La semaine dernière, le général Lord Richards, ancien chef d'état-major et officier du Royaume-Uni doté de la plus grande ancienneté militaire, a lancé une extraordinaire accusation. Au micro de la BBC, il a déclaré qu'une partie de l'establishment britannique à Whitehall (siège du gouvernement britannique) pense que nos propres soldats sont «mauvais» et que les terroristes agissent en tant que « combattants de la liberté ».
Les affirmations de Lord Richards ont une signification profonde pour le Royaume-Uni, mais aussi pour les États-Unis ; elles affectent la poursuite de la guerre contre le terrorisme et les relations que le Royaume Uni entretient avec l'Etat d'Israël. Ses propos sont pourtant passés largement inaperçus.
Lord Richards a mis en cause la campagne de persécutions judiciaires actuellement menée contre les troupes britanniques qui ont combattu en Irak et en Afghanistan – une première dans l'histoire, puisqu'on voit aujourd'hui un gouvernement entreprendre de se retourner contre ses propres forces armées.
Des instructions judiciaires sont actuellement en cours sur 1.492 cas présumés de mauvais traitements en Irak, et plus de 600 cas en Afghanistan. Chacune de ces affaires met en cause plusieurs militaires, si bien que les mises en examen ciblent en réalité plusieurs milliers de soldats. Nous ne parlons pas ici de délits mineurs, mais d'actes de violence graves comme le viol, et la torture. Rien qu'en Irak, 235 accusations de meurtre sont en cours d'instruction.
Certains soldats subissent une instruction ininterrompue depuis plus de 10 ans. D'autres qui ont été acquittés lors de l'instruction préliminaire ou par une cour martiale, se sont retrouvés inquiétés à nouveau par de nouvelles accusations et des audiences judiciaires à répétition. Il est arrivé que cinq instructions se succèdent pour un seul incident.
Des milliers de volontaires qui ont choisi de risquer leur vie au service de leur pays, et qui ont vécu des événements parmi les plus traumatisants qui soient - comme de voir leurs proches camarades déchiquetés sous leurs yeux - sont aujourd'hui contraints de revivre leur expérience militaire encore et encore au microscope d'un examen juridique. Certaines familles ont éclaté, des emplois ont été perdus, des vies ont été ruinées. Certains soldats ont envisagé le suicide, d'autres ont tenté de passer à l'acte.
Le gouvernement britannique ne semble pas avoir compris que des abus, commis à cette échelle, ne peuvent avoir le moindre fondement, car ils équivalent à une dislocation de l'ordre et du contrôle qui sont au cœur du fonctionnement militaire. Or l'armée britannique se caractérise par un bilan ininterrompu de force, de courage et de discipline dans toutes les circonstances, lesquelles ont souvent été redoutables et périlleuses. De toutes les grandes armées qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale, l'armée britannique a été la seule à ne pas souffrir de mutineries majeures sur la ligne de front. Aujourd'hui, on nous demande de croire que les arrières petits-fils des poilus de 14-18 se sont désagrégés, alors qu'ils étaient engagés dans des conflits de moindre intensité, comme en Irak et en Afghanistan,.
J'ai servi 30 ans dans l'armée britannique. Je sais avec certitude que tout ceci n'a pu se produire. Certaines de ces accusations comportent sans doute des traces de vérité, comme cela est inévitable quand les êtres humains vont à la guerre. Mais dans leur écrasante majorité, ces procédures sont motivées par ce mélange de cupidité et de vindicte antibritannique qui anime tant les accusateurs irakiens et afghans que leurs cabinets d'avocats britanniques. A la fin d'une enquête publique de cinq ans sur des cas présumés de détenus torturés et assassinés, les soldats britanniques mis en examen ont été blanchis et le président du tribunal, un ancien juge de la Haute Cour, a conclu que les plaintes se sont avérées être des « mensonges délibérés, des spéculations irresponsables et une hostilité enracinée ».
Cette vendetta sans fin a été menée par des gouvernements successifs qui ont utilisé l'argent des contribuables britanniques pour aider et financer des Irakiens et des Afghans à se porter partie civile contre nos soldats. Des avocats sans scrupules et politiquement orientés, ont parcouru l'Irak et l'Afghanistan à la recherche d'individus prêts à porter plainte. En réalité, n'ayant pas le courage de mettre eux-mêmes le pied dans des endroits dangereux, ils ont payé des agents locaux pour mener cette recherche à bien. Deux cabinets d'avocats font maintenant l'objet d'une enquête pour pratiques abusives, sollicitation et rétention illégale de preuves.
Voilà maintenant que le général Richards accuse. Cet officier n'a rien d'un franc-tireur aigri qui règle des comptes personnels avec le gouvernement. Il jouit du respect de ses pairs et est considéré comme l'un des chefs militaires britanniques parmi les plus réfléchis et les plus mesurées depuis la Seconde Guerre mondiale. Son expérience du commandement au combat est aujourd'hui sans égale. Il a travaillé au cœur de l'establishment britannique des décennies durant et nul ne saisit mieux que lui, la réalité des coulisses et des jeux de pouvoir dans les antichambres de Whitehall.
Il affirme aujourd'hui que de petits groupes de personnes au sein de l'establishment, animées des intentions dont on vient de parler, ont acquis un tel pouvoir aujourd'hui qu'elles ont pris le pas sur les responsables militaires les plus élevés en grade, ceux précisément dont la mission est de conseiller le gouvernement, de diriger les forces armées, mais aussi de veiller aux intérêts de leurs soldats. Le général Richards affirme que ces lobbies internes à Whitehall ont suborné les ministres successifs et tous les hauts fonctionnaires qui ont la responsabilité constitutionnelle de prévenir les dérapages au sein des forces armées.
Depuis plusieurs années, des ministres, des secrétaires permanents, des amiraux et des généraux de l'armée de l'air ont été balayés par ce courant corrosif qui a mis sa puissance au service du discrédit de nos troupes. Il n'y a pas d'autre explication, affirme le général Richards aux souffrances inutiles que le gouvernement continue d'infliger à tant de braves soldats.
Un Royal Marine en patrouille parle avec des enfants à Sangin, Afghanistan, le 5 juin 2010. Les soldats britanniques distribuaient souvent des douceurs aux enfants afghans. (Image source: Ministère de la defense du Royaume Uni) |
L'effet direct de cette campagne dirigée contre les forces armées est évident. Tout au long de notre histoire, les citoyens britanniques se sont portés volontaires pour défendre leur pays chaque fois que les circonstances l'exigeaient. Comment compter sur eux à l'avenir si, en plus des horreurs et des dangers auxquels ils auront à faire face dans la bataille, ils doivent s'attendre à être poignardés dans le dos, une fois revenus au foyer ?
Les accusations contre nos soldats ont d'autres effets non négligeables. Nombreux sont ceux qui, en Grande-Bretagne et ailleurs, ont aujourd'hui des doutes quant à l'intégrité et l'honneur de nos troupes, sans parler des sceptiques professionnels. Il s'agit là d'un grave danger, car aucune armée nationale ne peut agir efficacement sans le soutien de la population civile. La méfiance envers les responsables politiques qui ont ordonné l'intervention des troupes britanniques en Irak et Afghanistan, est aujourd'hui enrichie de cette dimension particulière.
Ce climat ne peut que saper la capacité nationale de livrer bataille pour défendre notre peuple ou soutenir nos alliés, y compris les États-Unis, affaiblissant ainsi l'ensemble du monde occidental. Tel est bien sûr l'objectif principal de ces avocats orientés politiquement, et de toutes les autres personnes impliquées dans la traque nos troupes.
Ces fausses accusations – et ce n'est pas le moins grave - incitent à la violence et encouragent le terrorisme. La large communication faite autour des accusations contre nos soldats a été amplifiée et exploitée par les prédicateurs radicaux en Europe, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie. Ils s'en servent pour recruter et justifier leurs actions violentes. Peu importe que ces accusations soient fausses, il suffit aux radicaux qu'elles existent.
Comment Israël se situe-t-il dans cette affaire ? Si de puissants représentants du gouvernement britannique peuvent se retourner contre leurs propres soldats et saper l'outil de défense nationale, comment s'étonner que les mêmes soient prêts à prendre à parti et calomnier un pays ami et ses forces armées.
Un lobby pro-arabe et anti-Israël a dominé le Foreign Office depuis et avant même la naissance de l'Etat juif. Mais l'explication du général Richards éclaire plus crument encore les attaques injustes menées contre les campagnes de défense d'Israël à Gaza et en Cisjordanie, ainsi que les fausses accusations de certains membres du gouvernement britannique contre les colonies et la soi-disant politique d'occupation en Cisjordanie.
Ce parti pris est également très dangereux. Il incite à la violence terroriste contre Israël et encourage le leadership palestinien à revendiquer sans relâche un statut d'Etat sans négociations préalables, ce qui à son tour enflamme la violence et perpétue le conflit.
Bien que la plupart des choix de l'administration Obama aient été néfastes aux forces armées américaines, les États-Unis n'ont pas vécu de campagne judiciaire similaire et d'aussi vaste ampleur que celle que nous subissons. Espérons que toute tentative de ce type sera bloquée dans un pays qui donne le sentiment de soutenir et valoriser ses forces armées beaucoup plus que n'importe quel pays européen. Mais les Américains doivent demeurer vigilants. Ce qui arrive sur une rive de l'Atlantique, peut glisser tôt ou tard vers l'autre rive.
Cette offensive judiciaire contre les forces armées britanniques est pour l'instant unique en Europe. Sans doute parce que l'occasion a fait défaut, aucun pays européen n'ayant déployé ses forces dans des missions de combat dans des proportions comparables à celles de la Grande-Bretagne et des Etats Unis.
Bien que les chefs de gouvernement se refusent à l'admettre, cela fait plus de 15 ans que la Grande-Bretagne et l'Occident sont engagés dans un conflit mondial contre le jihad islamiste. Ce combat devra être mené aussi par les générations à venir. Mais comment combattre efficacement quand, sur notre propre sol, nous autorisons l'ouverture d'autant de fronts?
Nous connaissions déjà l'animosité des musulmans radicaux de nos propres pays et nous avons vite compris qu'ils étaient prêts à frapper dans leurs pays d'adoption. Les attaques meurtrières qui ont endeuillé l'Europe l'année dernière, et les tentatives terroristes qui ont été déjouées ici ou là, nous l'ont rappelé. Il y a quelques jours à peine, un attentat terroriste a ainsi pu être évité à Londres.
Le général Richards nous annonce maintenant que l'ennemi occupe des positions au cœur du gouvernement : une conspiration est en cours pour le contrôle du pouvoir politique et le sabotage de notre défense nationale.
Leur désir de favoriser les « combattants de la liberté » ennemis au détriment de nos propres forces repose sur une idée qui infecte les élites politiques et tant des médias grand public en Europe, l'idée qu'il est possible d'apaiser les musulmans radicaux, sur notre sol comme à l'étranger.
En jetant aux loups les hommes qui défendent notre pays, ils ont montré qu'ils étaient déjà très avancés dans cette vaine tentative de complaire à ceux qui souhaitent imposer leur culture islamique en lieu et place de la nôtre.
La Première ministre ne peut pas ignorer les accusations du général Richards. Il est vital pour notre pays et le monde qu'elle mette un terme à ce lâche et dangereux culte de l'apaisement, qu'elle défende nos valeurs judéo-chrétiennes occidentales avant toutes les autres, et qu'elle protège nos soldats avec autant de courage qu'ils en ont mis à nous défendre. Pour y parvenir, il est essentiel que les conspirateurs que le général Richards a pointé du doigt soient identifiés et privés de tout pouvoir et influence.
Le Colonel Richard Kemp a été Commandant des forces britanniques in Afghanistan. Il a servi en Irak, en Arabie Saoudite, dans les Balkans, en Irlande du Nord et a dirigé l'équipe de lutte contre le terrorisme international au sein du Comité mixte du renseignement britannique.