Le Parlement danois a adopté le 31 mai 2018 une loi qui interdit le voilement islamique du visage dans les espaces publics. La nouvelle loi, proposée par le gouvernement de centre-droit danois et soutenue par les sociaux-démocrates et le parti populaire danois, a été adoptée par 75 voix contre 30.
À compter du 1er août, toute personne revêtue d'une burqa (visage entièrement masqué) ou d'un niqab (visage masqué sauf les yeux) dans un lieu public au Danemark sera passible d'une amende de 1 000 couronnes danoises (135 €) ; les récidivistes pourraient être condamnés à une amende de 10 000 couronnes danoises.
La loi prévoit aussi que toute personne qui userait de la force ou de la menace pour contraindre une autre à se voiler le visage pourrait être condamnée à une amende ou à deux ans de prison.
(Photo de Copenhague par Pixabay) |
Le Danemark devient le sixième pays européen, après la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Bulgarie et l'Autriche à interdire le voilement du visage. La Bavière en Allemagne, la Catalogne en Espagne et le Tessin en Suisse ont également banni la burqa au niveau de leur région, tandis que la Norvège a déposé une loi qui en interdit le port dans les écoles publiques. Les interdictions ont apparemment pour but de restreindre la prolifération de l'islam politique en Europe.
Le Parti populaire danois avait tenté dès 2009 d'obtenir une interdiction de la burqa au Danemark. Le député Martin Henriksen a déclaré que les burqas et les niqabs « sont incompatibles avec la culture danoise ». Il a ajouté :
« ll a fallu près de dix ans pour rassembler une majorité au parlement contre le port de la burqa et du niqab dans l'espace public. Le Parti populaire danois estime que le Parlement doit maintenant aller plus loin dans la promulgation d'autres mesures contre l'islamisation du Danemark. »
Dans un communiqué, le ministre de la Justice Søren Pape Poulsen a déclaré :
« Dérober son visage au regard des autres dans les lieux publics est incompatible avec les valeurs de la société danoise et irrespectueux vis-à-vis de la communauté. Il faut veiller au respect de notre communauté et des valeurs qui nous unissent. En interdisant le voilement du visage, nous traçons une limite et soulignons qu'au Danemark, la confiance et le respect ne peuvent avoir lieu que dans le face à face. »
Amnesty International a déclaré que la nouvelle loi constituait une « violation des droits de la femme », mais la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé, à deux reprises, que les interdictions de la burqa étaient légales.
En juillet 2017, par exemple, la CEDH a confirmé à l'unanimité l'interdiction belge de la burqa dans les lieux publics. La cour a estimé que le gouvernement avait pris une mesure « contre une pratique incompatible avec les règles de l'échange dans la société belge, incompatible avec les règles qui régissent les relations sociales, relations indispensables à la vie en société ... et essentielles au fonctionnement d'une société démocratique. »
En octobre 2010, la France a été le premier pays européen à interdire le voilement islamique du visage en public. Le Premier ministre de l'époque, François Fillon, avait déclaré que l'interdiction avait pour but de « réaffirmer solennellement les valeurs de la République ». Il a fait valoir que « dissimuler son visage ... place les personnes voilées en position d'exclusion et d'infériorité ; position incompatible avec les principes de liberté, d'égalité et de dignité humaine que promeut la République française. »
Le président de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait déclaré que la burqa est « une forme d'asservissement qui n'est pas la bienvenue dans la République française ». Jacques Myard, ancien député conservateur qui a soutenu l'interdiction, a déclaré que la burqa était un « choc » pour la culture française : « Le visage est la dignité d'une personne. Le visage est votre passeport. Quand vous vous dérobez à mon regard, je deviens une victime. »
Un citoyen français d'origine pakistanaise, âgé de 24 ans, a tenté d'obtenir une condamnation de la loi anti burqa par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Mais en juillet 2014, la cour a confirmé le droit de la France d'interdire la burqa, validant l'argument du gouvernement français que cette interdiction favorise le « vivre ensemble ».
En octobre 2016, le parlement bulgare a interdit le voilement du visage en public, punissant chaque infraction d'amendes pouvant aller jusqu'à 1 500 levs (770 euros), et la suspension des prestations sociales.
En novembre 2016, le parlement des Pays-Bas a voté à une écrasante majorité une interdiction partielle du voile islamique quand il couvre le visage dans certains espaces publics, notamment les écoles, les hôpitaux, les édifices publics et les transports publics.
En octobre 2017, l'Autriche aussi a interdit la burqa. La loi dite anti-voilement du visage (Anti-Gesichtsverhüllungsgesetz) interdit également l'utilisation de foulards, de masques et de peinture sur le visage. Toute infraction à la loi est passible d'une amende de 150 €.
Au Danemark, les musulmans ont aussitôt affiché leur hostilité à la nouvelle loi : une douzaine de femmes vêtues de burqas et de niqabs ont fait le siège de la galerie des visiteurs du parlement de Copenhague. « Jamais je ne transigerai avec mes principes », a déclaré l'une d'elles.
Le ministre de la Justice Søren Pape Poulsen a déclaré que « certaines personnes ne veulent pas s'intégrer à la société danoise et tentent de créer des sociétés parallèles avec leurs propres normes et règles ». Ce refus a-t-il ajouté prouve la nécessité d'une interdiction de la burqa : « Nous voulons vivre dans une société où nous pouvons nous regarder dans les yeux. Pouvoir se regarder est le signe d'une démocratie ouverte. C'est ainsi, en tant que Danois, que nous souhaitons vivre. »
Soeren Kern est Senior Fellow à l'Institut Gatestone de New York.