interdire la burqa à partir de 2017. Selon le gouvernement, la loi a pour but de faire en sorte que les immigrants musulmans respectent les valeurs du pays. Une interdiction de la burqa est en discussion en Estonie et en Lituanie .
Belgique. En juillet 2011, la Belgique a été le second pays européen - derrière la France – à interdire la burqa. Les contrevenants risquent une amende de 137€ et jusqu'à sept jours de prison. Depuis l'interdiction il y a cinq ans, plus de 70 contraventions ont été distribuées contre soixante-sept femmes à Bruxelles et sept à Liège.
En août 2016, Nadia Sminate, députée belge d'origine marocaine et flamande, a appelé à une interdiction totale de la burqa. Dans un entretien à De Standaard, elle a dit :
« Il faut absolument éviter que des femmes se promènent en Flandre en burkini. Ni à la piscine, ni à la plage. Je ne pense pas que, au nom de la religion, les femmes veuillent marcher sur les plages revêtues d'une telle monstruosité. Si nous permettons cela, nous aurons placé les femmes en marge de la société. Nous vivons en Flandre et nous établissons les règles. Si nous disons que nous devons fixer des limites et faire respecter nos valeurs, nous devons le faire ».
Grande - Bretagne. Le 31 août, un sondage YouGov a révélé que la majorité des Britanniques (57%) est favorable à l'interdiction de la burqa dans les lieux publics ; 25% y sont opposés. Le seul groupe d'âge opposé à une interdiction est celui des 18-24 ans ; les plus âgés (65ans et +) sont pour l'interdiction à 78% contre 12%. Les principaux partis politiques ont également une pluralité d'électeurs favorables à une interdiction. Une question distincte posée par YouGov a révélé que 46% des Britanniques veulent aussi interdire le burkini ; 30% y sont opposés
Bulgarie. En juin 2016, le Parlement bulgare a approuvé une nouvelle loi qui interdit la burqa. La Bulgarie est le troisième pays européen - après la France et la Belgique - à adopter une telle loi. L'interdiction concerne les citoyens bulgares, et toute personne munie d'un titre de séjour temporaire.
La loi stipule que les vêtements qui cachent le visage ne peuvent être portés dans les administrations centrales et locales, les écoles, les institutions culturelles et les lieux publics dédiés aux loisirs, aux sports et à la communication.
Se couvrir la tête, les yeux, les oreilles et la bouche ne sera autorisé pour raisons de santé, contraintes professionnelles et à l'occasion d'événements sportifs et culturels. L'interdiction s'applique aussi aux lieux de culte.
La loi prévoit une amende de 200 leva (100 €) pour une première infraction. A la deuxième infraction et à toutes les suivantes, l'amende sera de 1500 leva (755 €, 430 $) et la suppression des prestations sociales.
Toute personne qui incite une autre à voiler son visage est passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison et 5000 leva d'amende (€ 2.500). Un adulte qui inciterait une mineure à se voiler le visage encourt une peine maximale de cinq ans de prison et une amende maximale de 10.000 leva (5.000 €).
République tchèque. En mars 2016, une étudiante musulmane de Prague a porté plainte contre une école d'élèves infirmiers après qu'une interdiction de porter le hijab (voile islamique) pendant les cours lui ait été signifiée. L'école a fait valoir que les étudiants ne devraient pas se couvrir la tête pendant les cours.
Danemark. En août 2016, le Parti du peuple danois a présenté au Parlement une proposition d'interdiction de la burqa. Dans une interview à Metro Express, Kenneth Kristensen Berth, porte -parole du parti, a déclaré que ce vêtement doit être interdit pour des raisons de sécurité :
« Il est arrivé à plusieurs reprises, principalement au Moyen-Orient, que des personnes revêtues d'une burqa se soient révélées être des kamikazes. Cela finira par se produire en Europe. Je rentre de Londres, où le nombre de burqas dans les rues a considérablement augmenté. Ces vêtements peuvent servir à poser des bombes sans laisser de traces ».
France. En avril 2011, la France est devenue le premier pays européen à interdire la burqa et le niqab. En juillet 2014, la Cour européenne des droits de l'homme a validé l'interdiction.
Après l'attaque djihadiste de juillet 2016 à Nice au cours de laquelle 86 personnes ont été tuées, pas moins de 30 villes et villages ont interdit le burkini sur les plages.
Le 26 août, le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative de France, a invalidé l'arrêté municipal de Villeneuve-Loubet, une ville balnéaire sur la Côte d' Azur, contre le port du burkini au motif que le trouble à l'ordre public n'était pas constitué. Bien que la décision ne s'applique qu'à Villeneuve-Loubet, plusieurs tribunaux administratifs ont annulé des arrêtés antiburkini qu'ils avaient précédemment autorisés.
Les sondages d'opinion révèlent un large soutien du public en faveur de l'interdiction du burkini. Selon un sondage Ifop-Le Figaro du 25 août, 64% des personnes interrogées en France se disent opposées au burkini sur les plages ; 6% seulement y sont favorables. Jérôme Fourquet, directeur de l'Ifop a déclaré : « Les résultats sont semblables à ceux que nous avons mesuré en avril sur le port du voile et du foulard sur la voie publique (63% contre) Les plages sont assimilées à des rues, et le port de symboles religieux ostentatoires est rejeté par les deux tiers des Français ».
Allemagne. Le 18 août, Thomas de Maizière, ministre de l'intérieur, a annoncé une proposition de loi en faveur d'une « interdiction partielle de la burqa » mais néanmoins étendue aux espaces publics, y compris les jardins d'enfants, les écoles, les universités, les bureaux du gouvernement et au volant d'un véhicule.
« Nous rejetons le voile intégral » a dit de Maizière. « Non seulement la burqa, mais tout voile intégral qui ne révèle que les yeux d'une personne. Ça ne cadre pas avec notre société, avec notre façon de communiquer, et notre cohésion sociale. Nous exigeons que vous montriez votre visage ».
Le 12 août ans, dans Bild, Julia Klöckner, chef adjoint du parti chrétien-démocrate (CDU), a dit :
« Le voile intégral entrave l'intégration des femmes. Il n'est pas un signe de la diversité religieuse, mais propose une image dégradante de la femme. Il est interdit en France, et la Cour européenne des droits de l'homme a confirmé cette interdiction ».
Le 30 juillet, dans Die Welt, Jens Spahn, élu CDU a déclaré :
« Une interdiction du voile intégral, du niqab et de la burqa est un signal tardif envoyé au monde. Imaginez ce que serait cette conversation si nous étions entièrement voilés pendant que nous parlons. Je ne veux pas rencontrer de burqa dans ce pays. Je suis burqaphobe ».
Dans une tribune publiée par Bild, Bassam Tibi, ancien professeur à l'Université de Göttingen et « musulman européen » comme il se nomme lui-même, s'est dit favorable à l'interdiction de la burqa :
« Une interdiction de la burqa serait une mesure politique intelligente contre les personnes qui tentent de créer des sociétés parallèles. Elle aiderait à l'intégration des migrants musulmans et œuvrerait à la sécurité de la République fédérale d'Allemagne ».
Un sondage Infratest-Dimap publié le 26 août a révélé que 81% des Allemands sont en faveur de l'interdiction de la burqa dans les lieux publics. Mais 51% sont favorables à une interdiction totale de ce vêtement.
Le 22 août, un tribunal d'Osnabrück a interdit à une étudiante de porter son voile en classe. La Sophie Scholl avait initialement accepté l'étudiante, puis est revenue sur sa décision quand elle a insisté pour porter son niqab en classe. Les responsables scolaires ont dit que la communication nécessaire à l'éducation n'était pas possible si seuls les yeux de l'élève sont visibles.
En juin, la municipalité de Neutraubling (Bavière) a interdit le burkini dans les piscines publiques après que les nageuses se soient plaintes du caractère antihygiénique du vêtement. Le maire Heinz Kiechle a déclaré : « Je ne comprends pas en quoi le burkini est nécessaire, le soir, quand la piscine est réservée aux femmes ».
Italie. La burqa et le niqab ont été interdits le 1er janvier 2016 dans tous les bureaux et hôpitaux publics de la région nord-est de la Lombardie.
Le 17 août, le ministre de l'intérieur, Angelino Alfano, a déclaré que l'Italie n'interdira pas le burkini pour ne pas susciter de réaction dans la communauté musulmane. Il a déclaré au Corriere della Sera ,:
« Le ministre de l'Intérieur a la responsabilité d'assurer la sécurité publique et de choisir un niveau de répression qui ne soit pas perçu comme une provocation invitant à des représailles ».
Malte. En octobre 2015, le gouvernement a débattu d'une interdiction de la burqa en public après qu'une photographie ait été publiée montrant une femme intégralement voilée au volant d'une automobile. L'article 338 du Code pénal stipule que le « port d'un masque ou d'un déguisement dans un lieu public représente une menace pour l'ordre public » sauf si ce « déguisement a lieu à un moment précis et dans un lieu précis autorisé par la loi ». Certains membres du gouvernement ont toutefois jugé nécessaire de clarifier la loi pour interdire spécifiquement la burqa.
Un imam local, Mohammed Elsadi, a déclaré qu'une interdiction de la burqa menacerait l'intégration et la paix sociale à Malte. Il a ajouté : « dans un monde globalisé où des gens de différentes cultures vivent ensemble et entrent en relation de mille et une façons différentes, chaque pays a intérêt à accroitre les libertés individuelles autant qu'il est possible ». Il a ajouté : les musulmans devraient avoir « toute liberté de vivre selon leurs propres normes et mode de vie ».
Helena Dalli, Ministre de l'Egalité a répliqué :
« Plusieurs milliers de musulmans vivent à Malte, et nombre d'entre eux sont ici depuis longtemps, voire plusieurs générations. La burqa et le niqab ne sont pas des vêtements que l'on pourrait associer à cette communauté, par conséquent, une interdiction claire d'une dissimulation du visage ne devrait avoir aucun impact sur la grande majorité des musulmans ».
Pays-Bas. En mai 2015, le gouvernement néerlandais a interdit le port d'un voile islamique recouvrant le visage dans les transports publics et dans les lieux publics comme les écoles et les hôpitaux. Les contrevenants sont passibles d'une amende de 405€. L'interdiction ne concerne pas le port de la burqa ou du niqab dans la rue.
Norvège. En août 2016, une commission interpartis chargée de plancher sur l'intégration a proposé d'interdire la burqa et le niqab dans les institutions publiques et de prohiber le hijab dans les écoles publiques. Dans un rapport de 50 pages intitulé « Dix commandements pour une meilleure intégration », la commission a appelé à des directives nationales claires sur les codes vestimentaires islamiques pour améliorer l'intégration.
« Pour améliorer l'intégration, nous devons encourager la participation à la vie publique » a déclaré Jette Christensen, élu du parti travailliste. « Par conséquent, nous ne pouvons autoriser les visages voilés ».
Maryan Keshvari du parti du Progrès a ajouté : « Nous n'autoriserons pas l'uniforme islamiste dans les écoles norvégiennes ».
En 2013, le Parlement norvégien avait rejeté une interdiction de la burqa au prétexte que la Norvège risquait d'être invalidée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). La CEDH a depuis validé la décision française de juillet 2014, mais les partisans norvégiens de l'interdiction n'ont pas réussi à convaincre le parlement d'interdire la burqa en Norvège.
Slovénie. En novembre 2015, le Parti démocratique (opposition ; SDS) a présenté un projet de loi visant à interdire la burqa et le niqab en public et à durcir les conditions d'obtention du droit d'asile en Slovénie.
« Quand ils sont en Slovénie, les gens doivent respecter la culture slovène et les coutumes slovènes », a affirmé le chef du SDS, Janez Janša. « Voilà pourquoi nous avons rédigé ce projet de loi sur l'interdiction de la burqa en public ».
Vinko Gorenak, élu SDS a ajouté : « Nous nous adaptons à leurs coutumes quand nous allons dans leur pays. Il n'y a pas de raison qu'ils n'en fassent pas autant quand ils sont dans notre environnement culturel ».
Espagne. En décembre 2010, la ville de Lérida (Catalogne) a promulgué une interdiction de la burqa dans les lieux publics. En février 2013, la Cour suprême espagnole a jugé cette interdiction inconstitutionnelle dans la mesure où elle « constitue une limitation du droit fondamental à l'exercice de la liberté de religion, qui est garanti par la Constitution espagnole ». Le tribunal a estimé que la limitation d'un droit fondamental n'est possible que par une loi nationale et non par une ordonnance locale.
En septembre 2014, lors du débat parlementaire sur la loi de sécurité publique (Ley de Seguridad Ciudadana), le ministre de l'intérieur Jorge Fernández Díaz a appelé à l'interdiction de la burqa dans les lieux publics. Il a expliqué que la question avait deux dimensions : la sécurité et la dignité des femmes.
« Pour ce qui me concerne, la burqa porte atteinte à la dignité des femmes », a déclaré Fernández Diaz. « Mais cela ne relève pas du champ de responsabilité du ministère de l'Intérieur ». En termes de sécurité, a-t-il ajouté la burqa « rend plus difficile l'identification des individus qui commettent des crimes ».
En août 2016, un parc aquatique de Gérone (Catalogne) a interdit le burkini « pour des raisons de sécurité ». En juin 2014, Vitoria (Pays Basque) à interdit le burkini dans les piscines publiques. En novembre 2014, un chauffeur de Vitoria a empêché une femme en burqa de monter à bord de son bus.
Suisse. Le 1er juillet 2016, une interdiction de la burqa est entrée en vigueur dans le Tessin, le premier canton suisse à agir en ce sens. Chaque infraction sera passible d'une amende de 10.000 francs suisses (9.100 €). Cette décision fait suite à un référendum organisé en septembre 2013 à l'issue duquel 65% des électeurs de ce canton italophone se sont prononcés en faveur de l'interdiction.